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Mise à jour le mardi 13 octobre 2015 à 20 h 40 HAE Radio-Canada avec Agence France-Presse
Mise à jour le mardi 13 octobre 2015 à 20 h 40 HAE Radio-Canada avec Agence France-Presse
Le chef catalan Artur Mas Photo : Sergio Perez / Reuters |
Deux haut placés du gouvernement catalan ont été formellement accusées de désobéissance civile mardi. Le président Artur Mas subira le même sort jeudi, un peu plus de deux semaines après la victoire des indépendantistes aux élections régionales.
En soirée, l'ex-vice-présidente Joana Ortega a été inculpée de quatre chefs d'accusation, dont ceux de désobéissance civile et de malversation de fonds publics. En matinée, l'ancienne responsable de l'Éducation, Irene Rigau, a été la première à comparaître devant le tribunal.
La justice espagnole leur reproche l'organisation, le 9 novembre 2014, d'une consultation symbolique sur la question de l'indépendance de la Catalogne, région nantie du nord-est du pays. Quelque 2,3 millions de Catalans, sur une population de 7,5 millions, avaient appuyé dans une proportion de 80 % l'idée de sécession.
« Il n'est pas bon de criminaliser un acte politique, pacifique et démocratique », a déclaré Mme Ortega. Elle a dit regretter la judiciarisation d'une question politique qui devrait, selon elle, se régler « à travers le dialogue, et la négociation ».
Des poursuites « antidémocratiques »
Le gouvernement catalan avait tenu cette consultation, sans valeur légale, à défaut de pouvoir organiser un référendum sur la souveraineté, refusé par le gouvernement espagnol. Le président Artur Mas avait maintenu la consultation, malgré l'interdiction du Tribunal constitutionnel, qui estime qu'il est impossible de tenir des consultations régionales sur des questions concernant l'ensemble du pays.
Des centaines de partisans ont accueilli Mme Rigau en entonnant des chants indépendantistes. En soirée, des centaines d'indépendantistes ont manifesté sous la pluie contre ces comparutions. La maire de Barcelone Ada Colau a dénoncé ces poursuites « antidémocratiques ».
Le Tribunal supérieur de justice de Catalogne (Cour d'appel) n'a pas apprécié ces actions dans lesquelles il voit des « attaques directes à l'indépendance de la justice ».
Les indépendantistes doivent encore s'entendre
« Nous défendons le droit inaliénable de tout peuple à voter et à décider de son avenir politique », a dit Antonio Banos, dirigeant de la Candidature d'unité populaire (CUP), parti indépendantiste d'extrême gauche, venu soutenir Mme Rigau.
Les indépendantistes dénoncent d'une seule voix ces procédures judiciaires, mais doivent encore s'entendre sur la composition de leur gouvernement.
La coalition indépendantiste principale Junts pel Si (Ensemble pour le Oui) a remporté 62 des 135 sièges du parlement aux élections du 27 septembre. Pour diriger et enclencher son agenda sécessionniste devant mener à l'indépendance d'ici 2017, elle dépend des 10 sièges obtenus par la CUP.
Or, la CUP a ses exigences. Elle refuse qu'Artur Mas, président sortant qu'elle juge trop conservateur, soit reconduit dans ses fonctions. Elle réclame également des politiques pour aider les plus démunis et exige que l'indépendance se fasse sans en négocier les modalités avec Madrid.
Ensemble, Junts pel Si et la CUP ont obtenu 47,8 % des appuis populaires aux élections régionales de la fin septembre, un scrutin portant explicitement sur la question de l'indépendance.
Des élections espagnoles attendues
Le projet indépendantiste catalan sera l'un des thèmes centraux des élections espagnoles du mois de décembre. Tous principaux partis proposent des évolutions constitutionnelles pour résoudre la question catalane à l'exception du Parti populaire, actuellement au pouvoir.
« Une crise politique ne peut se résoudre qu'avec de la politique, a déclaré le chef du Parti socialiste, Pedro Sanchez. Le gouvernement d'Espagne ne peut se cacher derrière les tribunaux. »