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vendredi, août 21, 2015

Lac-Mégantic: Colette Roy Laroche se retire de la politique municipale

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Publié par La Presse Canadienne le jeudi 20 août 2015 à 16h53.
Lac-Mégantic: Colette Roy Laroche se retire de la politique municipale
MONTRÉAL — La populaire mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy Laroche, a annoncé jeudi son retrait de la politique municipale.
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La nouvelle a été confirmée par un communiqué publié sur le site web de la ville. Elle terminera son mandat et a annoncé qu'elle n'en solliciterait pas de nouveau à l'occasion des élections municipales qui auront lieu à Lac-Mégantic le 1er novembre prochain. Mme Roy Laroche était en poste depuis 2002.

«La perspective d'un autre mandat de deux ans me ramène à revoir mes priorités», a-t-elle expliqué par communiqué.

«La somme de travail exigée à la mairie, particulièrement au cours des deux dernières années, et la maladie et le décès de mon mari au cours de l'année (en février) me dictent de ralentir, de prendre du repos, de penser à ma santé et à ma famille.»

Mme Roy Laroche, qui n'accordait pas d'entrevues, jeudi, a ajouté que ses successeurs devraient mettre la main à la pâte pour la reconstruction et le développement de Lac-Mégantic, une ville d'environ 6000 résidants.

«Des projets sont en marche et je suis convaincue que le prochain conseil aura de grandes sources d'inspiration pour reconstruire notre municipalité, a-t-elle indiqué. Plus que jamais, Lac-Mégantic a besoin de femmes et d'hommes formant une équipe dynamique, compétente et visionnaire.»

Quarante-sept personnes sont mortes à la suite du déraillement d'un train pétrolier au centre de la ville, le 6 juillet 2013.

Lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne à l'approche du premier anniversaire de la tragédie, l'an dernier, Mme Roy Laroche s'était confiée au sujet de l'impact personnel que la catastrophe avait eu sur elle.

Deux de ses cousins ont perdu la vie et son propre fils aurait pu connaître le même sort au moment du déraillement et de l'explosion qui a suivi.

La mairesse avait confié que ses cousins, Jean-Pierre Roy, 56 ans, et Éliane Parenteau, 93 ans, avaient constamment occupé ses pensées dans les mois qui ont suivi la tragédie, tout comme les autres victimes.

«Seulement le fait de passer devant ce sinistre chaque jour, plusieurs fois par jour, ça nous le rappelle, avait-elle révélé. Mais malgré ça, il faut continuer à avancer. Si on laissait nos émotions prendre le dessus, je pense que je resterais à la maison.»

Mme Roy Laroche approchait la fin de son mandat à l'été 2013 et ne prévoyait pas se représenter aux élections à l'automne. Après la catastrophe, son mandat avait été prolongé de deux ans par le gouvernement provincial.

Vivre son deuil personnel était donc devenu une tâche de plus à sa charge, et ce, dès le moment de la première explosion.

Alors que les flammes dévoraient sa ville, elle a immédiatement fait son devoir de mairesse, malgré la peur que certains de ses proches puissent se trouver au milieu du brasier.

Durant des heures, elle a craint que son fils, Frédéric Laroche, fasse partie des victimes. Elle est montée dans sa voiture après la première explosion et a conduit aussi près de l'incendie qu'elle a pu.

«Je me suis dit: "J'espère que Frédéric n'est pas là"», a raconté Mme Roy Laroche, qui a appris le lendemain que son fils était bien en sécurité à la maison.

Elle croit qu'elle doit la vie de son fils au fait qu'elle n'était pas disponible pour garder ses petits-enfants ce soir-là, sans quoi il se serait probablement trouvé au populaire bar Musi-Café, où plus d'une vingtaine de personnes ont péri.

La mairesse avait de la difficulté à contenir ses larmes en racontant l'histoire.

«Grand-maman avait de la visite, alors grand-maman ne pouvait pas garder. C'est ce qui fait qu'il est resté à la maison», a-t-elle expliqué.

Ce soir-là, elle avait aussi pensé à sa cousine, Éliane Parenteau, qui vivait au centre-ville, mais dont la mobilité était réduite. Première victime à être identifiée par les autorités, elle avait exprimé le désir de mourir à la maison...

«Finalement, c'est une mort tragique, mais en même temps, ça correspond à ce qu'elle voulait comme fin de vie», avait-elle souligné.

Celle que l'on a surnommé la «dame de granit» a admis qu'elle cédait parfois à l'émotion, ce qui arrive sans crier gare la plupart du temps.

«Je pense que je contrôle assez bien mes émotions, mais en même temps, je n'ai pas le contrôle du moment où ça déborde», a-t-elle affirmé.

«C'est un petit milieu ici, alors on ne peut pas oublier.»

Jeudi, le premier ministre Philippe Couillard a rendu hommage à Mme Roy Laroche.

«Quel magnifique exemple de courage, de détermination et de service dans des circonstances terribles», s'est exclamé M. Couillard, qui a été interrogé à ce sujet alors qu'il se trouvait à Montréal.

Il a promis qu'il allait l'appeler personnellement pour lui souhaiter bonne chance et lui exprimer sa reconnaissance en tant que premier ministre du Québec.

«Tous les Québécois et les Québécoises ont une reconnaissance envers elle parce qu'à travers ces journées terribles, elle a donné une image de force, de courage et de ralliement dont tous vont se souvenir», a-t-il commenté.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, l'a décrite comme son «idole».

«Colette, c'est une boule d'énergie, elle aura été une inspiration sur ce que doit être le rôle du maire ou de la mairesse et elle nous a tellement inspirés», a lancé le maire montréalais.

«Elle a probablement vécu ce qu'il y a de pire en politique, elle a démontré comment se comporter dans l'adversité. Elle a été vraiment admirable et fantastique.»

De son côté, la présidente de l'Union des municipalités du Québec, Suzanne Roy, a tenu à saluer celle qu'elle considère comme une «inspiration constante» pour tous les élus.

«Je veux saluer aujourd'hui ce qu'elle a fait, mais aussi ce qu'elle est: une femme avec un coeur d'or et des qualités qui sont l'apanage des gens d'exception», a-t-elle déclaré par communiqué.