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mardi, avril 19, 2016

Le patient libéral est malade

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Publié le 18 avril 2016 à 18h01 | Mis à jour le 18 avril 2016 à 18h01
Les nombreux remaniements, les incidents de parcours et... (Photothèque Le Soleil, Jean Marie Villeneuve)
PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, JEAN MARIE VILLENEUVE
Les nombreux remaniements, les incidents de parcours et la gestion de crise du gouvernement Couillard ont mis beaucoup de stress sur les épaules du personnel politique.

GILBERT LAVOIE
Le Soleil
(Québec) CHRONIQUE / «Le climat est malsain dans les cabinets. Il y a un manque de coordination de la part du bureau du PM, et une gestion des communications de style 24 heures. Les ministres manquent de collégialité. La reconnaissance et l'écoute des attachés politiques n'existent pas quand ils soulèvent des enjeux.»
Le message est de l'interne. J'en connais l'auteur et il est crédible. C'est l'annonce du congé de maladie du ministre Luc Fortin qui semble l'avoir motivé à m'écrire. Selon lui, cette nouvelle absence est le «symptôme» du gouvernement Couillard. «Le patient est malade», dit-il.
Déplacés d'un ministère à l'autre au remaniement du 28 janvier, les membres du personnel politique n'ont pas eu le temps de se préparer à la reprise des travaux parlementaires. Les nombreux remaniements qui ont suivi ont à nouveau chambardé les équipes et accru le stress. Les incidents de parcours et la gestion de crise déficiente des derniers mois ont ajouté au fardeau et au climat d'incertitude.
«Les ministres, c'est la face la plus visible, explique mon interlocuteur. Mais en arrière, j'ai vu tomber les attachés politiques comme des mouches, partir ou tomber en maladie à un rythme plus élevé au cours des deux dernières années. Je sais que le roulement est élevé. Je ne crois pas qu'il le soit plus en ce moment, mais les gens quittent plus souvent malades.»
Gestion plus froide
Ce qui ajoute à la problématique, c'est la gestion plus froide des ressources humaines par le bureau du premier ministre. «Jean Charest n'a jamais laissé partir un ministre ou un député sans l'accompagner au microphone», fait-on valoir. On accepte que M. Couillard ait une personnalité plus «distante» que son prédécesseur, mais on déplore que son directeur du cabinet, Jean-Louis Dufresne, ne compense pas avec un style plus chaleureux. «C'est un patron assez rough, il est difficile de savoir ce qu'il pense, il peut être froid et bête», me dit-on.
Ces propos rappellent le grand soupir de soulagement chez les libéraux, en 2007, quand Daniel Gagnier a remplacé Stéphane Bertrand au poste de directeur de cabinet de Jean Charest. Le leadership calme et confiant de Gagnier a eu vite fait de rassurer tout le monde et d'instaurer un climat de travail plus harmonieux.
L'autre problème soulevé par mon interlocuteur est le manque de collégialité des ministres qui travailleraient «en silos» au lieu de veiller à ce qu'une décision prise dans un ministère ne crée pas de problèmes ailleurs. On me cite en exemple certaines coupes budgétaires imposées par Sam Hamad au Conseil du trésor, alors qu'on l'avait prévenu des problèmes politiques qui en découleraient. Avec comme résultat que le gouvernement a dû effectuer des reculs stratégiques humiliants.
On déplore aussi le «style 24 heures» de la gestion des communications, qui force certains ministres a réagir trop rapidement. C'est ce qui expliquerait en partie la gestion de crise chaotique qui a caractérisé l'actualité politique au cours des derniers mois.
En arrière-plan de ce constat, on trouve la coupe budgétaire de 10 % dans les budgets des cabinets ministériels du gouvernement Couillard. Les ministres n'ont pas les moyens d'embaucher du personnel qualifié et dans certains cas, ils n'ont même pas suffisamment de ressources pour faire le travail. «Les 7 à 8 heures par semaine que tu mets à des accusés de réception, à la paperasse et aux prises de rendez-vous, tu n'es pas dans tes dossiers en train de travailler», conclut mon interlocuteur.
Il n'est pas rare de voir le malaise s'installer dans les bureaux politiques quand un parti éprouve des difficultés. Mais c'est plus sérieux quand les troupes ne savent plus où on les amène. Or si on se fie aux commentaires recueillis, c'est ce qui se passe chez les libéraux depuis l'atteinte de l'équilibre budgétaire.

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