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Selon les derniers sondages, la proposition a peu de chances de passer.Photo Fotolia |
Gilles Campion
GENÈVE - Les Suisses votaient dimanche pour se prononcer sur la création d'un revenu de base pour tous, salariés ou sans emploi, un projet unique au monde qui suscite de vifs débats dans un pays où l'on vénère la valeur travail.
Toutefois, selon les derniers sondages, la proposition, soumise par un groupe sans affiliation politique, a peu de chances de passer.
Rien d'étonnant quand on se souvient qu'en 2012, les Suisses avaient déjà refusé de porter leurs congés payés de 4 à 6 semaines, craignant une baisse de leur compétitivité.
Dans la plupart des cantons, les bureaux de vote ont ouvert à 10 h et devaient fermer à midi, car une large partie des électeurs suisses préfèrent voter par correspondance.
À Genève par exemple, 47,4 % des inscrits avaient déjà déposé leur bulletin samedi soir, selon le service régional des élections.
L'initiative populaire «pour un revenu de base inconditionnel» (RBI) propose de verser une allocation universelle chaque mois à tous les Suisses et aux étrangers vivant dans le pays depuis au moins 5 ans, qu'ils aient ou non déjà un emploi.
Le montant de ce revenu reste à fixer, mais le groupe à l'origine de l'initiative suggère de distribuer 2500 francs suisses (2260 euros) par adulte - un montant très faible pour vivre en Suisse - et 650 francs suisses pour chaque mineur.
Cela nécessiterait un budget supplémentaire d'environ 25 milliards de francs suisses (22,6 milliards d'euros) par an, financé par de nouveaux impôts ou taxes.
«C'est un rêve qui existe depuis longtemps», mais qui est devenu «indispensable» face au chômage élevé provoqué par la robotisation croissante, explique à l'AFP l'un des pères de l'initiative, Ralph Kundig.
Le gouvernement et la plupart des partis politiques dénoncent un projet utopique et trop coûteux.
«C'est un vieux rêve, un peu marxiste. Pleins de bons sentiments irréfutables mais sans réflexion économique», déclare à l'AFP le directeur du Centre international d'études monétaires et bancaires à Genève, Charles Wyplosz. Selon lui, si le lien entre la rémunération et le travail est coupé, «les gens en feront moins».
«L'idée est noble, mais je ne pense pas que notre société puisse se le permettre aujourd'hui», estime Stéphane Szeless, un fonctionnaire de 45 ans, interrogé à Genève par l'AFP. «Je suis sceptique.»
Selon le dernier sondage réalisé par l'institut gfs.bern, 71 % des Suisses devraient voter non.
«Loi eugéniste»
Parmi les autres sujets soumis au vote dimanche figurent l'accélération des procédures d'asile et l'autorisation du diagnostic préimplantatoire.
Concernant l'asile, la nouvelle loi propose d'accélérer les procédures, dont une grande partie devront être achevées en 140 jours maximum. Elle est soutenue par 60 % des votants, si l'on en croit le sondage gfs.bern.
Les opposants au projet dénoncent pour leur part la mise à disposition d'une aide juridique gratuite pour les migrants, alors que les Suisses n'y ont pas droit, et la simplification de la procédure d'approbation prévue pour l'ouverture des centres d'asile fédéraux.
Dimanche, les Suisses devront aussi dire s'ils acceptent ou non le diagnostic préimplantatoire (DPI), une technique qui permettra de sélectionner et de congeler des embryons, mais uniquement ceux des couples porteurs d'une maladie héréditaire grave ou qui ne peuvent pas avoir d'enfant par voie naturelle.
Selon un sondage réalisé par le groupe de médias Tamedia, 55 % des personnes interrogées soutiennent le projet. S'il est accepté, douze embryons pourront être développés par traitement, contre trois actuellement, et ceux qui ne seront pas implantés immédiatement pourront désormais être congelés.
Les adversaires du projet dénoncent une «loi eugéniste».
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