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Radio-Canada avec Agence France-Presse et Reuters
Radio-Canada avec Agence France-Presse et Reuters
Des policiers anti-émeute ont reçu des cocktails Molotov lors des manifestations. Photo : Alkis Konstantinidis / Reuters |
Le gouvernement grec fait face jeudi à une nouvelle grande grève générale déclenchée pour protester contre la réforme du régime de retraite exigée par les créanciers du pays. Il s'agit du troisième débrayage du genre depuis que le premier ministre Alexis Tsipras a été reporté au pouvoir, l'été dernier.
Le mouvement, qui se produit au moment où ces créanciers sont à Athènes pour faire un premier bilan des mesures adoptées par le gouvernement, est d'une ampleur considérable et la colère des manifestants est palpable.
« Retraites de 300 euros à 80 ans, qu'est-ce que c'est bien le capitalisme! »— Slogan scandé par les manifestants dans les rues d'Athènes
Les syndiqués de la fonction publique ont répondu à l'appel des syndicats et plusieurs corporations professionnelles - médecins, avocats, assureurs, vétérinaires, etc. - ont aussi pris la rue. Les hôpitaux ne traitent que les urgences.
Les stations-service sont fermées, les transports publics sont paralysés, les taxis sont invisibles dans les rues, les ferries sont à quai et des dizaines de vols intérieurs ont été suspendus.
Des tracteurs bloquaient déjà la route à la hauteur d'un poste-frontière avec la Bulgarie mardi. Photo : Alexandros Avramidis / Reuters
Les agriculteurs, mobilisés depuis plusieurs jours déjà, continuent de bloquer des routes, créant de longues files d'attente de camions aux frontières nord du pays.
« Nous ne pouvons pas vivre, nous ne pouvons pas survivre avec ce que le gouvernement nous demande. »— Socratis Aleiftiras, agriculteur
« Ils ont massacré ma génération »
La réforme contestée prévoit une baisse considérable du montant maximal que pourront recevoir les retraités. Il passera de 2700 à 2300 euros (4132 $ à 3519 $), soit une baisse de 15 %. Le gouvernement créera en contrepartie une pension de base garantie de 384 euros (588 $) par mois.
Les contributions à la sécurité sociale des travailleurs et des entreprises vont cependant pratiquement tripler au cours des années à venir, et des hausses d'impôt de 350 millions d'euros (535 M$) sont aussi prévues.
Des membres du Parti communiste PAME ont défilé dans le centre d'Athènes. Photo : PC/AP/Petros Giannakouris
Les syndicats estiment que ces mesures vont pousser des travailleurs à la fraude fiscale, notamment les indépendants, dont les contributions à la sécurité sociale sont liées au revenu déclaré. Ils soutiennent aussi que ces réformes vont créer des problèmes pour les entreprises, ce qui va faire augmenter le chômage.
« Ils ont massacré ma génération. On ne peut pas se marier, on ne peut pas avoir d'enfants. Mes parents ont travaillé toute une vie et ce qu'ils me laissent, c'est rien! »— Dina, commerçante
Les créanciers du pays - l'Union européenne, le Fonds monétaire international, Banque centrale européenne - ont exigé cette réforme pour réduire le poids des pensions de retraite dans le pays.
Selon le ministère grec de l'Emploi, 17,5 % du produit intérieur brut grec (PIB) est consacré aux retraites, comparativement à 11,5 % en moyenne dans les autres pays d'Europe.
Les stations de métro d'Athènes sont désertes en raison de la grève générale. Photo : GI/LOUISA GOULIAMAKI
La réforme des retraites est l'une des conditions que le gouvernement Tsipras s'est engagé à respecter pour obtenir l'aide de 86 milliards d'euros (131 G$) qui lui a été consentie en juillet. Il espère en contrepartie pouvoir négocier un allègement de sa dette, qui atteint près de 200 % du PIB.
De nombreux Grecs accusent le premier ministre Tsipras, élu sur un programme de gauche radicale, de les avoir « trahis ».
Le projet de loi sur les retraites doit être voté au cours des prochains jours au Parlement, où M. Tsipras ne dispose que d'une très faible majorité, avec 153 sièges sur 300.