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Le vote du 19 octobre n'a pas encore eu lieu, mais cette campagne marque déjà un tournant dans l'histoire politique canadienne. La traditionnelle lutte à deux a cédé la place à un combat serré entre trois partis. Ce qui pose la question d'une coalition avec plus d'acuité.
L'échiquier politique fédéral change, constate Antonia Maioni, professeure de sciences politiques à l'Université McGill. « La suite normale des choses, c'est d'avoir deux partis plus forts avec d'autres partis qui sont plus faibles, mais là, on dirait bien qu'on a trois partis! »
« L'égalité entre les trois partis, ça a duré pendant toute la campagne électorale, et ça, c'est une réalité à laquelle on devra faire face dans les prochaines années. »— Antonia Maioni, professeure de sciences politiques à l'Université McGill
Une coalition à quelles conditions?
L'électorat se montre encore changeant à deux semaines du vote et l'on pourrait assister à des transferts importants de voix vers l'un ou l'autre parti. Mais si les Canadiens élisent à nouveau un gouvernement conservateur minoritaire le 19 octobre prochain, il est possible que le Nouveau Parti démocratique et le Parti libéral forment une coalition, selon le politologue André Lamoureux.
« Pour moi, c'est très plausible et légitime aussi. Et ce n'est même pas contraire ni à la Constitution ni à la convention constitutionnelle. La seule chose, c'est qu'au Canada on n'est pas habitués à fonctionner comme ça. »— André Lamoureux, professeur de science politique à l'UQAM
Pour le politologue Alain-G. Gagnon, l'idée d'une coalition NPD-PLC « reviendra à l'avant-scène uniquement si les néo-démocrates sont en mesure de devancer les libéraux de façon importante lors du vote du 19 octobre ». Il croit que la coalition serait alors la seule façon de mettre fin à la domination conservatrice.
« Avec le plafonnement - sinon le recul - actuel des appuis chez les néo-démocrates et la remontée des libéraux, le projet de coalition NPD-PLC, souvent évoqué ces dernières années, sera peut-être plus nécessaire que jamais si les partis de centre gauche veulent aspirer à reprendre le pouvoir. »— Alain-G. Gagnon, professeur de science politique à l'UQAM
Si les conservateurs obtiennent le plus grand nombre de sièges sans majorité, ce sera très ardu pour les partis d'opposition de former une coalition, croit pour sa part Antonia Maioni, professeure au Département de sciences politiques de l'Université McGill.
« C'est un peu ce que disait M. Harper en 2008; une coalition de perdants. C'est très difficile quand on parle de démocratie de gouverner comme ça. »— Antonia Maioni, professeure de sciences politiques à l'Université McGill
« On peut simplement avoir un gouvernement minoritaire, comme ce fut le cas récemment avec les conservateurs ou le Parti libéral dans le passé », ajoute-t-elle.
Le Canada a connu trois gouvernements minoritaires consécutifs avec les élections de 2004, 2006 et 2008.
Le NPD doublé sur sa gauche
Plus largement, Alain-G. Gagnon croit que les électeurs sont en train d'assister à une « repolarisation sur l'axe gauche-droite au Canada ». Il rappelle que les années 90 ont été marquées par la régionalisation du système partisan sur la scène fédérale, avec l'arrivée du Bloc québécois, du Parti réformiste et de l'Alliance canadienne.
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