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PUBLIÉ AUJOURD'HUI À 5 H 00 | Mis à jour il y a 16 minutes
Journalistes espionnés par des agents de la GRC :
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Journalistes espionnés par des agents de la GRC :
Une note de breffage à l'intention du ministre de la Sécurité publique, obtenue par CBC, indique que deux journalistes, vraisemblablement Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin de La Presse, ont bel et bien été espionnés en 2007 par des agents de la GRC.
Un texte d'Yves Malo
Pendant neuf jours, en août 2007, des enquêteurs de la GRC ont exercé, sans autorisation de leurs supérieurs, une surveillance physique sur les deux journalistes afin d'identifier la personne qui leur coulait des renseignements.
En 2007, les reporters du quotidien La Presse avaient dévoilé le contenu d'une étude du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) qui faisait état d'une conversation impliquant Adil Charkaoui et un plan pour détourner un avion.
L'authenticité du document n'était pas mise en doute et la GRC voulait identifier la source qui l'avait remis aux journalistes. Les policiers fédéraux ont donc mis sur pied le projet « Standard » pour lancer une équipe de filature aux trousses des journalistes.
Dans la note de breffage, les noms des journalistes sont caviardés, mais le lien est évident. En novembre dernier, des médias faisaient état de cet événement, en disant que la GRC avait songé à filer les reporters. Or, les agents ont fait bien davantage que d'y penser; la filature a bel et bien eu lieu.
La note dit qu'en juillet 2007, le directeur du SCRS a porté plainte auprès de la GRC pour qu'elle fasse enquête sur la fuite du document. Les enquêteurs ont déterminé qu'il y avait deux façons de faire la lumière sur cette histoire. La première était trop compliquée, puisqu'elle suppose de retracer l'origine du document et tous ceux et celles qui y ont eu accès. Cette première approche a été rejetée, car des milliers de personnes, au fil des ans, ont pu consulter le document.
La deuxième méthode était plus simple : surveiller les journalistes Bellavance et Toupin, en souhaitant que la source soit ainsi retracée.
Ce n'est que neuf jours après le début de la surveillance physique, le 24 août 2007, que l'équipe d'enquêteurs a demandé l'autorisation au quartier général de la GRC, permission qui leur a été refusée.
Ce refus était assorti d'un ordre spécifique selon lequel les journalistes ne devaient pas être considérés comme suspects et qu'aucune autre démarche ne devait être entreprise sans le consentement de la direction.
Une semaine plus tard, les enquêteurs sont revenus à la charge. Non seulement leur demande a été encore rejetée, mais la direction les a blâmés d'avoir entrepris la filature sans autorisation.
Le projet « Standard » a été amorcé en 2007 et s'est conclu en 2014. Il y a un autre cas de demande de surveillance d'un journaliste en 2008. Encore une fois, la demande a été rejetée et aucune surveillance n'a été faite.
La preuve que la GRC a pris des journalistes en filature relancera assurément toute la question de la protection des sources journalistiques et la place qu'occupe la liberté de la presse au Canada.
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