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samedi, janvier 30, 2016

Guy Bertrand fustige le reportage d'Enquête sur Péladeau

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Publié le 29 janvier 2016 à 23h44 | Mis à jour le 29 janvier 2016 à 23h44
Enquête a montré Pierre Karl Péladeau comme un «antisyndical,... (Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve)
PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL, JEAN-MARIE VILLENEUVE
Enquête a montré Pierre Karl Péladeau comme un «antisyndical, insupportable, avec qui on ne peut pas travailler», a dénoncé Guy Bertrand.

<p>David Rémillard</p>
(Québec) «J'accuse Radio-Canada d'avoir détruit, en direct, hier soir, le 28 janvier 2016, la réputation de Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois.»
Ces propos sont de Me Guy Bertrand, avocat et membre fondateur du Parti québécois (PQ).
Ce dernier n'a pas apprécié les enquêtes coup sur coup de La Presse et de l'émission Enquête à Radio-Canada sur Pierre Karl Péladeau «le gestionnaire». Mécontentement qu'il a partagé dans une vidéo mise sur Facebook, vendredi.
L'émission d'une heure diffusée à ICI Radio-Canada Télé jeudi avançait notamment que Québecor aurait payé, de 1999 à 2012, 12 % d'impôts sur un bénéfice net de 3milliards $ au Canada. Période au cours de laquelle M. Péladeau était président de l'entreprise et où le ratio d'imposition moyen des compagnies était de 22 % au pays.
Les chiffres ont été contestés par Québecor vendredi.
Pour tenter d'expliquer ce faible ratio, Enquête a retracé une trentaine de compagnies et succursales «qui semblaient en lien» avec Québecor dans une dizaine de pays considérés comme des paradis fiscaux. Québecor aurait donc usé du stratagème de l'évitement fiscal, pratique qui n'est pas illégale, lorsque le chef du PQ était pdg.
Au-delà des informations avancées concernant les pratiques fiscales de Québecor, Me Bertrand a surtout sourcillé sur la construction du reportage.
«On a présenté l'émission sous l'angle mauvais de Pierre Karl Péladeau. Radio-Canada a décidé de le montrer comme un antisyndical, insupportable, avec qui on ne peut pas travailler. Comme un dictateur qui veut tout contrôler», dit-il dans sa vidéo d'une douzaine de minutes.
«J'étais révolté», a déclaré Me Bertrand, joint plus tard au téléphone. «On a montré des scènes où on le fait mal paraître. On le voit en train de travailler pendant un lock-out [au Journal de Montréal]», a-t-il cité en exemple.
«Ensuite arrive la question des paradis fiscaux. Là, on joue avec les mots entre évitement fiscal et évasion fiscale.» Selon lui, la moitié de «monsieur, madame Tout-le-monde» a l'impression, au terme du reportage, que Québecor et M. Péladeau ont commis des gestes illégaux.
Spécialiste des questions diffamatoires, Me Bertrand, un indépendantiste pur et dur, juge qu'il y a matière à poursuite. «Je pense qu'il y a matière. Je ne dis pas où qu'il gagnerait la cause cependant.»
S'il avait à le défendre, ce qu'il ne fera pas - «je ne cours pas après des mandats» -, Me Bertrand ne remettrait pas en question la notion d'intérêt public. Pour lui, il n'y a rien d'anormal à enquêter sur ceux qui aspirent au pouvoir.
Il juge par contre que la vérité «a été biaisée» et remet en question la bonne foi du reportage, «la manière dont on l'a fait».
Enquête se défend
Avant même la sortie de Me Bertrand vendredi, la journaliste-animatrice à Enquête, Marie-Maude Denis, a défendu le reportage diffusé jeudi. «Notre reportage respecte nos normes et pratiques journalistiques. Il est le fruit d'une recherche rigoureuse contre-vérifiée par des fiscalistes de très haute réputation», a-t-elle écrit au nom de l'équipe d'Enquête, sur Facebook, vendredi.
«Nous considérons que, puisque M. Péladeau est chef d'un parti politique et qu'il aspire à être premier ministre, il est normal que Radio-Canada comme d'autres médias mesurent la cohérence entre ses déclarations publiques et son passé d'homme d'affaires», a-t-elle ajouté, soulignant que le travail d'Enquête était fait «sans complaisance» et «en toute indépendance».

La sortie de Guy Bertrand