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Publié le 16 septembre 2016 à 21h14 | Mis à jour le 16 septembre 2016 à 21h14
Publié le 16 septembre 2016 à 21h14 | Mis à jour le 16 septembre 2016 à 21h14
Contrairement aux autres candidats à la chefferie du Parti québécois, Martine Ouellet croit que les fameuses «conditions gagnantes» pour tenir un référendum sur la souveraineté sont réunies.LE SOLEIL, ERICK LABBÉ |
SIMON BOIVIN
Le Soleil
Le Soleil
(Québec) Les députés du Parti québécois (PQ) sont imprégnés du «mythe» qu'il faut écarter le référendum pour gagner des élections, constate Martine Ouellet, qui juge au contraire que les «conditions gagnantes» sont réunies.
En entrevue éditoriale au Soleil, la députée de Vachon a expliqué l'absence d'adhésion de ses collègues à sa proposition d'un référendum dans un premier mandat.
«C'est un mythe qui circule depuis 20 ans, a affirmé Mme Ouellet. C'est de penser qu'il faut renoncer à l'indépendance dans le prochain mandat à l'élection pour pouvoir gagner. Alors que c'est exactement le contraire.»
La seule manière de mobiliser les indépendantistes est de leur promettre cette consultation, avance-t-elle. Mme Ouellet croit que le «mythe» persiste au caucus péquiste. «Pourquoi ils y croient encore? Ça nous a été répété et répété de toutes sortes de façons», a affirmé l'aspirante-chef. «Et je l'entends encore de la part de collègues candidats. [...] Si on se raconte des histoires de peur entre nous, c'est la peur d'avoir peur. C'est propagé et ça donne le résultat qu'on constate aujourd'hui.»
Le ras-le-bol face aux politiques de Philippe Couillard, le «Canada pétrolier» avec ses projets comme Énergie Est et les accords internationaux qui auront des répercussions sur les agriculteurs québécois sont autant d'exemples de «conditions gagnantes», a analysé Mme Ouellet. Elle se donne six ans pour préparer le référendum.
«Les conditions sont là, mais c'est sûr que si on ne les utilise pas, on va passer à côté», a plaidé la candidate.
Contre la peur, il faut opposer des arguments, dit-elle. Elle a donc préparé un «Plan Ouellet 2018-2022 : pour une République du Québec» et un plan de développement économique, «Climat Québec 2030», qui prévoit la création de 350 000 emplois.
La seule femme de la course dit sentir un traitement médiatique différent en raison de son genre. Elle constate que ce sont plus particulièrement les attaques qui font leur chemin dans les reportages. La députée de Vachon a décidé de jouer le jeu des attaques, même si ce n'est pas «[sa] vision de la politique». «Il faut s'adapter à ça et ce n'est pas naturel, a-t-elle affirmé. L'angle de couverture valorise des traits qui sont souvent plus masculins que féminins.»
Importants appuis
Mme Ouellet insiste sur le fait qu'elle a l'appui de députés bloquistes, d'anciens députés péquistes et de Louis Bernard, ex-secrétaire général du gouvernement sous René Lévesque. Ne pas avoir d'appui au caucus péquiste peut avoir de bons côtés. «Il n'y aura pas de petite clique ou de petite gang, a-t-elle souligné. Ça, je pense que ça va aider beaucoup. Moi, tout le monde aura l'occasion de contribuer et il faudra rassembler large. [...] L'indépendance, c'est au-dessus des ego, au-dessus des partis, et c'est extrêmement rassembleur. Sans l'indépendance, on revient aux petites "games" de pouvoir.»
L'ex-ministre des Ressources naturelles ne regrette pas d'avoir mis le débat sur Anticosti au coeur de la course. Mme Ouellet maintient qu'elle serait parvenue à imposer un BAPE avant l'exploration par forages hydrauliques. Mais elle est «royalement agacée» par le vote de ses collègues Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée, en février, en faveur de ces forages, après avoir obtenu toute l'information sur les impacts environnementaux et la rentabilité difficile du projet. Surtout qu'ils s'étaient prononcés contre Anticosti lors de la course de 2015, a-t-elle martelé.
«Les bottines ne suivent pas les babines, a lancé Mme Ouellet. Et là, ils redisent qu'ils sont contre? Mais dès qu'il y a un peu de pression, ils plient? Parce que c'est ce qui est arrivé.»
Cette pression venait de «l'establishment de l'aile parlementaire», a-t-elle affirmé. «Avoir du leadership, c'est aussi défendre ses convictions, poursuit la candidate. Ce n'est pas changer d'idée parce qu'il y a une petite brise. Moi, je peux vous dire que j'ai fait face au vent.»
«Qu'ossa donne» pour Québec
Lors des débats, Martine Ouellet cherche régulièrement à faire un lien entre la question et un Québec indépendant. Ça a été la même chose lorsqu'on lui a demandé ses intentions pour la région de Québec. «C'est légitime de la part des gens de vouloir savoir "qu'ossa donne" dans leur quotidien», a-t-elle indiqué. Elle parle de 150 à 200 ambassades qui viendraient enrichir la vie diplomatique et commerciale de la capitale. «Vous imaginez l'impact pour les entreprises de la région pour l'exportation de leurs produits», dit-elle. Un Québec indépendant pourrait appliquer ses lois environnementales au Port, par exemple. «Ce n'est pas normal que la qualité de l'air ne puisse pas être protégée parce que le port est de juridiction canadienne», lance-t-elle. Elle juge aussi que si la Davie avait eu sa part des contrats maritimes fédéraux, près de 20 milliards $ seraient revenus à terme dans la région. «Pensez à tous les fournisseurs, évoque-t-elle. Qu'on ne me parle pas de péréquation quand les bonnes jobs se font ailleurs avec notre argent.»
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