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jeudi, avril 28, 2016

Ces pauvres qui travaillent

http://www.journaldemontreal.com/

MISE à JOUR 
«Le travail enrichit». On connaît le refrain. Dans nos sociétés avancées, les travailleurs et les travailleuses «pauvres» sont pourtant nombreux. Et pour cause.
Le 1er mai, le salaire minimum monte d’un microscopique 20 ¢. À 10,75 $ de l’heure, pas besoin d’un doctorat en économie pour deviner l’impossibilité concrète de se donner un niveau de vie même minimalement décent.
À ce taux, l’achat d’une passe d’autobus mensuelle vaut à elle seule une journée entière de travail. Bref, on est ici à des galaxies du mythique 1 % des plus fortunés, des médecins ou même de la classe moyenne.
L’écart se creuse
Pendant ce temps, les écarts de richesse se creusent en Occident. Même aux États-Unis, ça débat fort sur l’urgence d’un salaire minimum à 15 $. C’est tout dire.
Cette semaine, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) avance le concept de «salaire viable». En se basant entre autres sur les disparités régionales et familiales et les prestations gouvernementales, l’IRIS établit ce «salaire viable» à 15,10 $ de l’heure pour un emploi à temps plein.
L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) abonde dans le même sens. Très loin du pactole pour les travailleurs pauvres et souvent sans avantages sociaux, on se rapprocherait néanmoins d’un pouvoir d’achat relativement meilleur.
Beaucoup de monde
Selon l’IRIS, plus d’un million de personnes au Québec gagnent moins de 15 $ l’heure, dont 57 % sont des femmes et 60 % ont plus de 24 ans. Ça fait beaucoup de monde à vivre une grande fragilité financière et ses effets négatifs amplement documentés sur la santé.
Surtout, il y a quelque chose de révoltant à fermer les yeux devant la pauvreté quand on peut mieux la combattre. Il en va ainsi d’un salaire minimum trop bas. Mais aussi d’une aide sociale qui, même pour les prestataires inaptes à vie, les laisse avec encore moins.

mercredi, avril 13, 2016

L’humour de Jean Charest

http://www.journaldequebec.com/

MISE à JOUR 
Le sens de l’humour de Jean Charest est légendaire. Cette semaine, en jurant que son gouvernement était «honnête et intègre», il s’est même surpassé. Le voilà enfin mûr pour le festival Juste pour rire.
Sous son règne, il n’y aurait eu aucun système de financement sectoriel illégal ni patronage. Il réitère même sa «confiance» en son ex-vice-première ministre, Nathalie Normandeau, arrêtée le 17 mars pour complot, corruption et fraude.
Nier tout
Si on suit son raisonnement, il aurait donc créé la Commission Charbonneau et l’UPAC pour rien. L’UPAC aurait arrêté Mme Normandeau et un autre ex-ministre libéral, Marc-Yvan Côté, pour rien. L’UPAC mènerait 46 autres enquêtes pour rien.
La Commission Charbonneau aurait pondu 60 recommandations pour rien. Même Tony Tomassi n’aurait jamais existé. Bref, nul besoin de nettoyer les écuries puisqu’elles étaient déjà immaculées! Fallait juste y penser...
Combat de clans
Sur une note plus sérieuse, pour Philippe Couillard, cette sortie est un coup de Jarnac. Préoccupé par sa réputation, M. Charest défend avant tout son «clan» dont Mme Normandeau et M. Côté étaient des fidèles prisés. Or, depuis sa démission en 2008 à la suite d’un long conflit avec M. Charest sur l’emplacement du CHUM, le docteur Couillard n’en fait plus partie.
Sachant qu’elle embarrasserait son successeur, la sortie de M. Charest est en fait une salve bien sentie. Elle vise celui-là même qui, de plus en plus, cherche à se dissocier de lui comme d’une vieille chaussette malodorante.
M. Couillard est en effet confronté aux fantômes de l’ère Charest. Ne pas s’en dissocier l’ouvrirait à tous les soupçons. Le faire trop désavouerait son propre parti. D’où sa procrastination face aux recommandations de la Commission Charbonneau.
Après tout, quand M. Couillard jure que le PLQ est devenu «exemplaire» sur le plan de l’éthique, c’est donc que sous M. Charest, il était loin de l’être.

mardi, mai 05, 2015

Une couronne ne fait pas le printemps

http://www.journaldemontreal.com/

CA_Josee-Legault
Le couronnement de Pierre Karl Péladeau étant écrit dans le ciel, le Parti québécois est déjà en mode «post-course». Le quatrième débat officiel de la course à la chefferie l’a confirmé dimanche sans le moindre doute.
Hormis quelques escarmouches entre Martine Ouellet et Alexandre Cloutier pour la «deuxième place», les consensus pleuvaient. Le désistement de Bernard Drainville y était pour quelque chose, mais rien ne provoque autant les courtoisies soudaines dans une course que l’imminence d’un couronnement.
Ce mode «post-course», PKP le résumait lui-même dès son allocution d’ouverture: «Nous allons gagner pour nous préparer pour 2018.» Pour un parti ébranlé par une défaite historique, cet engagement est le seul qui compte pour la plupart des membres du PQ. L’élection de 2018 s’annonce en effet décisive pour la survie même de leur parti.
D’où le message tout aussi clair des militants à leur prochain chef: vous aurez trois ans et demi pour reconstruire le parti, faire monter ses appuis et ramener l’indépendance au centre du débat politique. Point.
Le bouclier
Tourné vers l’après-course, PKP martelait aussi son nouveau message: «J’ai besoin d’un mandat clair et fort pour nous donner cet élément décisif vers le projet de notre pays.»
Décodé, le vrai message est plutôt que face à Philippe Couillard, François Legault et l’électorat, un mandat «clair et fort» projetterait l’image d’un nouveau chef puisant sa propre légitimité dans l’appui massif de ses membres.
Une nette victoire lui servirait en quelque sorte de «bouclier» politique pour la suite. Cette thèse du «bouclier» est pourtant une illusion classique à laquelle bien des chefs, tous partis confondus, ont succombé.
La réalité est que les couronnements et même les votes de confiance les plus éclatants envers un chef ne sont aucunement garants de l’avenir. Les exemples de chefs plébiscités et balayés plus tard par une élection ou par leur propre démis­sion ne manquent pas.
Parlez-en à Pauline Marois. Ni son couronnement en 2007 ni le vote de confiance de ses membres en 2011 dépassant 93% ne l’auront sauvée d’une victoire à peine minoritaire en 2012 et d’une défaite cuisante en 2014.
Ça va jouer dur
Bref, le sort du PQ en 2018 ne dépendra pas de la hauteur du vote que récoltera PKP la semaine prochaine. Il dépendra de ce qu’il fera, ou pas, pour rebâtir son parti et une option fragilisée.
Il dépendra de ce qu’il fera, ou pas, pour enclencher le dialogue avec les candidats défaits à la chefferie, les autres formations souverainistes, dont Québec solidaire, de même qu’avec les orphelins politiques de plus en plus nombreux.
En cette période d’austérité, il dépendra de la direction encore inconnue que son chef prendra sur les questions socia­les et économiques. S’il est vrai qu’à sa création le PQ était une coalition allant de la droite à la gauche, sa première prise du pouvoir fut néanmoins suivie d’un gouvernement résolument social-démocrate. Beaucoup semblent l’oublier.
Le sort du PQ dépendra aussi de la dynamique qui s’installera entre PKP, Philippe Couillard et François Legault. Une seule chose est sûre: ce trio va jouer dur et tous les coups seront permis.