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PUBLIÉ AUJOURD'HUI À 10 H 36 | Mis à jour à 14 h 24
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Violette Trépanier, auprès du gouvernement Charest |
Le gouvernement Couillard essuie un nouveau tir croisé des partis de l'opposition sur le front de l'intégrité, après de nouvelles révélations du bureau d'enquête de Québecor concernant l'influence qu'aurait eue l'ex-responsable du financement du Parti libéral du Québec, Violette Trépanier, auprès du gouvernement Charest.
Un texte de François Messier
Une série de courriels de 2007-2008 publiés mercredi par le Journal de Montréal soulèvent de sérieuses questions sur des portions du témoignage que Mme Trépanier a livré à la commission Charbonneau en juin 2014, notamment quant à son influence sur des nominations effectuées par le gouvernement Charest.
Les courriels montrent par exemple qu’elle aurait vérifié, plus souvent qu’elle ne l’a affirmé sous serment, l’allégeance politique et les dons politiques effectués par des personnes susceptibles d’être nommées à des conseils d’administration de sociétés d’État, et qu’elle serait intervenue dans des dossiers politiques.
Le PQ s'attend à une enquête pour parjure; la CAQ veut des vérifications
Les partis d’opposition ont sauté à pieds joints dans cette nouvelle controverse. Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a dit s’attendre à ce que Mme Trépanier fasse l’objet d’une enquête pour parjure, tandis que le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, Éric Caire, a sommé le premier ministre Philippe Couillard de faire des vérifications.
« Si les policiers n'étaient pas au courant de la contradiction entre ses courriels et son témoignage, bien, maintenant, ils le sont », a commenté M. Lisée. « Alors, moi, je m'attends à ce qu'il y ait une réaction des forces policières pour dire : "Bon, bien, est-ce qu'on ouvre une enquête pour parjure?" »
Quand on a vu le tableau qui lie Violette Trépanier, Jean Charest, Marc Bibeau avec des nominations et des contrats, on voit qu'on est au centre de la tentative de l'UPAC de démontrer l'existence d'un système de trafic d'influence, de contrats de nominations contre du financement. Jean-François Lisée
Le chef péquiste croit que ces informations coulent possiblement dans les médias parce que des enquêtes de l’UPAC n’aboutissent pas.
« On veut tous tourner la page, mais notre difficulté à tourner la page, c'est qu'on n'arrive pas en bas de la page. On n'arrive pas au fond de l'affaire puis on n'arrive pas à tenir pour responsable, dans notre système de justice, ceux qui ont inventé ce système et ceux qui ont profité de ce système », a-t-il commenté.
« Ce que ça indique, surtout, c'est un système libéral de nomination partisane, un système rigoureux, un système strict, un système qui a bien été respecté, c'est-à-dire qu'il y a un don, un post-it, une job », a commenté le caquiste Éric Caire peu après. « On ne déroge pas de ce planning-là de la part du Parti libéral. »
Si Philippe Couillard est sérieux, si vraiment il veut rompre avec l'ère Charest, il doit faire les vérifications nécessaires pour savoir qui, dans l'appareil public, a obtenu son poste en raison de son allégeance ou de donations au Parti libéral du Québec. Alors, soit il condamne, soit il cautionne, mais il ne peut pas rester assis sur la clôture. Éric Caire
Le PQ faisait la même chose, rétorquent les libéraux
Le premier ministre n'a pas donné suite à cette requête de la CAQ. Lorsque le chef du parti, François Legault, lui a demandé s'il trouvait cette situation normale lors de la période de questions, il s'est appliqué à rappeler que Ginette Boivin, ex-responsable du financement au Parti québécois, a aussi admis devant la commission Charbonneau qu'elle avait appelé des cabinets pour obtenir des renseignements sur des projets.
« Ça montre quoi? Ça montre que dans tous les partis politiques - presque tous, je ne mettrai pas Québec solidaire dans cette catégorie - il y a certainement eu une hypertrophie du rôle des responsables de financement politique », a fait valoir Philippe Couillard. Depuis cette époque, « on s’est tous libérés de l’ancien système de financement politique », a-t-il ajouté.
Répondant à des questions sur le même sujet du leader parlementaire du PQ, Pascal Bérubé, le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, avait aussi systématiquement évoqué le témoignage de Mme Boivin. « On se réfère à des évènements de 2008; on est en 2017 », a-t-il affirmé. « Ils sont dans les vieilles nouvelles que tout le monde connaissait déjà. »
Le président du Conseil du Trésor, Pierre Moreau, avait précédemment invité les journalistes à être « extrêmement prudents » et à ne pas « tirer des conclusions de renseignements qui sont essentiellement parcellaires ». Les enquêtes policières sont du ressort de la police, a-t-il rappelé.
Après la période de questions, François Legault a tenu un point de presse pour fustiger l'inaction du premier ministre, « qui refuse de rompre avec le passé, qui refuse de prendre ses responsabilités ». Selon lui, Philippe Couillard « préfère son rôle de chef du Parti libéral à celui de premier ministre du Québec. »
C’est, d’un côté, collecter de l’argent et, en échange, avoir une nomination ou un contrat. C’est très grave. Philippe Couillard a l’air de trouver ça normal. François Legault
Une poursuite est possible, mais loin d'être automatique, selon une experte
En entrevue à Midi Info, la professeure de droit de l'Université de Montréal Martine Valois, a estimé que les nouvelles informations concernant Violette Trépanier ont une « certaine pertinence », dans la mesure où elles révèlent qu’elle a peut-être donné des informations incomplètes, voire fausses, à la commission Charbonneau.
Mme Valois, qui est aussi membre du Comité public de suivi des recommandations de la commission, estime que Mme Trépanier « peut être poursuivie pour parjure […] pour avoir tenté volontairement de tromper la commission », si une enquête devait révéler non seulement des informations contradictoires, mais aussi une « intention de tromper ».
Cette preuve doit cependant être établie hors de tout doute raisonnable, rappelle-t-elle, et les seules informations publiées mercredi ne peuvent permettre de tirer cette conclusion. Constater qu’elle aurait reçu 16 curriculum vitae de candidats à des postes plutôt que 5 ou 6 comme elle l’a dit en témoignant sous serment ne serait probablement pas suffisant pour entraîner des accusations de parjure, croit Mme Valois.
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