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mardi, décembre 08, 2015

Liberté sous caution pour Pistorius

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Publié le 08 décembre 2015 à 07h42 | Mis à jour à 07h51
Oscar Pistorius et son avocat Barry Roux à... (PHOTO  SIPHIWE SIBEKO, AFP)
PHOTO SIPHIWE SIBEKO, AFP

Oscar Pistorius et son avocat Barry Roux à la Haute Cour de Pretoria, le 8 décembre.

STEPHANIE FINDLAY
Agence France-Presse
PRETORIA
Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, qui a tué sa compagne en 2013, a obtenu la liberté sous caution mardi et a annoncé son intention de saisir la plus haute juridiction du pays après sa condamnation en appel pour meurtre, dans un énième rebondissement de cette affaire très médiatisée.
La justice sud-africaine a fixé sa caution à 10 000 rands (960 $), alors que l'ancienne idole des stades, abandonnée par ses commanditaires, est ruinée par la longue procédure judiciaire, selon son avocat Barry Roux.
La libération sous caution de Pistorius, 29 ans, a été assortie de nombreuses conditions, dont l'assignation à résidence chez son oncle à Pretoria, avec autorisation de sortie entre 7 h et midi dans un rayon de 20 kilomètres de la maison. Il ne pourra cependant quitter la somptueuse demeure qu'après autorisation d'un policier.
Il sera aussi soumis à un contrôle électronique et doit remettre à la justice son passeport, a précisé le juge Aubrey Ledwaba devant la Haute Cour de Pretoria.
«Dans la mesure où il s'est présenté devant le tribunal, il a prouvé qu'il n'y avait pas de risque qu'il s'échappe», a expliqué le juge.
L'ancien athlète amputé des deux jambes, en costume-cravate noir cintré et chemise blanche, a accueilli le verdict debout, les mains croisées derrière le dos, le visage impassible.
Il jouait gros mardi : si sa demande de libération sous caution avait été refusée, il serait retourné en prison.
Reconnu en appel la semaine dernière coupable de meurtre, il encourt au minimum 15 ans de prison et au maximum la réclusion à perpétuité.
En première instance, à l'issue d'un procès-fleuve, il avait été condamné à cinq ans de prison pour l'«homicide involontaire» de sa petite amie Reeva Steenkamp, abattue de quatre balles chez lui dans la nuit du 13 au 14 février 2013. Après un an passé en prison, il purge actuellement sa peine chez son oncle, où il est assigné à résidence.
Les conditions de sa libération sous caution mardi sont proches de celles de sa précédente assignation à résidence.
Après la requalification de son crime en meurtre, Pistorius attend désormais d'être fixé sur sa nouvelle peine, dont la date n'a pas été rendue publique.
«Il tente le tout pour le tout»
Autre épisode mardi dans cette affaire aux multiples rebondissements, l'avocat de Pistorius, Barry Roux, a annoncé son intention de saisir la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction d'Afrique du Sud, après la condamnation pour meurtre de son client.
«La Cour suprême d'appel a de façon incorrecte réexaminé les faits acceptés par la Haute Cour (en première instance) selon lesquels j'ai, de bonne foi, pensé que ma vie et celle de la victime étaient en danger quand j'ai tiré», a expliqué Pistorius dans sa demande de libération sous caution.
L'ancien sprinter a toujours plaidé la méprise : il dit avoir tiré sur la porte des toilettes fermée à clé, persuadé qu'un cambrioleur s'y était introduit.
En rendant son jugement le 3 décembre, la Cour suprême d'appel avait dénoncé les erreurs «fondamentales» commises par la juge de première instance. En tirant quatre balles de gros calibre à hauteur d'homme dans la porte d'un étroit cabinet de toilette, Pistorius ne pouvait pas ignorer qu'il risquait de tuer, selon la Cour suprême d'appel.
En saisissant la Cour constitutionnelle, Pistorius «tente le tout pour le tout», a estimé Martin Hood, avocat spécialisé dans les affaires criminelles interrogé par l'AFP.
«Il s'agit d'une stratégie pour retarder» la procédure, a estimé pour sa part la famille de la victime, par la voix de son avocat Tania Koen.
Le juge Ledwaba a fixé la prochaine audience au 18 avril 2016, date à laquelle la Haute Cour de Pretoria devrait savoir si la demande de saisine de la Cour constitutionnelle a été acceptée ou non.
Le drame de la Saint-Valentin 2013 s'était produit alors que Pistorius, handicapé de naissance et surnommé «Blade Runner», en référence à ses prothèses de lames de carbone, était au sommet de sa gloire.
Aidé par un physique avantageux, il était devenu une icône du sport mondial à l'occasion des Jeux olympiques de Londres en 2012, où il s'était aligné avec les valides sur 400 mètres. Il avait atteint les demi-finales.