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samedi, juin 25, 2016

Le Brexit pourrait mener à la désintégration du Royaume-Uni

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Publié le 24 juin 2016 à 18h04 | Mis à jour le 24 juin 2016 à 22h36
La décision surprenante des Britanniques de se retirer de l'Union européenne... (Photo AFP)
PHOTO AFP

PAUL KELBIESHAWN POGATCHNIK
Associated Press
ÉDIMBOURG
La décision surprenante des Britanniques de se retirer de l'Union européenne (UE) pourrait éventuellement mener à la désintégration du Royaume-Uni lui-même.
Bien qu'une majorité d'électeurs en Angleterre et au Pays de Galles aient appuyé la campagne pour quitter le groupe de 28 pays, deux autres régions du pays - l'Écosse et l'Irlande du Nord - ont plutôt voté pour rester au sein de l'UE.
Échaudés par les résultats, les dirigeants nationalistes des deux territoires ont déjà affirmé vendredi qu'ils souhaitaient quitter le Royaume-Uni si tel est le prix pour demeurer dans l'UE.
En Écosse, où les dirigeants ont perdu de justesse un référendum sur l'indépendance en 2014, la première ministre semblait la plus résolue à claquer la porte du Royaume-Uni si ses voisins n'arrivent pas à négocier afin de renverser le résultat du vote. La plupart des analystes écartent déjà cette possibilité.
Nicola Sturgeon a déclaré qu'il était «démocratiquement inacceptable» que l'Écosse se sépare de l'UE contre sa volonté.
Plus de 60% des Écossais ont choisi de rester dans l'UE, comparativement à 48% dans le reste du pays. Plusieurs Écossais croient que l'adhésion du Royaume-Uni à l'UE permet d'infuser des idées plus modérées dans le monde politique britannique, traditionnellement dominé par les Anglais, plus nombreux.
Mme Sturgeon a souligné que son gouvernement tenterait premièrement d'aider à conclure une entente entre le gouvernement britannique à Londres et les dirigeants européens à Bruxelles «pour s'assurer de garder notre place dans l'UE et dans le marché commun».
Elle a toutefois reconnu que les chances de succès étaient faibles, ajoutant qu'un deuxième référendum en Écosse était «maintenant hautement probable». Elle a soutenu qu'une telle consultation devrait avoir lieu avant le retrait formel du Royaume-Uni, ce qui pourrait arriver en 2018.
En septembre 2014, 55% des Écossais avaient voté contre l'indépendance de leur région, alors que 45% avaient voté pour. Mais les dirigeants du parti de Mme Sturgeon, le Parti national écossais, prévoient que plusieurs électeurs changeront de camp maintenant que leurs voisins ont tourné le dos à l'UE.
«Les gens en Écosse sont tout simplement abasourdis», a expliqué un député du parti, John Nicolson. Il a rappelé que les trois partis traditionnels à Westminster - les conservateurs, les travaillistes et les libéraux-démocrates - avaient dit il y a deux ans que l'adhésion à l'UE était la seule façon de garder l'Écosse au sein du Royaume-Uni.
«Ils ont clairement induit en erreur les Écossais», a-t-il pesté.
L'Irlande du Nord rappelle ses revendications
Tout juste à côté de l'Écosse, les nationalistes de l'Irlande du Nord ont affirmé que cette décision des Britanniques relançait leur volonté de tenir un référendum pour réunir les deux territoires de l'Irlande 95 ans après leur séparation.
Ils soutiennent qu'un retrait de l'UE forcerait les autorités des deux régions à établir des douanes et des postes de contrôle sur ce qui serait la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et un autre pays membre de l'UE - la République irlandaise.
Le parti Sinn Féin, qui est au pouvoir depuis neuf ans en Irlande du Nord dans le gouvernement d'unité, estime que les centaines de milliers de citoyens vivant en Irlande du Nord devraient avoir la chance de voter sur leur propre sortie du Royaume-Uni.
À Dublin, le premier ministre irlandais Enda Kenny a convoqué une réunion d'urgence de son cabinet alors que le marché boursier irlandais a subi la pire chute en Europe - le premier partenaire commercial de l'Irlande est le Royaume-Uni.
M. Kenny a affirmé que la priorité de son gouvernement était d'atténuer les dommages causés par les récents événements - et non pas d'ouvrir les blessures du passé.
Le premier ministre et la secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord, Theresa Villiers, ont rappelé que le traité de paix de 1998 comprenait une clause pour permettre un vote sur la réunification des deux territoires à la demande populaire. Ils ont toutefois admis que des dizaines d'années de sondages d'opinion et de résultats d'élection démontraient qu'il n'y avait pas d'appétit pour un tel scrutin dans la population.
«Il y a des enjeux beaucoup plus importants à régler à moyen terme. C'est sur cela que nous nous concentrons», a déclaré M. Kenny, citant en exemple la protection des relations commerciales avec le Royaume-Uni.
En Irlande du Nord, les rivalités religieuses ont refait surface lors de la campagne référendaire sur l'adhésion à l'UE. Le Sinn Féin de la minorité catholique dirigeait la campagne pour «rester», alors que le parti appuyé par les protestants a fait la promotion du vote pour «partir».

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