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Publié le 17 octobre 2016 à 06h47 | Mis à jour à 06h47
Publié le 17 octobre 2016 à 06h47 | Mis à jour à 06h47
Les familles des filles libérées par Boko Haram ont célébré leur retour, hier.PHOTO OLAMIKAN GBEMIGA, ASSOCIATED PRESS |
Agence France-Presse
Abuja
Abuja
Les 21 lycéennes de Chibok, libérées après plus de deux ans entre les mains de la secte islamiste nigériane Boko Haram, ont retrouvé leur famille dimanche à Abuja et raconté leur difficile condition de détention.
Lors d'une cérémonie religieuse tenue en leur honneur, Gloria Dame, l'une d'elles, a expliqué qu'elles avaient vécu pendant un mois et dix jours sans nourriture avant d'être libérées, et qu'une bombe de l'armée nigériane les avait presque atteintes.
«Nous remercions Dieu de nous avoir réunis aujourd'hui. J'étais dans la forêt quand un avion a lancé une bombe juste à côté de moi, mais je n'ai pas été blessée», a-t-elle raconté, visiblement très émue et très affaiblie par la faim.
«Nous n'avions pas de nourriture pendant un mois et dix jours, mais nous ne sommes pas mortes, Dieu merci».
La jeune femme a raconté leur histoire en langue hausa, lors d'une cérémonie religieuse chrétienne, organisée par les services de sécurité nigérians (DSS), qui sont à l'origine de leur libération, après des négociations avec les islamistes de Boko Haram.
Converties à l'islam après leur capture, comme l'avait affirmé sur une vidéo le leader du groupe Abubakar Shekau, les lycéennes de Chibok, en majorité chrétiennes, n'ont pas «pu prier comme elles peuvent le faire aujourd'hui», a raconté Gloria Dame.
La cérémonie a été interrompue soudainement lorsque les parents des jeunes filles, capturées en avril 2014, sont arrivés en pleurs, les prenant dans les bras.
«Nous pouvons tous voir l'émotion et la joie des parents», a déclaré le ministre de l'Information Lai Mohamed dans son discours de clôture.
Il a ajouté que «les négociations (avec Boko Haram) ne sont pas finies tant que toutes les filles n'ont pas été libérées».
«Les négociations sont toujours en cours à l'heure où l'on parle. Bientôt d'autres, bien plus, seront libérées», a assuré le ministre.
Contacté par l'AFP, Garba Shehu, le porte-parole de la présidence, a révélé que «le groupe affirme que 83 autres jeunes filles seraient libérables sous négociation», soulignant qu'elles ne sont pas aux mains de la faction d'Abubakar Shekau, mais de son rival Mamman Nur.
«La faction de Mamman Nur a indiqué sa volonté de libérer des lycéennes», a indiqué le porte-parole.
Cette libération arrive alors que Boko Haram est extrêmement divisé. En août, le groupe Etat islamique, à qui Boko Haram a prêté allégeance, avait désigné un nouveau chef de l'organisation pour l'Afrique de l'Ouest en la personne d'Abou Mosab Al Barnaoui, proche de Mamman Nur.
Au lendemain de cette annonce, Shekau avait posté une vidéo sur YouTube affirmant qu'il détenait les jeunes filles, mais n'en avait montré que quelques-unes en images, affirmant que les autres avaient été tuées par des raids aériens de l'armée.
Le cas des plus de 200 lycéennes de Chibok, enlevées en avril 2014, était un des points forts de campagne du candidat Muhammadu Buhari élu en mai 2015 et elles sont devenues le symbole de l'insurrection qui ravage le nord-est du Nigeria.
Relayé par les médias du monde entier, cet enlèvement de masse avait provoqué une vague d'indignation internationale, notamment sur Twitter sous le hashtag Brinbackourgirls («Ramenez-nous nos filles»), relayé jusqu'à la Maison-Blanche par la première Dame Michelle Obama.
Les 21 lycéennes ont été échangées contre quatre combattants de Boko Haram dans la ville de Banki, à la frontière du Cameroun, selon des sources locales, mais le ministre de l'Information a été catégorique: «Ce n'était pas un échange».
L'insurrection de Boko Haram a fait plus de 20 000 morts, 2,6 millions de déplacés depuis 2009, et des milliers de personnes sont toujours entre les mains du groupe.
Le nord-est du Nigeria reste relativement inaccessible à cause du confit et connait une crise alimentaire sans précédent. 60 000 enfants pourraient mourir de faim d'ici la fin de l'année, selon l'ONU.
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