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mardi, mai 26, 2015

D’où viennent l’argent et les armes?

http://www.journaldemontreal.com/

Gilles Duceppe
Chaque fois que je vois des images montrant les conflits armés qui se déroulent à travers le monde, je me demande comment il se fait qu’il y ait tant d’argent destiné à l’achat d’armes dans ces pays où règne une pauvreté extrême.
Les reportages qui nous proviennent du Moyen-Orient et de l’Afrique nous présentent des images d’hommes, de femmes et d’enfants affamés qui vivent l’horreur de la guerre. Nous voyons régulièrement aux bulletins de nouvelles ces migrants de la mer qui arrivent en Europe dans des conditions épouvantables. Et, c’est sans parler de ceux et celles qui ont péri en mer.
Aux mêmes bulletins de nouvelles, l’on peut voir des combattants s’entretuer avec des armes souvent très sophistiquées. Mais d’où proviennent donc ces armes puisqu’il n’y a pas, à ce qu’on sache, de fabricants d’armes dans ces pays? Comment ces pays et ces groupes armés, comme l’État islamique, trouvent-ils l’argent nécessaire pour acheter tant d’armes depuis si longtemps?
Les démocraties ferment les yeux
Il n’est pas surprenant que des pays totalitaires, comme la Chine, puissent vendre des armes à ces pays souvent diri­gés par des dictatures ou à des groupes terroristes voulant imposer de nouvelles dictatures. On ne peut non plus faire confiance à un pays comme la Russie, dont le régime n’a de démocratique que le nom.
Mais ce qui est désarçonnant, c’est de constater que des pays démocratiques comme les États-Unis, le Canada et les pays européens ferment carrément les yeux devant cette terrible réalité.
Qui plus est, ces mêmes pays fournissent et vendent des armes à bon nombre de dictatures, comme le fait le Canada avec l’Arabie saoudite. Le Canada est toutefois un joueur mineur comparativement aux États-Unis et, à un degré moindre, à la France.
Ajoutons à ce triste portrait l’immunité accordée dans les faits aux marchands d’armes présents dans les pays démocratiques qui agissent en pleine contradiction avec les prises de position de leur propre pays.
D’où vient le financement
Certes, quelques-uns se font prendre à l’occasion, mais on ne fera croire à personne que les autorités des pays démocratiques ignorent ce commerce odieux. On n'ignore bien que ce que l’on veut ignorer, dit le proverbe.
Comment des groupes fanatiques peuvent-ils acheter autant d’armes? Ces terroristes s’approprient certes des armes confisquées aux adversaires, mais encore faut-il que ces derniers en aient eu auparavant pour s’en emparer!
Il est clair que des dictatures, comme l’Arabie saoudite, ont toujours appuyé financièrement les fanatiques islamistes, mais les démocraties ont fermé les yeux sur les agissements d’un pays qu’elles considèrent comme un allié dans cette région du monde. Un drôle d’allié que celui qui finance ceux qui visent la destruction du monde civilisé!
Ce comportement aveugle fragilise l’appui à la lutte contre le terrorisme.
La lutte contre le terrorisme doit être menée ici et également là où sévissent ces groupes. Il reste cependant que si la population accorde son appui à des mesures sévères ici, elle est plutôt réfractaire à accorder son soutien à des interventions à l’étranger. Cela s’explique en bonne partie par l’attitude contradictoire de nos gouvernements envers ceux que l’on combat et ceux qui soutiennent ces mêmes ennemis.

lundi, mai 04, 2015

Changeons le mode de scrutin

http://www.journaldemontreal.com/

Gilles Duceppe
Notre mode de scrutin ne répond plus à la réalité. Sous René Lévesque, le PQ proposait d’instaurer la proportionnelle. Québec solidaire et la CAQ proposent aujourd’hui un mode de scrutin mixte qui maintiendrait le mode actuel, accompagné d’un mode proportionnel.
À mon avis, il faut changer notre mode de scrutin. Il faut donc analyser certains volets et en aborder d’autres afin que le changement ne provoque pas d’autres inégalités.
Maintenir le nombre actuel de députés
Le changement de mode de scrutin ne doit pas impliquer une augmentation du nombre de députés, sauf si une entente était conclue avec les Premières Nations afin de leur réserver un certain nombre de sièges.
Le Québec pourrait adopter la carte électorale qui existait au fédéral avant les dernières modifications, à savoir 75 circonscriptions.
La solution à ce problème ne réside toutefois pas dans le nombre de comtés, mais avant tout dans une réelle délégation de pouvoirs aux régions.
Les fédéralistes et les souverainistes ne pourraient tenir la victoire pour acquise dans un tel scénario, car, au fédéral, le PC, le PLC, le NPD et le Bloc ont à tour de rôle obtenu une cinquantaine de députés.
Les dimensions des comtés seraient plus grandes, mais j’ai vu des députés dont le comté était très grand être beaucoup plus présents que d’autres dont le comté était plus petit!
La place des régions
Toute diminution du nombre de comtés soulève la question de la place des régions dans le processus de décision.
Si le principe d’une personne, un vote est fondamental, il reste que les régions moins peuplées ne doivent pas voir leur importance diminuer.
La solution à ce problème ne réside toutefois pas dans le nombre de comtés, mais avant tout dans une réelle délégation de pouvoirs aux régions afin que celles-ci soient en mesure d’adapter des politiques nationales à leur réalité, plutôt que de subir l’effet de décisions bureaucratiques provenant de l’appareil d’État.
En ce sens, il importe d’instaurer des centres régionaux décisionnels en évitant l’écueil de la «structurite».
La proportionnelle et la représentation des femmes
Dans le modèle proposé, il y aurait donc 50 sièges réservés à des personnes élues selon le mode de scrutin proportionnel.
Voilà donc une excellente occasion de réduire l’inégalité entre les hommes et les femmes.
Nous pourrions adopter une règle qui inverse les résultats obtenus selon le mode actuel pour l’appliquer au mode proportionnel. Ainsi, si 60 % des 75 circonscriptions élisaient des hommes, les partis devraient faire en sorte que 60 % des sièges auxquels ils auraient droit en vertu de la proportionnelle soient accordés à des femmes. Dans cet exemple, il y aurait 45 hommes et 30 femmes élus en vertu du mode actuel et 20 hommes et 30 femmes élus en vertu du mode proportionnel. Le Parlement compterait donc 65 hommes et 60 femmes, assurant ainsi une représentation plus proche de la réalité.
Dans le cas où 80 % d’hommes seraient élus selon le mode traditionnel, le Parlement compterait alors 70 hommes et 55 femmes.
En somme, nous devrions profiter d’un changement du mode de scrutin pour accorder également plus de pouvoirs aux régions et équilibrer la représentation entre les hommes et les femmes.

lundi, avril 06, 2015

Le chat est sorti de la toge!

http://www.journaldequebec.com/

Je me suis surpris à me dire qu’il était bien triste qu’en nous débarrassant de la religion, nous ayons mis tout le reste à la poubelle

Gilles Duceppe
Nombreux sont ceux qui se demandaient quel énergumène avait bien pu porter plainte contre un avocat qui réclamait auprès d’une juge que le jugement qu’elle avait rendu en anglais soit traduit en français.
Le chat est finalement sorti de la toge! Il n’y a pas un seul énergumène, il y en a deux. Et ils occupent des postes importants dans notre système judiciaire.
Celui qui a déclenché toute l’affaire est le juge en chef de la Cour supérieure François Rolland, qui s’est dit étonné de la teneur et du ton de la demande de l’avocat, Frédéric Allali. Le juge en chef de la Cour supérieure est donc étonné qu’un avocat demande qu’un jugement soit disponible en français au Québec en 2015!
Ce qui est franchement étonnant c’est que le juge ne comprenne pas qu’il est anormal que la justice ne soit pas rendue en français au Québec. Il faut s’étonner également que François Rolland occupe d’aussi importantes fonctions en faisant preuve d’aussi peu de jugement.
L’autre énergumène, c’est le syndic adjoint du Barreau du Québec, Jean-Michel Montbriand (remarquez l’ironie de son nom!), qui s’empresse de déposer une plainte en déontologie contre l’avocat devant le Conseil de discipline du Barreau, l’accusant d’avoir fait «défaut de soutenir l’autorité des tribunaux». Ce «brillant» juriste se rend-il compte qu’il affaiblit «l’autorité du système judiciaire» en le déconsidérant aux yeux des Québécois?
Que fait le Barreau ?
Le Barreau ne peut jouer à Ponce Pilate et prétendre qu’il faut attendre que «son» comité de discipline se penche sur le cas. Le syndic doit infirmer la décision absurde de son adjoint afin de redonner un minimum de crédibilité au Barreau dans ce dossier.
Faut-il rappeler aux dirigeants du Barreau qu’ils ont le devoir de rendre la justice accessible à tous? Se pourrait-il qu’une condition incontournable soit de rendre les jugements en français ou de publier obligatoirement une version française s’ils sont rendus en anglais?
Le Bâtonnier du Barreau comprendra-t-il que son rôle n’est pas de «mettre des bâtons dans les roues de la justice», mais de faire en sorte que non seulement les citoyens impliqués dans une cause puissent comprendre parfaitement les jugements, mais qu’également l’ensemble de la population ait accès à ces jugements? N’y a-t-il pas une dimension éducative liée à notre système judiciaire?
L’ineffable ministre de la Justice du Québec
Jusqu’à ce jour, Stéphanie Vallée, ministre québécoise de la Justice, ne faisait pas partie de ce groupe de ministres qui se mettent régulièrement les pieds dans les plats. C’était fort probablement parce qu’elle n’en avait pas encore eu l’occasion!
L’occasion s’est donc présentée et elle ne l’a pas ratée. Loin de s’offusquer de la situation, la ministre a déclaré que «les juges ont la possibilité de rendre le jugement en français ou en anglais».
Doit-on lui rappeler que c’est Robert Bourassa, premier ministre libéral, qui a fait du français la langue officielle du Québec? Sait-elle que nous sommes au Québec, pas en Islande?
La justice doit-elle être obligatoirement rendue en français, quelle que soit la langue maternelle du juge?