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dimanche, décembre 06, 2015

Guy Turcotte reconnu coupable de meurtres non prémédités

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DERNIÈRE HEURE
Publié le 06 décembre 2015 à 12h11 | Mis à jour à 13h02
Guy Turcotte... (Photo Graham Hughes, PC)
Guy TurcottePHOTO GRAHAM HUGHES, PC

Guy Turcotte a été déclaré coupable des meurtres non prémédités de ses deux enfants, au terme de son second procès. Les jurés avaient l'air grave quand ils sont entrés dans la salle d'audience. Ils ont rendu leur décision peu après midi, au septième jour de leurs délibérations.
Assis dans le box des accusés, M. Turcotte n'a eu aucune réaction. Il paraissait résigné. Isabelle Gaston, assise dans la première rangée, s'est mise à pleurer. Quelqu'un a dit: «Yess, merci». 
Mme Gaston s'est dite soulagée du verdict lors d'une rencontre avec les journalistes. Elle souhaite maintenant que le Collège des médecins se penche sur le travail des experts.
Le meurtre non prémédité entraîne automatiquement la prison à vie avec une peine minimale de 10 à 25 ans de prison avant d'être admissible à une libération conditionnelle. C'est le juge qui décide de cette période d'inadmissibilité, mais le jury peut faire une recommandation. Le jury est retourné dans la salle de délibération et a demandé un peu de temps pour se décider, puis a pris la décision de ne pas faire de recommandation sur la peine.
M. Turcotte n'est pas ressorti de la salle puisqu'il est détenu dès le prononcé du verdict.
Les représentations sur la peine auront lieu le 18 décembre.
Le drame est survenu le 20 février 2009, dans un contexte de séparation d'avec sa femme, Isabelle Gaston. Celui qui exerçait la profession de cardiologue à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme avait poignardé ses enfants à de multiples reprises, dans la maison de Piedmont qu'il louait depuis trois semaines. Il avait bu du lave-glace pour se suicider. Le drame avait été découvert le lendemain, quand ses parents, inquiets, s'étaient présentés chez lui. Tout était verrouillé et personne ne venait répondre. Ils ont appelé le 911. 
Vers 11 h 30 le matin, les policiers étaient entrés par effraction dans la maison, et avaient découvert les corps sans vie d'Olivier, cinq ans, et d'Anne-Sophie, trois ans, dans leur chambre respective. Ils avaient été poignardés à de multiples reprises. M. Turcotte avait été trouvé sous son propre lit, taché de vomissures et du sang de ses enfants. Il devait être traité pour empoisonnement au méthanol, ce dont il n'a pas conservé de séquelles physiques. M. Turcotte a présenté une défense de non-responsabilité pour cause de troubles mentaux aux deux procès. Dans les deux cas, le jury devait choisir entre les mêmes verdicts: non coupable pour cause de troubles mentaux, coupable de meurtres prémédités, coupable de meurtres non prémédités ou coupable d'homicides involontaires. Au sixième jour de ses délibérations, le 5 juillet 2011, le jury du premier procès avait conclu que M. Turcotte était non criminellement responsable.
L'issue de ce premier procès avait soulevé l'ire de la population. Beaucoup de gens n'admettaient pas que M. Turcotte, qui convenait avoir tué ses enfants, soit déclaré non responsable. Après le verdict, M. Turcotte avait été transféré de la prison à l'Institut Philippe-Pinel, où il est resté, jusqu'en décembre 2012. Il avait alors été libéré, mais devait se soumettre à certaines conditions, qu'il a toujours respectées. 
En novembre 2013, la Cour d'appel a ordonné un nouveau procès après avoir identifié une erreur de droit dans les directives du juge au jury. Cette erreur avait trait à l'intoxication au méthanol. 
Au cours du procès, le jury a posé quelques questions: il a voulu avoir la définition de l'article 16 (sur la non-responsabilité criminelle) et de l'article 235 (ayant trait aux meurtres.) Mercredi, il a demandé à réentendre le témoignage du psychiatre Pierre Bleau. Celui-ci n'a pas évalué M. Turcotte et ne connaissait que la surface de l'affaire. Il a minimisé l'impact d'un trouble d'adaptation sur le libre arbitre d'une personne et a qualifié ce trouble de «rhume de la psychiatrie».
Enfin, samedi, le jury a demandé si, pour déclarer M. Turcotte non responsable, il fallait que celui-ci réponde aux deux critères de l'article 16, soit, être incapable de juger de la nature et de la qualité de ses actes, ou ne pas savoir qu'ils étaient mauvais. La réponse était dans le mot «ou». Un seul des critères suffit pour être déclaré non criminellement responsable.
Plus de détails à venir.