http://www.lapresse.ca/international/dossiers/maison-blanche
Publié le 11 septembre 2016 à 11h11 | Mis à jour le 12 septembre 2016 à 08h54
Publié le 11 septembre 2016 à 11h11 | Mis à jour le 12 septembre 2016 à 08h54
IVAN COURONNE
Agence France-Presse
New York
Agence France-Presse
New York
Hillary Clinton, malade d'une pneumonie, a annulé lundi un déplacement en Californie, relançant les interrogations sur sa santé à huit semaines de l'élection présidentielle américaine.
À bientôt 69 ans, la candidate démocrate est sous pression pour s'expliquer, notamment sur le fait que son équipe a attendu deux jours avant de révéler, à la suite d'un malaise, qu'elle avait une pneumonie.
Les conséquences de sa maladie sur la suite de la campagne électorale sont encore difficiles à évaluer. Cette affection respiratoire est causée par des bactéries, des virus et plus rarement par des champignons qui attaquent les poumons. Il peut être difficile de la combattre pour les plus de 65 ans.
Son rival républicain Donald Trump a décidé de ne pas commenter publiquement la santé chancelante de Hillary Clinton, lui souhaitant tout de même un prompt rétablissement, lundi. Lui-même peu enclin à dévoiler des informations précises sur sa santé, il pourrait préférer exploiter un dérapage de la candidate lors d'un discours.
En fin de semaine, Hillary Clinton a qualifié les électeurs du républicain de «panier de pitoyables», «racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes». Elle s'est ensuite excusée, mais sans faire taire la fureur des républicains.
Dimanche matin, elle avait quitté précipitamment une cérémonie d'hommage aux victimes du 11-Septembre à New York pour cause de déshydratation et de coup de chaud, selon son médecin.
Un témoin l'a filmée, de dos, perdant l'équilibre et incapable de monter à bord de son véhicule sans l'aide de deux gardes du corps, une vidéo catastrophique pour son image. Quelques heures après, elle est apparue tout sourire, mais avec des lunettes noires, debout et assurant qu'elle se sentait bien.
Après plusieurs heures de silence, son équipe a publié un communiqué du médecin personnel d'Hillary Clinton, Lisa Bardack, déclarant qu'elle était réhydratée, mais que la candidate était traitée par antibiotiques pour une pneumonie. La date de ce diagnostic: vendredi, soit deux jours auparavant.
Commotion cérébrale en 2012
Donald Trump, 70 ans, accuse sa rivale de manquer d'énergie et d'avoir besoin de constamment se reposer. Certains républicains insinuent qu'elle est malade. Des rumeurs lancées par les quintes de toux fréquentes de la candidate, mises sur le compte d'allergies.
Jusqu'à présent, Hillary Clinton s'est néanmoins révélée plus transparente que son adversaire en matière de santé.
Elle a publié en juillet 2015 une lettre de deux pages de son docteur. Y sont décrits ses médicaments, dont des anticoagulants et des antihistaminiques contre les allergies saisonnières. Elle souffre aussi d'hypothyroïdie.
L'ancienne chef de la diplomatie a été victime de thromboses en 1998 et 2009 ainsi que d'une commotion cérébrale suivie d'un caillot à la tête en 2012, après une chute causée par une déshydratation. Elle a vu double pendant deux mois, selon son médecin, et Bill Clinton a dit à l'époque qu'il lui fallut six mois pour s'en remettre.
Côté Trump, le médecin Harold Bornstein a publié en décembre 2015 une courte lettre écrite de son propre aveu dans la précipitation, et à la formulation vague et emphatique sur «l'excellente» santé de M. Trump.
Mais le 5 septembre, interrogé sur la publication de son dossier médical complet, Donald Trump a dit: «Maintenant que vous me le demandez, je vais le faire».
Les défenseurs d'Hillary Clinton soulignent que le jour de son diagnostic elle a participé à deux réceptions de levée de fonds, une réunion sur la sécurité nationale et une conférence de presse, et qu'elle a accordé une interview. Samedi, elle a participé à une réception de levée de fonds.
Preuve, selon eux, que la sexagénaire est une force de la nature.
«Continuer malgré la maladie, c'est ce que font les femmes, stoïquement, tous les jours», a défendu sur Twitter Jennifer Grandholm, ancienne gouverneure du Michigan et soutien de Hillary Clinton.
Certains rappelaient que le président George H. W. Bush s'était effondré en vomissant sur le premier ministre japonais en 1992, terrassé par une gastroentérite, et qu'en 2002, son fils George W. Bush avait brièvement perdu connaissance après s'être étranglé avec un bretzel.
Mais au-delà des précédents, le retard de communication sur la pneumonie illustre surtout un besoin d'information sur le sujet. «Les Américains ont besoin de beaucoup plus d'informations médicales de ces deux candidats», écrivait vendredi dans le Washington Post David Scheiner, médecin signataire du bulletin de santé de Barack Obama en 2008. «A ces âges-là, il peut commencer à leur arriver des choses».
Pneumonie: cinq choses à savoir
Qu'est-ce qu'une pneumonie?
La pneumonie est une affection respiratoire causée par des bactéries, des virus et plus rarement par des champignons qui attaquent les poumons.
L'infection frappe les alvéoles pulmonaires, des petits sacs en forme de ballons situés à l'extrémité des bronchioles.
L'organisme réagit en déclenchant une réaction d'inflammation. Les alvéoles se remplissent de pus et de liquide inflammatoire, limitant l'apport d'oxygène et rendant difficile la respiration du patient.
Les principaux symptômes sont la fièvre qui peut être importante, la toux d'abord sèche qui devient grasse, la fatigue, un essoufflement. La respiration peut aussi être sifflante.
Le diagnostic est généralement posé sur la base d'un examen clinique, d'une radiographie des poumons, d'une analyse des crachats, pour vérifier que le patient ne souffre pas d'une bronchite ou d'une autre affection respiratoire.
Les pneumonies causées par des champignons sont relativement rares et touchent des patients dont le système immunitaire est affaibli, par exemple ceux atteints du SIDA qui sont infectés soit par des spores apportées par le vent soit par des champignons déjà présents dans leur corps.
Qui est à risque?
La pneumonie peut atteindre des patients de tous âges. C'est une maladie qui peut être particulièrement sérieuse et même potentiellement mortelle pour les personnes très âgées ou très jeunes.
Les fumeurs, les personnes déjà atteintes d'une autre pathologie, comme l'asthme, le diabète, les maladies cardiovasculaires, sont particulièrement vulnérables, selon le CDC américain (Centre pour le contrôle et la prévention des maladies).
La maladie se répand à partir de gouttelettes dans l'air, venant de personnes qui toussent ou éternuent.
Se laver les mains est un moyen efficace pour réduire les risques d'attraper une pneumonie, selon les médecins.
Est-ce dangereux?
Quand une personne adulte de moins de 65 ans sans autre problème de santé attrape une pneumonie, elle arrive habituellement à combattre l'infection.
Mais les personnes dont le système immunitaire est moins performant - les très jeunes ou très vieux ou ceux qui ont une pathologie préexistante - peuvent avoir des difficultés à lutter contre la maladie et développent parfois des complications.
Quand l'infection s'installe, cela peut provoquer une baisse de l'oxygénation du corps.
Dans les cas extrêmes, cela peut conduire à une défaillance d'organes et provoquer la mort.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que la pneumonie est la première cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans dans le monde. Elle est responsable de 15% des décès dans cette tranche d'âge chaque année.
Quel traitement ?
Tout dépend du type de pneumonie. En tout état de cause, les médecins recommandent aux patients de prendre du repos et de boire beaucoup.
Le traitement habituel inclut des antibiotiques en cas de pneumonie d'origine bactérienne.
La pneumonie d'origine virale est dans certains cas traitée avec des antiviraux.
Des corticoïdes peuvent également être prescrits.
L'hospitalisation est recommandée dans les cas les plus sérieux.
Combien de temps faut-il pour s'en remettre?
Cela dépend de la sévérité des symptômes. La plupart du temps, les patients se sentent mieux après un traitement médicamenteux et une semaine de repos.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire