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mardi, septembre 22, 2015

Enfant martyr: les policiers ne l'ont pas cru

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Publié le 22 septembre 2015 à 05h04 | Mis à jour à 05h04
L'enfant maltraité qui témoigne contre son père depuis la semaine dernière, à... (Illustration: La Presse)
ILLUSTRATION: LA PRESSE

L'enfant maltraité qui témoigne contre son père depuis la semaine dernière, à Ottawa, a affirmé lundi qu'il s'était plaint à la police, mais qu'il n'a pas été cru à la première occasion.
L'avocat qui représente l'accusé, Me Robert Carew, est revenu sur les allégations du témoin de 13 ans faites vendredi dernier. Le jeune a affirmé, la semaine dernière, qu'il avait été forcé de « faire 2 000 pompes » en guise de punition, lorsqu'il habitait avec son père.
L'adolescent a allégué, lundi, qu'il s'en était déjà plaint à des amis, et que, lorsque la mère de l'un d'eux avait appelé la police pour en parler, l'affaire en était restée là. « Même la police a ignoré tout ça, a-t-il raconté. J'ai dit à la police que mon père me forçait à faire 2 000 push-up, et la police m'a dit : 'Même moi, je ne suis pas capable de faire 2 000 pompes. Tu n'es certainement pas capable de le faire'.» La police aurait débuté l'enquête menant à l'arrestation plus tard, lorsque l'enfant s'est échappé de chez lui, en février 2013.
Sourire forcé
Pour « survivre » aux affres de la violence paternelle et désamorcer les crises de violence parentale, l'adolescent a raconté pourquoi il avait souri à la caméra lors des vacances familiales, alors qu'il avait 11 ans.
« Si je ne souriais pas, j'étais puni », a expliqué l'adolescent, lundi, lors de son contre-interrogatoire au palais de justice d'Ottawa. Pour protéger son identité, la cour interdit la publication des noms des deux accusés, soit son père et sa belle-mère.
La Couronne accuse l'ex-policier de la GRC autrefois affecté à la lutte antiterroriste d'avoir battu, attaché et privé de nourriture son fils pendant des mois. L'enfant dit avoir été maltraité pendant trois ans. Plusieurs faits sont concentrés dans un espace de six mois, soit ceux qui précèdent l'intervention de la police d'Ottawa, en février 2013.
Me Carew a présenté des photos de son client et de sa présumée victime, lors d'un voyage en Floride. On voit l'enfant dans un restaurant ou sur la plage. Vendredi dernier, l'adolescent a raconté comment il avait été privé d'eau et de nourriture, puis attaché dans la chambre d'hôtel pendant que le reste de la famille profitait de la plage.
L'enfant a précisé que son père présentait une image sympathique et de « bon parent » en public, mais que son calvaire reprenait en privé.
« Tu souriais et tu passais du très bon temps, n'est-ce pas ? » a demandé Me Carew, qui tente de faire ressortir des contradictions dans la version du plaignant.
« Je voulais tellement avoir cette vie normale en famille. Et, si je ne souriais pas, j'avais peur d'être battu. Je ne suis allé qu'une seule fois à la plage. Ce n'était pas du 'vrai' bon temps. »
L'enfant a ajouté avoir été contraint de porter les mêmes vêtements pendant une semaine, répondant ainsi à Me Carew qui lui a fait remarquer que ses vêtements étaient propres, sur les photos. « C'est avant d'être puni, a répondu l'adolescent. Je faisais semblant (d'être heureux). Si je ne faisais pas ce qu'il disait, j'étais battu. »