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Publié le 27 octobre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
La directrice du Centre d'amitié autochtone, Édith Cloutier, s'est voulue rassurante devant les femmes de Val-d'Or qui ont osé témoigner. Elle a promis de veiller à ce que leur témoignage «ne soit pas juste un autre reportage à la télé».
Publié le 27 octobre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
La directrice du Centre d'amitié autochtone, Édith Cloutier, ARCHIVES, LA PRESSE |
La directrice du Centre d'amitié autochtone, Édith Cloutier, s'est voulue rassurante devant les femmes de Val-d'Or qui ont osé témoigner. Elle a promis de veiller à ce que leur témoignage «ne soit pas juste un autre reportage à la télé».
(Québec) CHRONIQUE / Il a suffi d'une image, celle du petit Alan Kurdi mort noyé sur une plage de Turquie, pour éveiller la communauté internationale au sort des migrants.
La semaine dernière, il a suffi du témoignage à visage découvert de femmes autochtones de Val-d'Or pour éveiller le Québec au sort des communautés autochtones.
La répercussion médiatique de ces événements a placé les politiciens dans l'embarras. Pourquoi un tel retard à ouvrir nos frontières aux migrants? Pourquoi avoir fermé les yeux aussi longtemps sur le sort des femmes autochtones?
Cette réaction est normale. Mais elle n'excuse pas le fait que collectivement, nous oublions ces situations dramatiques dès que les caméras de télévision s'en détournent.
La directrice du Centre d'amitié autochtone, Édith Cloutier, s'est voulue rassurante devant les femmes de Val-d'Or qui ont osé témoigner. Elle a promis de veiller à ce que leur témoignage «ne soit pas juste un autre reportage à la télé». Le défi est énorme.
Prenons le cas des migrants: quand la photo du petit Alan Kurdi a été diffusée, tout le monde s'est empressé de réclamer une plus grande générosité à l'endroit de ces malheureux. On a critiqué le gouvernement Harper pour la tiédeur de sa réaction. De nombreuses villes, comme Québec, Gatineau, Saguenay, ont joint leurs voix à la clameur générale et annoncé leur intention d'accueillir des migrants. Qu'en est-il deux mois plus tard? À la Ville de Québec, on m'a fait savoir hier qu'on attendait le feu vert du gouvernement du Québec. Au gouvernement du Québec, on m'a dit attendre le feu vert du gouvernement fédéral.
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Retour aux femmes autochtones. On peut comprendre que le gouvernement réclame un peu de temps afin de coordonner les efforts des ministères concernés. Mais cela n'excuse pas la faiblesse de la réponse politique et celle de la Sûreté du Québec (SQ).
La lettre de la directrice du Centre d'amitié autochtone, Mme Cloutier, a été envoyée au directeur régional de la SQ, Jean-Pierre Pelletier, le 15 mai. Elle faisait état «d'allégations sérieuses relatives à des abus physiques et sexuels par des policiers». Elle demandait des mesures de protection pour les victimes et proposait une rencontre à cet effet. Mme Cloutier a dû relancer le policier le 29 mai pour obtenir cette rencontre. Pas rapide comme réaction à des allégations aussi graves!
La lettre a été transmise aux ministres concernés et offrait de les rencontrer pour discuter de la situation. La réponse est venue le 30 juin... Une enquête a été déclenchée par la SQ, mais il a fallu attendre la diffusion du reportage pour que l'enquête soit transférée au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et que les policiers visés soient suspendus de leurs fonctions.
L'élément fort du reportage de l'émission Enquête, c'est la réticence des femmes à porter plainte, leur crainte des policiers. Si elles ont eu de la difficulté à se confier à une journaliste, imaginez leur réaction devant les enquêteurs de la SQ et maintenant ceux de la Ville de Montréal.
La présomption d'innocence vaut pour tout le monde. Mais indépendamment des allégations de nature sexuelle, c'est le comportement général des services de police à l'endroit des autochtones qui est en cause. C'est complexe, mais le gouvernement Couillard doit aller beaucoup plus loin pour corriger le tir.
Comme l'a dit le père de Sindy Ruperthouse, une jeune femme autochtone portée disparue, «nous autres, on souffre en silence». Ce n'est pas la police qui aura raison de ce silence et qui pansera les plaies de ces communautés. C'est nous. Et ce nous, ce sont les élus du peuple qui ont le devoir de l'assumer en notre nom.