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Le Point - Publié le
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Les ambassadeurs de Norvège et des Philippines au Pakistan ont trouvé la mort dans le crash. Les talibans affirment avoir abattu l'hélicoptère.
Les secouristes pakistanais se rendent sur les lieux du crash. © FARMAN KARIM / AFP |
Six personnes, dont les ambassadeurs de Norvège et des Philippines au Pakistan, ont été tuées vendredi dans le crash d'un hélicoptère transportant des diplomates européens et asiatiques sur une école d'une région reculée de l'Himalaya pakistanais, a indiqué l'armée. Les épouses des ambassadeurs de Malaisie et d'Indonésie, ainsi que les deux pilotes de l'hélicoptère MI-17, ont aussi perdu la vie dans l'accident, sans lien a priori avec des groupes djihadistes opérant au pays de cet appareil militaire, selon l'armée.
Les talibans, de leur côté, affirment avoir abattu l'appareil. Les insurgés ont aussi affirmé avoir visé le Premier ministre Nawaz Sharif. Ce dernier devait se rendre vendredi à Gilgit, le chef-lieu de la région de Gilgit-Baltistan, mais il n'était pas attendu dans le village reculé de Noman, de la vallée de Naltar, où l'incident a eu lieu, et ne se trouvait donc dans aucun des hélicoptères, selon des sources concordantes. "Cette revendication est complètement ridicule. Ce n'est pas possible, au moins à Naltar", a déclaré une source sécuritaire locale. "Les forces armées sont déployées dans et autour de cette vallée peu peuplée depuis au moins trois jours. Les cimes des montagnes sont encore enneigées... D'un point de vue stratégique, ça n'a aucun sens", a ajouté ce responsable.
Les ambassadeurs de Pologne et des Pays-Bas ont aussi été blessés dans le crash qui s'est produit dans un village reculé de la région himalayenne de Gilgit-Baltistan (Nord-Est), selon l'armée, une information qui colle avec la liste des passagers. La porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères, Astrid Sehl, n'a pas confirmé dans un premier temps la mort de Leif Larsen, ambassadeur de Norvège au Pakistan, géant de près de 200 millions d'habitants qui a souvent été endeuillé par des accidents d'avions et d'hélicoptères.
L'ambassadrice de France dans la délégation
En 1988, le dictateur Zia ul-Haq avait d'ailleurs perdu la vie avec des généraux et l'ambassadeur des États-Unis dans le crash de leur avion militaire dans le centre du pays, un accident dont les circonstances exactes demeurent à l'origine de nombreuses théories. Vendredi, une délégation d'ambassadeurs, de diplomates et de journalistes visitait la région touristique de Gilgit-Baltistan lorsqu'un des trois hélicoptères dans lesquels ils avaient pris place s'est écrasé contre une école à l'atterrissage, a dit un membre de la délégation voyageant dans un des deux autres appareils.
L'ambassadrice de France au Pakistan, Martine Dorance, faisait partie de cette délégation venue visiter des projets financés par la communauté internationale dans le nord-est du pays, mais ne se trouvait pas l'hélicoptère qui s'est abîmé, selon des sources proches du dossier.
Une école touchée ?
D'après un témoin, une école a pris feu après le crash de l'hélicoptère dans le village de Noman, perché dans la vallée de Naltar, où se trouve l'une des rares stations de ski du pays. "Et il y avait des enfants à l'école au moment du crash", a dit un responsable d'un hôpital local, craignant que le bilan ne s'alourdisse. "On nous a demandé d'envoyer le plus d'ambulances possible sur les lieux, car la situation est urgente", a ajouté ce responsable, précisant que les membres de la délégation, partie vendredi matin de la capitale nationale Islamabad, avaient été évacués vers l'hôpital militaire de Gilgit, la principale ville de cette région perchée dans les contreforts de l'Himalaya.
"J'étais dans mon jardin avec ma famille, nous regardions les hélicoptères arriver sur place lorsqu'il y a eu un énorme boum et que l'école s'est embrasée", a dit Sher Ahmed, un habitant du village de Noman. Il a précisé que l'armée pakistanaise s'était déployée dès la veille sur place afin d'assurer la sécurité de cette rare visite conjointe d'ambassadeurs étrangers dans le nord-est du Pakistan.
Les diplomates devaient rencontrer plus tard en journée à Gilgit, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif. Ce dernier, qui se dirigeait vers cette ville au moment du crash, a exprimé ses plus sincères condoléances aux victimes, et est rentré par avion à Islamabad, a déclaré son bureau. La région de Gilgit-Baltistan, frontalière de la Chine, est l'une des plus sûres et des plus immunisées contre les attentats de tout le Pakistan. Mais, en juin 2013, un groupe d'alpinistes étrangers avait été abattu dans un camp de base du Nanga Parbat (8 126 mètres), ce qui avait porté un dur coup à l'industrie touristique locale.