Annonce

samedi, septembre 03, 2016

La Chine et les États-Unis ratifient l'accord de Paris

http://www.lapresse.ca/environnement/dossiers/changements-climatiques/

Publié le 03 septembre 2016 à 07h35 | Mis à jour à 09h10
Le président Barack Obama et son homologue chinois... (PHOTO HOW HWEE YOUNG, AFP)
PHOTO HOW HWEE YOUNG, AFP
Le président Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping ont annoncé ensemble la ratification par leurs deux pays, les deux principaux pollueurs du globe, en marge d'un sommet du G20 à Hangzhou, le 3 septembre.

JULIEN GIRAULT
Agence France-Presse
HANGZHOU
La Chine et les États-Unis, les deux principaux pollueurs de la planète, ont ratifié samedi l'accord mondial sur le climat conclu en décembre à Paris à l'issue de la COP21, ce qui accélère grandement le processus vers son entrée en vigueur.
En marge du sommet du G20 à Hangzhou (est de la Chine), le président Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping ont présenté ensemble au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon les documents de ratification par leurs deux pays.L'accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique sous le seuil de 2° voire 1,5 °C par rapport au niveau préindustriel, pourra être considéré par les générations futures comme « le moment où nous avons enfin décidé de sauver notre planète », a commenté M. Obama.
Chine et États-Unis sont responsables au total d'environ 40 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde - 15 % pour les seules émissions américaines.
L'objectif suppose des efforts douloureux pour la Chine, qui tire quelque 70 % de son électricité du charbon et produit 24 % des émissions mondiales de CO2.
Désormais, « je suis optimiste sur le fait que nous arriverons [à une entrée en vigueur] d'ici à la fin de l'année », s'est enthousiasmé samedi M. Ban Ki-moon.
L'accord de Paris a été signé par 180 pays, mais chacun doit ensuite le ratifier, selon ses propres modalités [vote au Parlement, décret...]. Il faut la ratification d'au moins 55 pays totalisant 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour qu'il entre en vigueur.
Jusqu'à présent, seuls 24 pays étaient allés au bout du processus, selon le site des Nations unies : surtout des petits États insulaires, les plus exposés mais ne représentant que 1,08 % des émissions.
L'héritage d'Obama
Barack Obama doit profiter du G20 de Hangzhou, dimanche et lundi, pour pousser d'autres pays, notamment l'Inde, à ratifier rapidement l'accord.
Une telle célérité s'explique par le souci de garantir la pérennité de l'héritage environnemental d'Obama, dont le mandat s'achève en janvier, selon son conseiller climat Brian Deese.
« L'histoire montre qu'une fois que ces accords sont en vigueur et signés par les États-Unis, nous y restons », en dépit des alternances politiques, souligne-t-il. Contrairement au protocole de Kyodo, approuvé sous la présidence de Bill Clinton... et jamais ratifié par son successeur George W. Bush.
La Maison-Blanche assure que la ratification de l'accord de Paris ne nécessite pas le feu vert du Congrès, contrôlé par l'opposition républicaine.
« C'est un signal que la communauté internationale s'attaque enfin de façon concertée à la menace climatique », a réagi pour l'AFP Alvin Lin, de l'ONG environnementale NRDC.
Cette annonce sino-américaine « était totalement impensable il y a encore six mois », juge l'ONG WWF, qui table sur un effet d'entraînement parmi les autres nations.
L'institut Climate Analytics a recensé 34 pays s'étant engagés à ratifier l'accord climatique d'ici à fin 2016 (Brésil, Canada, Indonésie, Japon, Iran...). La France l'a fait mi-juin, les autres membres de l'Union européenne doivent encore l'imiter.
Dilemme des subventions
Les défis restent cependant colossaux. « Parler de " triomphe " après Paris, et continuer de couvrir de généreuses subventions les industries des énergies fossiles n'est simplement pas compatible » voire « hypocrite », s'agace Li Shuo, conseiller climat pour Greenpeace.
La Chine est le premier pays en termes d'investissements dans le solaire, mais a également approuvé en 2015 la construction d'au moins 150 nouvelles centrales à charbon.
La consommation chinoise de charbon a doublé sur la décennie 2004-2014, alimentant une pollution atmosphérique endémique - à telle enseigne que les autorités ont fait fermer les usines jusqu'à 300 km autour de Hangzhou pour garantir un ciel bleu au G20.
Pour autant, Xi Jinping s'est voulu encourageant : « Quand le vieux chemin ne mène plus nulle part, il faut recourir à de nouvelles méthodes [...] On doit donner soutenir l'innovation », a-t-il dit samedi.
Le sommet de Hangzhou « doit être l'occasion pour les dirigeants d'établir un calendrier pour éliminer leurs subventions aux carburants fossiles » et mieux soutenir les énergies durables, insiste Li Shuo.
Désormais, le monde des affaires lui-même fait pression, pointant les risques financiers induits par le changement climatique - inondations, sécheresse, montée du niveau de la mer.
Un groupe d'une centaine d'institutions et entreprises contrôlant 13 000 milliards de dollars d'investissements, puis trois des plus grands assureurs mondiaux, ont successivement enjoint ces derniers jours le G20 de ratifier l'accord de Paris d'ici à fin 2016.

DONALD TRUMP Démagogue en chef

http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/

3 septembre 2016 |Guy Taillefer | États-Unis | Éditoriaux
À deux mois de la présidentielle, Donald Trump talonne Hillary Clinton dans les sondages, ce qui est consternant. Le candidat républicain à la Maison-Blanche a atteint dans son discours sur l’immigration, prononcé mercredi à Phoenix, des sommets vertigineux de démagogie — et de dangerosité.

La démocrate Hillary Clinton soutient la libération de « dangereux, dangereux, dangereux criminels », a déclaré Donald Trump à Phoenix. Pourquoi redoute-t-elle l’idée de diviser les familles des illégaux en les expulsant, s’est-il demandé, alors que des « familles américaines » (lire : blanches) sont divisées par des meurtres commis par des immigrants ? Parce qu’elle est elle-même une criminelle… bien entendu. Exemple parmi d’autres du délire démagogique auquel il s’est à nouveau livré dans un discours « en dix points » que sa machine partisane avait pourtant annoncé comme majeur et substantiel.
 
Quelques heures plus tôt à Mexico, où il était allé rencontrer Enrique Pena Nieto (on se demande d’ailleurs par quel mauvais calcul politique le président mexicain a pu penser qu’il lui serait utile de rencontrer cet homme pourtant honni south of the border), M. Trump a fait un effort surhumain pour se montrer « présidentiable ». Le naturel est revenu au grand galop à Phoenix dans une logorrhée de propos incendiaires où le candidat dûment désigné du Parti républicain, loin d’adoucir ses positions, a réduit les onze millions de sans-papiers à une bande de criminels, réitéré son intention de faire construire sur la frontière un mur« impénétrable et merveilleux » payé par les Mexicains et s’est engagé, pour ainsi dire, à mettre tout l’appareil d’État au service d’une vendetta contre l’ensemble des clandestins, du premier au dernier.
 
Le fait est, soit dit en passant, que l’immigration n’est pas aux États-Unis un facteur important de criminalité. Il se trouverait au contraire qu’elle est objectivement un facteur de sécurité, faisait remarquer vendredi le chroniqueur David Brooks dans le New York Times. Selon une étude qu’il cite, à peine 3 % des immigrants sans diplôme collégial, nés au Mexique, au Salvador et au Guatemala, font de la prison, par comparaison à 11 % des hommes nés aux États-Unis.
 
Entendu que M. Trump dit des énormités. Sauf que, dans l’ordre actuel des choses, là n’est pas la question.
 
Trump, Trump, Trump, martèlent ses partisans. Son nom est devenu le mantra d’une certaine Amérique blanche aveuglée par la colère et la frustration. La candidature de M. Trump a rétabli et légitimé le droit à l’affirmation identitaire blanche en des termes qui n’ont culturellement plus leur place dans l’espace public depuis des décennies. Il a libéré une parole pétrie d’intolérance, et cette parole renvoie dangereusement à l’époque ségrégationniste.
 
L’analyse électorale dominante veut qu’il lui soit impossible de remporter la présidentielle sans élargir sa base et rallier des républicains plus modérés. À défaut, il courrait à sa perte. Et pourtant.
 
À deux mois de l’élection, M. Trump semble faire au contraire le calcul, si tant est qu’il ait véritablement une stratégie électorale, qu’il peut l’emporter de justesse sans devenir plus poli et plus politiquement correct.
 
Il peut compter sur le fait que 20 % des électeurs (ils sont deux fois plus nombreux qu’en 2004) défendent des opinions qui sont aux extrêmes de l’échiquier politique, selon une étude du Pew Center. Il peut ensuite faire le pari que Mme Clinton, qui n’inspire pas la plus grande des sympathies au sein de l’électorat démocrate, va perdre des votes à son « extrême gauche » parmi les jeunes Américains que les idées de Bernie Sanders avaient rameutés.
 
Ce faisant, dans le contexte de plus en plus polarisé qu’est celui des États-Unis, M. Trump fait un calcul qui n’est malheureusement pas insensé.

CHEFFERIE DU PQ › LES GRANDES ENTREVUES DU «DEVOIR» Vaincre la peur par la raison

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/

Martine Ouellet accuse Cloutier et Lisée de ramener les arguments fédéralistes à l’intérieur du PQ

3 septembre 2016 | Robert Dutrisac - Correspondant parlementaire à Québec
Martine Ouellet était de passage dans les bureaux du «Devoir» jeudi.
Martine Ouellet était de passage dans les bureaux du «Devoir» jeudi.Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Jusqu'à la fin septembre, nous publions une série de rendez-vous avec les candidats à la chefferie du Parti québécois. Les tables éditoriales, dont l’ordre a été déterminé au sort, se succéderont ainsi chaque samedi jusqu’au 24 septembre. Aujourd'hui: Martine Ouellet.

Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée instillent les peurs, alimentées par des fédéralistes quant au référendum et à l’indépendance au sein même du Parti québécois, accuse la candidate à la direction du Parti québécois, Martine Ouellet.

S’opposant à « l’attentisme, le défaitisme » de ses deux adversaires, Martine Ouellet estime qu’ils ont intériorisé l’argumentaire fédéraliste. « Le discours de peur, qui est réalisé indirectement par Alexandre Cloutier et directement par Jean-François Lisée, à l’intérieur des propres rangs du Parti québécois » la sidère, a-t-elle livré dans une entrevue éditoriale accordée au Devoir« Ils ramènent les arguments fédéralistes à l’intérieur du PQ, c’est incroyable. »

Martine Ouellet a pris l’engagement, si elle est élue chef du PQ et si elle remporte les élections de 2018, de tenir un référendum dans un premier mandat. Si le PQ obtient une majorité de sièges, « peu importe le niveau de votes, on va avoir le mandat de réaliser l’indépendance », a-t-elle avancé.

Jean-François Lisée promet au contraire de ne pas tenir de référendum dans un premier mandat, ni d’amorcer une démarche gouvernementale vers l’indépendance, ni d’engager des fonds publics pour la promouvoir. Avec « une stratégie où on tasse l’indépendance, vous ne convainquez pas les fédéralistes et vous perdez votre monde. Moi, j’appelle ça perdant-perdant », juge la candidate. Et puis, le Parti libéral de Philippe Couillard va de toute façon faire porter l’élection sur le référendum et l’indépendance. « La peur, ils vont continuer à l’agiter », a-t-elle prédit.

Rassembler les indépendantistes

Alexandre Cloutier révélera s’il tiendra ou non un référendum dans un premier mandat de son gouvernement que six mois avant les prochaines élections. « C’est le candidat de l’ambiguïté », estime Martine Ouellet. Il a dit ne pas vouloir demander un « chèque en blanc » à la population du Québec, mais il en demande un aux membres du PQ. « C’est assez surprenant », a-t-elle fait remarquer.

« Si on tasse l’indépendance, c’est la stratégie d’échec de 2014 qu’on va répéter en 2018 en pire, estime-t-elle. On a déjà perdu d’aplomb en 2014, et si on veut rassembler l’ensemble des indépendantistes — il y a 40 % d’indépendantistes au Québec —, il faut que l’indépendance soit à l’ordre du jour. »

Alexandre Cloutier jouit de l’appui d’une majorité de députés au caucus et de celui de l’establishment. Selon Martine Ouellet, les membres du PQ sont « tannés » de la mainmise de l’establishment sur le parti. « Le caucus et l’establishment sont déconnectés du terrain, estime-t-elle. Le Parti québécois adeux bases solides : l’indépendance et la social-démocratie. Le caucus et l’establishment se sont éloignés de ces deux bases dans les dernières années. »

De son côté, Martine Ouellet n’a aucun appui parmi ses collègues députés. « Je trouve ça triste, a-t-elle dit. Le pouvoir qu’ils ne veulent pas perdre, bien, ils l’ont perdu en 2014. »

Ce que veulent les péquistes, c’est l’indépendance, a-t-elle résumé. « Je vous le dis, sur le terrain, j’ai une avance. C’est très clair », a-t-elle affirmé. Les sondages qui ne la favorisent guère ne semblent pas entamer son assurance.

« Nous, ce qu’on sent sur le terrain, c’est que la course d’Alexandre, elle ne lève pas », a soutenu Martine Ouellet. L’establishment a un effet d’« éteignoir » sur le candidat.« L’establishment éteint l’audace, a-t-elle fait observer. La jeunesse d’Alexandre a vieilli bien vite. »

« S’il pensait que la campagne commençait juste maintenant et qu’il s’est permis de ne rien faire pendant tout l’été en pensant que la couronne allait arriver toute seule, bien, je pense que ce n’est pas ça, le Parti québécois », a-t-elle dit.

Convergence

Et à ceux qui voient dans Alexandre Cloutier, avec sa jeunesse et sa belle gueule, une réplique québécoise de Justin Trudeau, Martine Ouellet répond que les stratégies d’image et les effets de mode, propres aux partis qui se proposent « de gérer le statu quo », ne marchent pas au PQ. « Les stratégies d’image, c’est une chose. Mais le Parti québécois, ce n’est pas ça. On ne s’en va pas là pour gérer juste une province et faire de la gouvernanceprovincialiste. »

Maintenant que Véronique Hivon a abandonné la course, Martine Ouellet se dit la seule capable de faire progresser la convergence des partis souverainistes. « Je suis la seule à pouvoir prendre le legs de Véronique sur la convergence. Québec solidaire et Option nationale l’ont dit : la seule façon que la convergence peut se réaliser pour 2018, c’est que l’indépendance soit un engagement dans le prochain mandat. »Sinon, ON va se considérer le seul parti véritablement indépendantiste et QS va continuer à tenter d’attirer l’électorat péquiste, son terrain de prédilection, craint-elle. Avec une stratégie où l’indépendance n’est pas à l’avant-plan, « ça va être la fragmentation du PQ qui va se poursuivre ».

Des réponses

Comme pour témoigner de cette convergence, Louis-Philippe Dubois, le directeur des communications de la candidate, un ancien directeur général d’ON, a reçu pendant l’entrevue un appel de Sol Zanetti, l’actuel président de cette formation politique, pendant l’entrevue. Il n’a pas poussé le rapprochement jusqu’à répondre sur-le-champ à l’appel.

Pour conjurer les peurs — les peurs fabriquées par les fédéralistes —, Martine Ouellet compte sur les réponses que le parti fournira à la population au sujet de l’indépendance. Se défaire des peurs « par de la connaissance », grâce un livre blanc, à une Constitution initiale qui clarifie l’après-référendum. Bref, elle croit pouvoir vaincre ces peurs par la raison.

Même si elle mord la poussière le 7 octobre, Martine Ouellet a donné l’assurance qu’elle se représentera dans la circonscription de Vachon malgré la pusillanimité de ses adversaires. Mais pour l’heure, elle est là pour gagner.

Notes biographiques
Âge 47 ans

Formation Baccalauréat en génie mécanique, Université McGill ; maîtrise en administration des affaires (M.B.A.), École des hautes études commerciales ; membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec.

Expérience politique Députée de Vachon depuis juillet 2010 ; ministre des Ressources naturelles de septembre 2012 à avril 2014 ; aujourd’hui porte-parole de l’opposition officielle en matière de transports, de stratégie maritime et d’électrification des transports.