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Publié le 03 juin 2016 à 16h24 | Mis à jour le 03 juin 2016 à 17h46
Publié le 03 juin 2016 à 16h24 | Mis à jour le 03 juin 2016 à 17h46
L'ancien PDG de Rona, Robert DuttonPHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE |
JULIEN ARSENAULT
La Presse Canadienne
La Presse Canadienne
Un ancien dirigeant de Rona affirme que le ministre Jacques Daoust ne s'est guère montré préoccupé par l'avenir du quincailler en 2012, lorsque le géant de la rénovation Lowe's a déposé sa première offre pour en prendre le contrôle.
Selon Robert Dutton, M. Daoust lui aurait dit en août 2012, alors qu'il était aux commandes d'Investissement Québec (IQ), qu'il ne «voulait rien savoir de Rona».
Lors d'un entretien téléphonique, M. Dutton, qui a été chef de la direction de Rona pendant 20 ans, a dit avoir été ébranlé par cette réponse «irrespectueuse» de l'ancien président-directeur général d'IQ.
M. Dutton discutait alors avec M. Daoust afin que le bras financier du gouvernement achète pour 100 millions $ d'actions de Rona afin de protéger le fleuron québécois de l'offre non sollicitée de 1,76 milliard $ du géant américain.
«Je suis allé à son bureau (...) il est rentré et m'a dit «Moi je ne veux plus rien savoir de cela. Je suis en train de m'acheter un vignoble avec mon garçon. Je vais perdre mon (poste). Tout ce qui m'intéresse c'est de rénover mon vignoble. Là, je vais aller chez Rona et j'espère que tu as des bons prix'», a raconté l'ex-dirigeant du quincailler.
«J'étais déconcerté, je pensais rêver», a ajouté M. Dutton.
M. Daoust aurait évoqué la précarité de son poste alors que le premier ministre de l'époque, Jean Charest, venait de déclencher des élections qui allaient être remportées par le Parti québécois, dirigé par Pauline Marois.
D'après M. Dutton, cet entretien remontait à la première semaine du mois d'août 2012. Environ un mois plus tôt, Lowe's avait soumis sa proposition au conseil d'administration de Rona.
«Vers la mi-juillet, j'avais reçu un appel de M. Daoust qui me disait avoir reçu un mandat du ministre (des Finances Raymond) Bachand pour sauver le siège social de Rona, raconte l'ancien chef de la direction du quincailler. Je n'avais pas eu de nouvelles par la suite.»
M. Dutton reproche à M. Daoust de ne jamais l'avoir écouté, et ce, même s'il discutait avec d'autres entreprises, dont la française ITM Entreprises et deux autres groupes non identifiés, dans l'espoir de dénicher des partenaires à Rona.
«C'est ce que j'essayais d'expliquer, mais il n'y avait aucune écoute, a déploré M. Dutton, élaborant sur des propos tenus initialement sur les ondes du 98.5 FM. Il y avait des investisseurs prêts à mettre 100 millions $ et des marchands (indépendants voulaient en mettre plus). M. Daoust me répétait constamment qu'il ne voulait rien savoir de Rona.»
Dans l'espoir d'obtenir un peu de temps pour agir, M. Dutton aurait souhaité voir son interlocuteur retourner auprès du gouvernement provincial, ce qui, selon lui, ne s'est jamais produit. «À mon avis, le plan de vendre Rona, il le voulait», a-t-il lâché.
Invitée à commenter les déclarations de M. Dutton, l'attachée de presse du ministre, Mélissa Turgeon, a répété que M. Daoust, s'il avait été mis au courant à l'époque des projets d'IQ, aurait exprimé des réserves entourant la vente des actions de Rona.
Actuellement ministre des Transports, M. Daoust est sur la sellette depuis que la vérificatrice générale a conclu dans un rapport que ce dernier avait autorisé, en décembre 2014, la vente de la totalité des actions du quincailler Rona alors qu'il était au Développement économique.
La vérificatrice a dit s'appuyer sur des procès-verbaux du conseil d'administration d'IQ, mais M. Daoust nie cette version des faits, affirmant qu'il n'avait jamais été informé de la transaction, donc qu'il n'avait pas pu l'autoriser.
«En autorisant la vente, on a enclenché le processus de vente», a déploré M. Dutton, qui, à son avis, croit que IQ, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et les marchands indépendants détenaient suffisamment de titres pour bloquer une prise de contrôle étrangère.
Quatre ans après sa première tentative, Lowe's a finalement réussi cette année à mettre la main sur Rona pour 3,2 milliards $.
Comme il l'a déjà fait dans le passé, M. Dutton a au passage écorché la CDPQ, affirmant avoir été congédié sans raison valable le 2 novembre 2012 par le président et chef de la direction de l'institution, Michael Sabia.
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