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Mise à jour le jeudi 5 novembre 2015 à 20 h 08 HNE
Mise à jour le jeudi 5 novembre 2015 à 20 h 08 HNE
Exclusif - Terminé l'arc-en-ciel qui symbolisait l'esprit de coalition à la Coalition avenir Québec. Radio-Canada a appris que le parti adoptera un nouveau logo entièrement bleu qui mettra en valeur la fleur de lys tout en maintenant l'acronyme CAQ.
En éliminant le rouge, le vert et l'orange, la CAQ veut faire disparaître toute ambiguïté sur la question nationale et symboliser sa place comme parti « nationaliste ».
La nouvelle image de la formation serait dévoilée aux militants samedi, lors du conseil général de la formation, à Laval. Le virage nationaliste amorcé l'an dernier sera complété ce week-end, où la CAQ précisera son plan de match quant aux pouvoirs que le Québec doit récupérer du fédéral.
Mardi, le chef de la CAQ, François Legault, rappelait avoir déjà dit qu'il souhaitait « que le Québec obtienne plus de pouvoirs en matière de langue et d'immigration ».
Le nouveau logo de la CAQ
Stratégie en deux temps
Selon nos informations, la CAQ présentera une stratégie en deux temps. D'abord, une série de gestes qu'un gouvernement caquiste poserait sans devoir modifier la Constitution.
On pense entre autres à la nomination des juges à la Cour suprême. La CAQ proposerait qu'un comité d'experts établisse une liste de candidats. Le choix final du ou de la magistrate du Québec serait fait par un vote aux trois quarts des députés de l'Assemblée nationale. L'identité des candidats écartés ne serait pas révélée. Au sein de la CAQ, on croit qu'Ottawa serait forcé politiquement d'accepter ce choix. On pense que la pratique deviendrait une « convention constitutionnelle » avec le temps. Des sources indiquent que le député Simon Jolin Barrette, avocat, déposerait d'ici les prochains mois un projet de loi en ce sens.
François Legault précisait aussi mardi qu'il dévoilerait ce week-end « la liste complète de ce que la CAQ souhaite si on ouvre la Constitution ».
Selon nos informations, la CAQ proposera entre autres de soustraire le Québec aux exigences du multiculturalisme. Cela permettrait au Québec d'établir entre autres des critères d'immigration différents. Rappelons qu'au printemps, la CAQ proposait « un pacte » avec les immigrants. Après trois ans au Québec, on évaluerait leur niveau de connaissance du français et celle des valeurs québécoises.
La CAQ souhaite que la relance économique permette une baisse des paiements de péréquation, ce qui donnerait au Québec un meilleur rapport de force dans d'éventuelles négociations constitutionnelles avec Ottawa. On viserait ici à inscrire la CAQ dans une « tradition historique » de nationalistes québécois qui ne sont pas indépendantistes.
L'ancien logo de la Coalition avenir Québec
Pertinence de ce virage
Un sondage commandé par la CAQ conforte les dirigeants du parti quant à la pertinence de ce virage. Le sondage a été mené auprès de 1000 francophones sur le web, du 14 au 19 octobre. Une proportion de 39 % des répondants se disent « nationalistes », 33 % se disent souverainistes et 28 %, fédéralistes. Près du tiers des répondants d'allégeance libérale ou péquiste se déclarent aussi « nationalistes », ce que des sources caquistes voient comme un important potentiel de croissance.
« Il y a une érosion du clivage traditionnel entre les oui et les non », estime Éric Montigny, directeur de la chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l'Université Laval.
Le sondage de la CAQ indique qu'une majorité de francophones québécois semble favorable à ce que le Québec tente d'obtenir plus de pouvoirs du fédéral. À la question « Si un référendum avait lieu aujourd'hui vous demandant si vous voulez que l'Assemblée nationale du Québec obtienne plus de pouvoirs d'Ottawa? », 67 % disent qu'ils voteraient oui, 11 % répondent qu'ils voteraient non, tandis que 17 % ne savent pas.
Éric Montigny estime que ces chiffres comme d'autres évoqués récemment indiquent que l'allergie à tout pourparler constitutionnel s'estompe.
« Il y a peut-être une volonté d'entreprendre des discussions pour avoir une nouvelle entente à l'intérieur du Canada. C'est un appétit qu'on sent particulièrement chez les jeunes générations. »— Éric Montigny, directeur de la chaire de recherche sur la démocratie et les institutions
Mardi, François Legault estimait que la situation avait évolué depuis l'échec de l'accord du lac Meech.
« Je pense que si on regroupe les nationalistes derrière une série de demandes, Justin Trudeau ou n'importe qui va devoir écouter les demandes du Québec. »— François Legault, chef de la CAQ
Le plan d'ensemble qui sous-tend l'orientation nationaliste de la CAQ sera dévoilé dimanche.