Le grand patron de Juste pour rire a démissionné dès hier soir des fonctions qu’il occupait depuis 35 ans
PHOTO BEN PELOSSE Gilbert Rozon |
MISE à JOUR
La police de Montréal a ouvert une enquête à la suite d’une plainte d’agression sexuelle déposée, hier après-midi, contre le producteur Gilbert Rozon concernant des évènements qui seraient survenus à Paris, en 1994.
La plaignante fait partie d’un groupe d’une dizaine de femmes qui s’est réuni mardi à Montréal afin de discuter de gestes déplacés dont elles auraient été victimes de la part du fondateur de Juste pour rire.
En soirée hier, l’homme de 62 ans a annoncé qu’il démissionnait de ses fonctions de président du Groupe Juste pour rire, qu’il occupait depuis près de 35 ans. Il quitte aussi ses postes de commissaire aux célébrations du 375e de Montréal et de vice-président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
« Ébranlé par les allégations me concernant, je souhaite consacrer tout mon temps à faire le point », a écrit le grand patron de Juste pour Rire sur sa page Facebook.
Cette déclaration est survenue quelques heures après que l’humoriste Guillaume Wagner ait publiquement accusé M. Rozon d’être un « agresseur ».
« Je ne travaillerai plus pour Juste pour rire tant et aussi longtemps qu’un agresseur en sera le patron », a-t-il écrit sur Facebook.
Pas de commentaires
Joint en soirée, le porte-parole de Juste pour rire Jean-David Pelletier a mentionné que M. Rozon ne ferait pas plus de commentaires.
« Et personne de Juste pour rire ne fera de commentaires. Pour l’instant, l’intérim n’est pas décidé. Nous allons bien analyser l’ensemble des allégations demain [aujourd’hui] et prendre une décision pour la suite des choses. »
Coderre consterné
Le maire de Montréal, Denis Coderre, a déclaré de son côté être déçu des « graves allégations d’inconduites sexuelles qui pèsent sur Gilbert Rozon ».
« Je soutiens totalement toutes ces femmes et ces hommes qui décident de s’exprimer. »
L’aspirante mairesse Valérie Plante a indiqué souhaiter que « toute la lumière soit faite sur les allégations à l’égard » de l’homme d’affaires.
Dans la foulée de l’affaire Harvey Weinstein et du mot-clic #moiaussi, Gilbert Rozon a été cité à quelques reprises dans les derniers jours sur les réseaux sociaux.
Une jeune femme qui a effectué un stage chez Juste pour rire en 2010 a raconté au Journal que l’ancien président du festival lui avait « tapé une fesse » pour la féliciter d’avoir fait un bon travail. La femme, qui a requis l’anonymat, avait alors 20 ans et s’occupait d’organiser des soirées VIP.
« Une autre fois, j’entrais au bureau sur Saint-Laurent, et il m’avait ouvert la porte. Et il m’avait dit : “ T’as donc ben des beaux seins toi ! ” Ça m’avait vraiment gênée. Quand il nous croisait dans le couloir, il nous regardait des pieds à la tête. Il nous déshabillait du regard comme si on était un steak », soutient-elle.
Récurrents
Selon elle, ces gestes étaient récurrents, dans les bureaux. « Pour moi, c’est ce qu’il faisait subir à toutes les filles. Il y en a qui ont dû en baver », affirme la jeune femme.
En 1998, Gilbert Rozon avait plaidé coupable à une accusation d’agression sexuelle sur une femme de 19 ans. Il avait par la suite obtenu une absolution inconditionnelle.
— Avec la collaboration de Raphaël Gendron-Martin et de Vincent Larin
GILBERT ROZON, 62 ANS
- En couple avec la Française Noémie Caillaut
- Études en droit, assermenté au Barreau du Québec en 1984
- D’abord livreur de journaux, ouvrier, fossoyeur, vendeur, imprimeur, organisateur de spectacles et éditeur de bottins téléphoniques commerciaux
- Président et fondateur du festival Juste pour rire en 1983
- Depuis 2006, membre du jury de l’émission télévisée La France a un incroyable talent sur M6
- Responsable de la marque internationale de Juste pour rire / Just For Laughs dans 150 pays
- En 2016, Gilbert Rozon remplace le Dragon Alexandre Taillefer à l’émission Dans l’œil du dragon 5
- En 2017, il inaugure son théâtre, le 13e Art, à Paris.
- En 2017, il est nommé commissaire aux célébrations du 375e de Montréal
- Vice-président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain
Déjà condamné
♦ En 1998. II plaide coupable d’agression sexuelle sur une femme de 19 ans. En appel, il obtient une absolution inconditionnelle.
♦ La Cour énonce que le refus de l’absolution pourrait mettre en danger l’entreprise de l’accusé, qui nécessite de nombreux voyages à l’étranger.
♦ Treize ans plus tard, en 2011, il se confie à Josélito Michaud lors de l’émission On prend toujours un train pour la vie.
♦ « Les menottes, c’est l’humiliation totale, la plus grande qu’on peut faire », admet-il.
♦ Gilbert Rozon confesse alors qu’il a trop aimé les femmes. Il a dû aller en thérapie.
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