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samedi, octobre 07, 2017

Couillard dos au mur



FATIMA HOUDA-PEPIN
MISE à JOUR Samedi, 7 octobre 2017 05:00


Le Parti libéral du Québec a pour tradition de laver son linge sale en famille. Aussi quand des députés osent se plaindre publiquement, c’est que ça va mal, très mal.


« La belle claque sur la gueule » administrée au PLQ par les électeurs de Louis-Hébert, le 2 octobre dernier, est la goutte qui a fait déborder le vase, mais la marmite bouillait déjà depuis bien longtemps.


Les orphelins du PLQ


Les députés de tous les partis sont généralement sur le terrain. Ils se font un devoir de transmettre les préoccupations de leur population à leurs groupes parlementaires et à leur gouvernement et s’attendent, au minimum, à ce qu’ils soient écoutés.


Mais depuis l’arrivée de Philippe Couillard à la tête du PLQ, en 2013, et au pouvoir, en 2014, les députés et les militants libéraux se sentent orphelins de chef.


Prenez, par exemple, le régime d’austérité imposé aux citoyens du Québec depuis les trois dernières années. Il a été orchestré par des ministres technocrates qui n’ont aucune expérience du militantisme au sein du PLQ et n’en connaissent ni l’histoire ni les sensibilités.


« Les vraies affaires » ont été ramenées à un simple exercice comptable, mis en œuvre de façon paramétrique, sans évaluation d’impacts, notamment sur les personnes les plus vulnérables.


Couillard vous dira que c’est l’une des « transformations » majeures de notre siècle. Mais les députés libéraux savent qu’ils doivent bientôt mettre leurs faces sur les poteaux pour aller défendre ce bilan désastreux, dans chacune de leurs circonscriptions, sans grande conviction.


Un remaniement éphémère


Plusieurs députés sentent que la défaite de Louis-Hébert n’est que le prélude à une débâcle beaucoup plus grande qui ne les épargnera pas.


Ils en ont contre cette pseudo consultation sur le « racisme systémique » que leur chef tente de leur enfoncer dans la gorge. À juste tire, les députés des régions comme ceux de Montmorency ou de Portneuf ne se voient pas faire du porte-à-porte en invectivant leurs concitoyens pour cause de racisme.


Mais le mal est plus profond. Ce n’est pas la première fois que des députés libéraux sonnaient l’alarme. Au lieu d’établir un lien direct avec eux et de les impliquer dans l’élaboration des orientations du gouvernement, le chef a décidé de s’en éloigner davantage en y ajoutant une interface de plus.


C’est ainsi qu’il a appelé à sa rescousse, en juillet 2016, un ancien député libéral, Norman MacMillan, à qui il a attribué le titre de « conseiller spécial au premier ministre », mais dont le rôle principal est d’écouter les doléances des députés.


Ça dit tout sur le personnage Couillard. Or, rien ne compensera l’absence de ce lien si privilégié entre un chef et ses députés, un lien si névralgique pour la cohésion d’une équipe.


On l’a compris, le responsable de cette défaite crève-cœur dans Louis-Hébert est Philippe Couillard lui-même. Le soir du 2 octobre, il avait l’air sonné, hagard et désorienté, tout comme ses déclarations décousues et ses contradictions sur le racisme systémique, une stratégie qu’il pensait payante électoralement et qui est en train de se retourner contre lui.


Il lui reste maintenant une carte éphémère, celle du remaniement, mais le vrai remaniement est celui qui doit venir d’en haut, après l’élection de 2018 quand Couillard aura quitté le PLQ et qu’une nouvelle équipe s’engagera à le rebâtir sur de vraies valeurs libérales.

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