1 avril 2016 | Stéphanie Levitz - La Presse canadienne - à Ottawa
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Les libéraux ont atteint leur objectif d’accueillir 25 000 personnes avant la fin du mois dernier.
Le ministre de l’Immigration, John McCallum, revient sur certaines décisions visant à modifier le programme de parrainage privé de réfugiés syriens.
La Presse canadienne a appris que le ministère de l’Immigration traitera toutes les demandes de Syriens ayant été reçues jusqu’à ce jour, avec l’objectif d’accueillir 10 000 Syriens additionnels au Canada d’ici à la fin de cette année ou au début de l’an prochain.
Des groupes privés ont été pris de court quand le gouvernement a modéré ses efforts pour l’accueil de Syriens, après que les libéraux ont atteint leur objectif d’accueillir 25 000 personnes avant la fin du mois dernier.
En plus de réduire le personnel dédié au traitement des demandes des Syriens, le gouvernement a choisi de limiter le nombre de dossiers acceptés cette année, et, puisque cette limite a déjà été dépassée, il est peu probable que quiconque ayant fait une demande après le 1er janvier puisse accueillir le réfugié qu’il souhaite parrainer cette année.
Cette décision a poussé certains groupes de parrainage, dont plusieurs n’ont commencé à amasser des fonds qu’après que les libéraux eurent dévoilé les détails de leur programme d’accueil, en novembre, à se demander si le gouvernement Trudeau voulait véritablement aider les réfugiés ou s’il avait perdu tout intérêt après avoir atteint son premier objectif.
M. McCallum assure que le gouvernement est toujours engagé auprès des réfugiés, mais il affirme qu’il doit gérer le système de manière responsable.
Selon lui, la hausse du nombre des Syriens acceptés dépassera le nombre maximal de 18 000 réfugiés parrainés par le privé que le Canada prévoyait accueillir. Les quelque 10 000 demandes de Syriens qui seront maintenant traitées ne compteront pas dans la limite globale des demandes acceptées, qui demeure en vigueur.
Le ministère fera de son mieux pour s’assurer que le traitement des dossiers de Syriens ne causera pas davantage de retards pour les réfugiés venant d’ailleurs dans le monde, a assuré M. McCallum.
19 février 2016 |Marie Vastel - Correspondante parlementaireà Ottawa|Canada
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne
Les ministres John McCallum (Immigration et Réfugiés) et Jane Philpott (Santé) ont confirmé jeudi le retour au programme en place avant 2012.
Les nouveaux réfugiés venus refaire leur vie au Canada verront à nouveau leurs soins de santé couverts par Ottawa. Le gouvernement libéral annule la réforme à géométrie variable mise en place par les conservateurs. Une « bonne nouvelle » saluée par les intervenants auprès de réfugiés, qui notent toutefois que le système d’antan était néanmoins imparfait.
À compter du 1er avril, les demandeurs d’asile auront accès aux mêmes soins de santé que les Canadiens qui ont recours à l’aide sociale — services hospitaliers et médicaux de base, médicaments sous ordonnance, soins dentaires d’urgence. «Cette réforme garantira que tous les réfugiés et demandeurs d’asile peuvent bénéficier de services en fonction uniquement de leurs besoins en matière de santé», a fait valoir jeudi le ministre de l’Immigration et des Réfugiés, John McCallum.
Il y a quatre ans, le précédent gouvernement conservateur a réparti en deux catégories les demandeurs d’asile du pays — n’offrant désormais aux réfugiés issus de «pays sûrs» des soins que si leur santé menaçait la santé publique et aux autres que des soins d’urgence. Une réforme jugée inconstitutionnelle par la Cour fédérale en 2014, car imposant un traitement «cruel et inusité». Les conservateurs ont alors corrigé le tir, mais en partie seulement.
Les libéraux avaient promis d’annuler le tout en campagne électorale. Jeudi, le ministre McCallum a en outre annoncé que son gouvernement couvrirait dès 2017 un examen médical ou des vaccins en amont pour les réfugiés sélectionnés avant leur arrivée au Canada.
L’organisme Canadian Doctors for Refugee Care (CDRC) — qui a contesté les changements conservateurs en Cour fédérale — s’est réjoui de les voir annulés. Mais le Dr Meb Rashid attend de voir précisément quels soins seront remboursés par le plan de santé libéral.
Du côté du Conseil canadien pour les réfugiés, la directrice Janet Dench a noté que le système préréforme «était très compliqué et il y avait beaucoup de lacunes». Les réfugiés dont la demande était jugée irrecevable n’avaient pas droit à la même couverture. Et ce, même s’ils ne pouvaient pas rentrer dans leur pays jugé trop dangereux. «C’est ça qui est inquiétant. On ne peut pas présumer que le système avant 2012 était idéal», a prévenu Mme Dench au Devoir.
Les groupes d’aide aux réfugiés ne savent dire combien de demandeurs d’asile se sont abstenus de se faire soigner, ou encore combien se sont butés aux portes closes de cliniques. Mais ce sont des centaines, sinon des milliers, selon l’avocat Lorne Waldman, qui a accompagné le CDRC en Cour fédérale. «Ces mesures ont causé des souffrances incommensurables à un grand nombre de personnes.»
Questions de sous
Le gouvernement prévoit qu’il en coûtera 5,9 millions par année pour rétablir la couverture de soins de santé. Les conservateurs avaient cependant plaidé en 2012 qu’ils épargneraient annuellement 20 millions. «De fausses économies», a rétorqué la ministre de la Santé, Jane Philpott, en accusant ses prédécesseurs d’avoir tiré ce chiffre d’un chapeau.
Québec avait en outre évalué qu’en dix mois, en 2012-2013, la province avait assumé 3,9 millions en frais médicaux. La province n’a pas su chiffrer la facture totale, jeudi. Le ministre Gaëtan Barrette se «réjouit» de l’annonce libérale. Quant à la facture écopée,«c’est un sujet qui fera partie des discussions que nous avons avec le fédéral», a indiqué le bureau du ministre par courriel. L’Ontario et le Manitoba avaient aussi menacé d’envoyer leur facture à Ottawa.
Bien que ce soit son propre gouvernement qui ait amené la réforme décriée, la chef conservatrice Rona Ambrose a affirmé jeudi qu’il était «important que des soins de santé de base soient offerts aux réfugiés quand ils arrivent au Canada». Mme Ambrose a toutefois noté qu’Ottawa devra «maintenir les coûts à un niveau raisonnable». Les néodémocrates, qui ont toujours dénoncé les changements conservateurs, ont bien accueilli l’annonce libérale qui a cependant un peu tardé selon eux.