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samedi, avril 04, 2015

L’envers de la pensée magique

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Marie-Claude Élie-Morin
PHOTO COURTOISIE
Marie-Claude Élie-Morin

MISE à JOUR 
Alors que des best-sellers comme Le Secret et Demandez et vous recevreztentent de nous vendre la recette universelle du bonheur, Marie-Claude Élie-Morin propose quant à elle un discours à contre-courant. Dans son essai La dictature du bonheur, l’auteure remet en question le culte du bonheur, véhiculé à tort dans notre société.
Vous êtes journaliste de formation, mais qu’est-ce qui vous a mené à écrire cet essai ?
Je m’intéresse depuis quelques années au culte de la pensée positive. C’est quelque chose que j’ai vécu de l’intérieur parce que mon père en était un très grand adepte. Il était con­vain­cu que nos pensées pouvaient avoir un impact sur notre corps et notre santé. Mon père a fait deux cancers, pour lesquels il a refusé les traitements prescrits par les médecins, préférant se soigner par l’alimentation, la méditation et la visualisation.
Quel a été l’élément déclencheur à l’origine de ce livre ?
La maladie de mon père, le fait qu’il soit retombé malade en 2009, que le cancer soit revenu. [...] Il a terminé sa vie grabataire, il ne pouvait plus rien faire, alors qu’il était un adepte de la pensée positive, de la méditation et du journal de gratitude, qu’il mangeait sainement, faisait du yoga et buvait des jus verts au kale depuis les années 1980. Ça m’a fait l’effet d’une baffe et j’ai réalisé que le discours ambiant nous convainc que si on fait tout comme il le faut et qu’on cultive une attitude positive, on va éloigner la maladie et la souffrance, mais c’est faux! Il n’y a pas de recette magique.
Marie-Claude Élie-Morin
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Parler ouvertement de la mort de votre père n’a pas dû être chose facile...
C’est sûr que c’est venu brasser des événements de vie difficiles, parce que je parle du décès de mon père et de mon désir d’enfants qui n’a jamais été assouvi. J’ai révélé des choses très personnelles et je dois avouer que je me sens très vulnérable en ce moment. Je me dévoile beaucoup dans ce livre, mais c’est un peu ma conclusion face au culte du bonheur, cette espèce de pensée dominante qui nous dit qu’il faut sourire, être positif et garder le moral. Je ne prône pas le défaitisme ou le désespoir, mais je trouve que ça manque d’authenticité comme approche. Bref, je suis très réaliste et je prône plutôt l’authenticité imparfaite.
Qu’est-ce que le bonheur ?
Le bonheur est perçu comme une marchandise qu’on peut se procurer. Il faut être mince, avoir de l’argent, du succès et, surtout, il faut être heureux. Mais selon moi, tu ne peux pas appliquer une recette et être automatiquement heureux. C’est un piège et c’est ce que je dénonce. On nous vend la recette du bonheur, mais je crois qu’il n’en existe pas. Il faut trouver sa propre voie.
Que pensez-vous des réseaux sociaux ?
Je pense qu’il s’agit de la meilleure expression de cette dictature du bonheur. Quand on va sur Facebook ou Instagram, on présente tellement nos vies sous un jour meilleur. Les gens embellissent la réalité sur les réseaux sociaux. En fin de compte, on finit par trouver notre vie banale et par se blâmer de ne pas être assez heureux...

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