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mardi, juin 02, 2015

Une semaine cruciale pour la réconciliation entre les Premières Nations et le Canada

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Mise à jour le mardi 2 juin 2015 à 3 h 42 HAE

C'est un appel à l'ouverture que le chef de l'Assemblée nationale des Premières Nations, Perry Bellegarde, a lancé aux gouvernements et aux Canadiens de partout au pays, lundi, à la veille de la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
« Nous devons nous concentrer sur le développement de meilleures relations, réduire les écarts, parce qu'il sera difficile de se concentrer sur la réconciliation », a indiqué le chef Bellegarde lors d'une conférence de presse, lundi après-midi.
Si cette réconciliation s'annonce difficile, a-t-il poursuivi, c'est parce que les maux qui affligent les communautés autochtones de partout au pays demeurent bien réels près de 140 ans après l'adoption de la Loi sur les Indiens.
Une famille autochtone sur quatre vit dans la pauvreté, a rappelé le chef Bellegarde.
Les résidents de 120 communautés doivent toujours faire bouillir leur eau avant de la consommer.
Les logements dans les communautés sont surpeuplés et en décrépitude; il en manque 135 000.
Seuls 35 % des Autochtones obtiennent un diplôme d'études secondaires.
La violence demeure prépondérante, comme le montre le cas de quelque 1200 femmes et filles autochtones tuées ou portées disparues au cours des dernières années, a encore dit le chef Bellegarde, et le nombre d'enfants confiés aux soins des gouvernements provinciaux demeure élevé.
« Il est difficile de parler de réconciliation quand vous voyez toutes ces statistiques qui montrent comment nos communautés sont minées. Alors, l'attention portée à la réconciliation cette semaine est très importante. »— Perry Bellegarde, chef national de l'Assemblée des Premières Nations

Le chef Bellegarde invite donc Ottawa et les provinces, mais aussi l'ensemble des Canadiens, à adopter de nouvelles façons de voir les choses, notamment au sujet de la reconnaissance des titres aborigènes et de l'économie des peuples autochtones.
« Il y a un énorme besoin de vraiment reconstruire cette relation et de dire au Canada et au monde ce qui est arrivé ici », a-t-il dit.
Selon lui, le respect des traités portant sur les droits des peuples autochtones est une des clés de la réconciliation à venir. La signature par Ottawa de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, a-t-il ajouté, est en ce sens un « strict minimum ».
Le chef Bellegarde a aussi invité les Canadiens à se débarrasser de leurs préjugés envers les Autochtones, et notamment de leurs « attitudes discriminatoires et racistes » envers eux, afin de refonder leur relation.
Il a rappelé le « puissant message » livré par le juge en chef de la Cour suprême, Beverly McLachlin, la semaine dernière, lorsqu'elle a fait référence au « génocide culturel » subi par les Premières Nations.
Au regard de la situation actuelle, le chemin s'annonce long, a-t-il prévenu, en appelant les gouvernements à travailler de concert avec les peuples autochtones pour construire un Canada plus inclusif.
« C'est une semaine très importante, mais ça ne devrait pas se limiter à cette semaine. Et le message qu'on envoie à tout le monde, les gouvernements et les Canadiens de partout au pays, c'est que, lorsqu'on comble le fossé, c'est bon pour tout le monde. »
« Quand on investit dans la formation et l'éducation, dans des logements appropriés et l'eau potable, c'est bon pour tout le monde. Parce que, quand nous gagnons, tout le monde gagne », a-t-il poursuivi.
« Nous avons une histoire commune et nous avons une responsabilité commune d'aller de l'avant en 2015. Je sais qu'il reste beaucoup de travail à faire aujourd'hui, demain, et dans les semaines, les mois et les années qui suivront, pour faire du Canada le pays qu'il peut et qu'il doit être. »— Perry Bellegarde, chef national de l'Assemblée des Premières Nations

Une volonté de changement
En après-midi, lundi,  le ministre des Affaires autochtones Bernard Valcourt s'est levé à la Chambre des communes pour affirmer la volonté de son gouvernement de « poursuivre ses efforts pour la réconciliation » avec les Premières Nations.
Il a rappelé les « excuses historiques » du premier ministre Stephen Harper en 2008, lesquelles « témoignent de l'engagement du Canada à se joindre au peuple autochtone sur le parcours de la guérison, vers la réconciliation ».
Le ministre Valcourt a ajouté que le gouvernement reconnaît que la réconciliation prendra des générations et qu'il faudra changer les attitudes et les perceptions de tous les Canadiens.
Le député Roméo Saganash, porte-parole adjoint des affaires intergouvernementales du NPD, a eu ces mots à la veille de l'adoption du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, qui a recueilli pendant quatre ans les témoignages d'anciens élèves des pensionnats autochtones.
« Demain, prenons une pause pour réfléchir à la voie à suivre pour l'avenir. L'histoire nous donne une autre occasion. Les Canadiens veulent du changement. Changement et réconciliation vont de pair. Essayons de faire ce que 148 ans de gouvernements n'ont pas su faire pour la réconciliation. », a déclaré le député qui est aussi un survivant des pensionnats autochtones.
 Il a ajouté qu'il n'y a pas de réconciliation sans justice. « Il faut adopter des changements substantifs en partenariat avec tous les peuples autochtones. »