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Le nouveau chef de l’opposition officielle à Québec a dû pousser un soupir de soulagement en prenant connaissance des bons résultats en ce qui le concerne du sondage Léger Marketing dans Le Journal et Le Devoir d’hier!
Jusque là, on pouvait se demander si, indépendamment de son élection à la tête du PQ, l’arrivée de Pierre Karl Péladeau en politique n’aurait pas un effet nul, voire carrément négatif, sur l’électorat québécois.
Cela dit, rappelons qu’une bouffée de popularité pour un leader fraîchement élu est la norme, l’affaire ne durant souvent pas très longtemps: parlez-en à Stéphane Dion ou à François Legault! Il reste par ailleurs encore trois ans avant la prochaine élection, une éternité en politique.
Péladeau crédible économiquement
En fait, le point à retenir de ce sondage est moins la montée en popularité de M. Péladeau, de son parti ou de la souveraineté que le fait que, pour la première fois de mémoire d’homme, le chef du PQ bat à plate couture son adversaire libéral en ce qui a trait à la grande force traditionnelle du PLQ: le développement de l’économie. En tout, 40 % de confiance à M. Péladeau, pour 22 % à M. Couillard!
Il en va incidemment de même en ce qui a trait à la gestion des finances de l’État (34 % contre 22 %): toute une gifle pour MM. Leitao et Coiteux!
Il est difficile de ne pas faire le lien avec les difficultés majeures que rencontrent plusieurs grandes entreprises au cœur du pouvoir économique québécois, ce que l’on appelait naguère le «Québec inc.» On pense à Bombardier, au Cirque du Soleil, à Lavallin, à Alcan, etc.
Avant une souveraineté très hypothétique, la première responsabilité de M. Péladeau est d’être un chef de l’opposition efficace. Cela s’applique tout particulièrement à la défense du pouvoir québécois, en particulier au plan économique, domaine où les Québécois lui accordent le maximum de crédibilité.
Souveraineté pour baby-boomers
Ce que M. Péladeau aura à dire à ce sujet constituera un test pour le reste. Car manquerait dangereusement de crédibilité, une souveraineté solution magique à tous les problèmes, déconnectée du pouvoir québécois concret.
L’affaire ressemble beaucoup ces temps-ci à un projet de retraite pour baby-boomers désespérés, pour qui l’indépendance et leurs petites personnes sont devenues plus importantes que le Québec lui-même: «Après nous le déluge!»
Son projet souverainiste ne saurait empêcher M. Péladeau de réagir au fait que le pouvoir dont nous disposons aujourd’hui nous échappe de plus en plus au plan économique.
Surtout que, nonobstant les beaux sondages, on ne sent actuellement aucune volonté RÉELLE des Québécois de faire l’indépendance. Cela, alors que les relations avec le reste du pays sont au neutre et qu’un contexte international périlleux amène tout le monde à valoriser un paramètre «sécurité» auquel les Québécois sont sensibles.
En d’autres mots, indépendamment de la souveraineté dont il veut pour les Québécois, on espère que le passage de M. Péladeau en politique comme chef de l’opposition servira à tout le moins à mettre efficacement de la pression sur un gouvernement Couillard se désintéressant scandaleusement du démantèlement du pouvoir économique québécois.