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Publié le 23 novembre 2016 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Dès son arrivée à la barre du PQ, Lisée semblait porté par l'espoir des électeurs; ils auront vite déchanté, estime Alain Giguère, président de CROP. PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE |
DENIS LESSARD
La Presse
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(Québec) Six semaines après avoir changé de chef, le PQ recule de six points dans les intentions de vote. Le mouvement est si net que le parti de Jean-François Lisée est désormais devancé par la Coalition avenir Québec de François Legault, du jamais vu depuis la fondation de la CAQ, il y a cinq ans.
Constat percutant de la maison CROP dans son plus récent sondage : les souverainistes désertent le parti d'un chef qui promet de ne pas faire de référendum. Les souverainistes du courant de gauche passent en masse à Québec solidaire. Les tenants de la droite semblent attirés par le discours autonomiste de François Legault.
L'enquête menée du 16 au 21 novembre auprès de 1000 internautes observe que le Parti québécois a glissé de six points par rapport à octobre, passant de 30 à 24% des intentions de vote. La CAQ, au même moment, prenait quatre points, de 22 à 26%. Pour Alain Giguère, président de CROP, après un mois aux commandes, le verdict est évident.
«Lisée a déçu, il n'a pas le mordant, la pertinence auxquels les gens s'attendaient», ajoute M. Giguère.
Dès son arrivée à la barre du PQ, Lisée semblait porté par l'espoir des électeurs; ils auront vite déchanté, estime Giguère.
La remontée de Legault ne paraît pas déclenchée par un changement de stratégie à la CAQ, toutefois. François Legault «surfe sur la déception» des électeurs qui ne voteront pas libéral, observe Giguère. Les libéraux de Philippe Couillard restent stables, un recul d'un point, à 36%. Québec solidaire passe de 9 à 11% des intentions de vote.
À l'approche de quatre élections complémentaires, le 5 décembre, ce revirement explique probablement les tirs martelés par Jean-François Lisée en direction de François Legault, devenu depuis peu la cible de prédilection du PQ - les partis effectuent toujours des sondages internes dans ces circonscriptions en ballottage.
Exode souverainiste
Le PQ détenait 73% du vote des souverainistes en octobre dernier. En novembre, 57% de ceux qui voteraient Oui au référendum sont toujours péquistes, un réalignement majeur, observe Alain Giguère. «C'est une forte baisse», insiste le sondeur. Ces électeurs souverainistes sont allés à Québec solidaire - QS avait 11% des souverainistes en octobre, il en a désormais 19%. La CAQ aussi a récolté: elle qui avait en octobre 13% de ceux qui voteraient Oui au référendum obtient désormais 19% du vote souverainiste.
Une première en cinq ans
Il faut remonter à novembre 2011, au moment de la formation de la Coalition avenir Québec, pour observer la CAQ en avance sur le PQ (en ne tenant pas compte de la période de la course à la direction au PQ). Cette situation était aussi apparue au début de 2007, quand Mario Dumont et l'ADQ avaient pris la mesure du PQ d'André Boisclair. Cette avance s'était matérialisée dans les urnes : l'ADQ avait arraché son titre d'opposition officielle au PQ aux élections du printemps 2007.
Libéral majoritaire
À 36% des intentions de vote, les libéraux reculent d'un point, mais ils conservent une avance de 10 points sur leurs adversaires. Le Parti libéral formerait le gouvernement si des élections avaient eu lieu cette semaine. Et il serait très probablement majoritaire, observe Alain Giguère. Pas d'engouement toutefois pour le travail du gouvernement Couillard : les satisfaits sont toujours à 40% et les insatisfaits, à 56%, une hausse d'un point. Mais dans l'ensemble, cette variable n'a pas bougé depuis un an.
Les régions caquistes
Le PLQ continue de dominer dans l'Île de Montréal avec un électeur sur deux, et jouit d'une avance confortable dans la couronne avec 39% des intentions de vote contre 28% à la CAQ et 26% au PQ. Dans la région de Québec, la CAQ domine avec 37%. Un changement en région, la CAQ est passée devant le PQ avec 30% des suffrages, contre 25% pour le PQ.
Revirement chez les francophones
Le renversement des intentions de vote globales est encore plus net quand on observe le vote francophone. La CAQ gagne en un mois cinq points chez les francophones, et avec 31% d'appuis, elle est au même niveau que le PQ, qui glisse à 30%. Le parti de Jean-François Lisée chute de six points dans l'électorat francophone. À 24%, le PLQ perd trois points chez les francophones.
Couillard meilleur PM
La défaveur à l'endroit du PQ se manifeste aussi dans la perception des chefs. Philippe Couillard reprend clairement l'avance comme le chef de parti le plus apte à diriger le Québec. Comme «meilleur premier ministre», Lisée chute de trois points depuis son accession à la tête du PQ - il passe de 19% à 16%. François Legault fait du surplace à 19%.
Trudeau domine à Ottawa
Sur la scène fédérale, le gouvernement Trudeau gagne encore du point de vue de la satisfaction des électeurs québécois : il récolte désormais 70% d'électeurs satisfaits, un sommet au terme d'une progression constante depuis un an. Le PLC fait du surplace dans les intentions de vote - 60% contre 61% en octobre. Le Bloc baisse de quatre points, à 10%, les conservateurs grimpent de trois points, à 10%, et le NPD d'un point, à 16%. Justin Trudeau reste de loin le chef perçu comme le plus apte à diriger le pays, à 56% d'appuis, contre 12% pour Thomas Mulcair, son plus proche adversaire.
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