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Selon la preuve faite par la procureure de la Couronne, la mère encaissait directement les payes de sa fille, employée d'un dépanneur.
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Publié le 11 septembre 2015 à 05h00 | Mis à jour à 08h31
LE SOLEIL, ERICK LABBÉ |
Selon la preuve faite par la procureure de la Couronne, la mère encaissait directement les payes de sa fille, employée d'un dépanneur.
(Québec) Une mère du Témiscouata a obligé sa fille de 16 ans à quitter l'école pour aller travailler. Pire encore, elle s'est approprié le salaire de son adolescente durant trois ans, lui dérobant ainsi plus de 42 000 $.
La triste histoire a duré jusqu'à l'automne 2013 dans un village du Témiscouata. La mère aujourd'hui âgée de 39 ans, que nous n'identifierons pas pour préserver l'identité de sa fille, a d'abord forcé son ado de 16 ans à quitter l'école, avant même de terminer son secondaire, afin de travailler à temps plein et ainsi rapporter des revenus à la maison.
Selon la preuve faite par la procureure de la Couronne Me Annie Landreville, la mère encaissait directement les payes de sa fille, employée d'un dépanneur. Elle s'est aussi approprié un chèque de la Commission de la santé et de la sécurité du travail. En outre, elle a forcé sa fille à signer un contrat d'achat de voiture et a été la seule à utiliser le véhicule durant une année.
Au total, les pertes financières de la jeune fille s'élèvent à près de 50 000 $, dont 42 000 $ en salaire.
Aujourd'hui, la victime se retrouve sans diplôme d'études secondaires et avec plusieurs problèmes d'argent. «Elle a perdu confiance en elle et craint beaucoup la réaction de sa mère et de son beau-père depuis qu'elle a porté plainte», a expliqué la procureure de la Couronne lors des observations sur la peine.
Un rapport effectué pour éclairer la cour a mis en lumière le fait que la mère, une femme sans antécédent judiciaire, avait priorisé sa vie amoureuse au détriment de sa fille. L'appât d'un gain facile et un manque d'empathie pour sa progéniture semblent être les seules explications, écrivait l'agente de probation, en plus de l'influence négative du conjoint.
L'avocat de la mère, Me Pierre Gagnon, a convenu que c'était un abus de confiance comme on en voit rarement. «Il y a une petite coche de plus dans l'abus de confiance du fait que ce n'est pas son employeur qui est victime, c'est son sang, c'est sa chair, c'est sa fille», a convenu l'avocat.
La mère a choisi de plaider coupable à l'accusation de vol.
Phénomène rare
Le juge Martin Gagnon de la Cour du Québec à Rivière-du-Loup a souligné que «l'exploitation financière d'un parent envers son enfant est un phénomène plutôt rare. C'est l'inverse qui se produit généralement».
La mère, qui a aussi un fils, a commis un crime sérieux, passible d'une peine maximale de 10 ans, rappelle le juge. «Au lieu de protéger sa fille, la mère a abusé de sa position privilégiée pour améliorer son sort», note le juge.
Le juge Gagnon a condamné la mère à une peine de 20 mois à purger dans la collectivité, se rangeant ainsi aux arguments de la défense. La Couronne réclamait pour sa part une peine de 12 à 15 mois d'emprisonnement ferme.
La mère sera assignée à résidence durant la première moitié de sa peine et devra observer un couvre-feu par la suite.
Le juge Gagnon a toutefois ajouté l'obligation pour la mère d'effectuer 120 heures de travaux communautaires.
La mère sera aussi en probation durant deux ans après sa peine, et il lui sera interdit «de harasser, harceler, importuner, molester ou épier» sa fille.
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