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lundi, décembre 14, 2015

France: un enseignant agressé au couteau par un homme se réclamant de l'EI

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Publié le 14 décembre 2015 à 06h16 | Mis à jour à 06h16
L'agression s'est déroulée tôt le matin dans l'école... (PHOTO MICHEL EULER, ASSOCIATED PRESS)
PHOTO MICHEL EULER, ASSOCIATED PRESS

L'agression s'est déroulée tôt le matin dans l'école maternelle Jean-Perrin à Aubervilliers, une ville populaire de banlieue au nord-est de Paris, alors que les enfants -âgés de 3 à 6 ans- n'étaient pas encore arrivés.

EVE SZEFTELPAULINE TALAGRAND
Agence France-Presse
Paris
Un mois après les attentats de Paris, un enseignant de la région parisienne a été agressé lundi au couteau dans une école maternelle par un homme cagoulé se réclamant de l'État islamique qui avait appelé à attaquer des professeurs en France.
Blessé superficiellement au flanc et à la gorge, l'instituteur a été hospitalisé, mais ses jours ne sont pas en danger. Son agresseur, qui portait des chaussures militaires de type rangers, en tenue de peintre, ganté et cagoulé, est actuellement recherché après avoir pris la fuite, vraisemblablement à pied, a-t-on appris de sources policières.
L'agression s'est déroulée tôt le matin dans l'école maternelle Jean-Perrin à Aubervilliers, une ville populaire de banlieue au nord-est de Paris, alors que les enfants -âgés de 3 à 6 ans- n'étaient pas encore arrivés.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'agresseur, venu sans arme, s'est saisi d'un couteau et d'une paire de ciseaux qui se trouvaient dans la salle de classe pour blesser l'enseignant.
Selon le parquet, l'homme a lancé: «C'est DAECH, c'est un avertissement». DAECH, acronyme arabe de l'organisation Etat islamique, a revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, les plus sanglants jamais commis en France avec 130 morts et des centaines de blessés.
Cet échange, très bref, a été rapporté par un témoin travaillant à l'intérieur de l'école. L'enseignant âgé de 45 ans, hospitalisé, n'a pas encore pu être entendu par les enquêteurs.
Dans son numéro de fin novembre, la revue francophone de propagande de l'EI, Dar-al-Islam, s'en prenait violemment aux fonctionnaires de l'Éducation nationale française, «des ennemis d'Allah» qui «enseignent la laïcité», accusés d'être «en guerre ouverte contre la famille musulmane».
Le groupe djihadiste actif en Irak et en Syrie, qui a recruté des centaines de jeunes Français, appelait à les «combattre» et les «tuer», ainsi que les fonctionnaires des services sociaux.
«Le musulman doit savoir que le système éducatif français s'est construit contre la religion en général et que l'Islam en tant que seule religion de vérité ne peut cohabiter avec cette laïcité fanatique», ajoutait l'EI.
«Malette plombée»
Bien que les sources policières se montrent prudentes sur l'hypothèse islamiste, dans le contexte de menace toujours très élevée en France, la section antiterroriste du parquet de Paris s'est aussitôt saisie de l'enquête ouverte pour tentative d'assassinat sur un enseignant en relation avec une entreprise terroriste, selon des sources judiciaires. Elle a été confiée à la section antiterroriste de la Brigade criminelle de la police judiciaire de Paris.
Depuis la mi-novembre et les derniers attentats, la sécurité des écoles a été renforcée: interdiction de s'attrouper et, pour la région parisienne, de se garer devant un établissement scolaire, renforcement des patrouilles aux abords des établissements, remise à jour des plans de sécurité propres à chaque école.
Un plan des lieux détaillé doit être transmis à la préfecture et chaque établissement doit veiller à ce que «la mallette plombée», qui contient notamment un talkie-walkie, une torche électrique, des biscuits de survie, soit en bon état.
La ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, qui s'est rendue sur place lundi matin, a dénoncé «un acte d'une grande gravité».
«Nous allons continuer, avec le ministère de l'Intérieur, à renforcer les mesures de sécurité, dans un contexte où, oui, l'école se sent menacée», a déclaré la ministre. L'école Jean-Perrin rouvrira mardi, a-t-elle assuré.
Ce n'est pas la première fois qu'une école est prise pour cible en France.
En mars 2012, Mohamed Merah avait attaqué au nom du djihad une école juive à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, tuant trois enfants et un enseignant. Il avait aussi assassiné trois militaires, dont deux musulmans, lors de deux agressions séparées.