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MISE à JOUR
Et comme par hasard, ce même matin, à la une cette fois du Globe and Mail, on trouve un autre récit troublant de financement politique.
MISE à JOUR
Vous vous souvenez sûrement de cette «fameuse» couverture du magazine anglo-canadien MacLeans du 24 septembre 2010. Sinon, jetez un coup d'oeil juste au-dessus, elle coiffe ce billet...
Eh oui. Celle, inoubliable, où on y voyait un montage du Bonhomme Carnaval portant une valise débordante d’argent comptant et dont le titre sensationnaliste était : «Quebec: The most corrupt province in Canada».
Vous vous souvenez sûrement aussi à quel point on y confondait sciemment la «culture politique» du Québec tout entier avec celle de certains partis politiques sous certains chefs qui, au provincial ou au municipal, ont depuis quitté la politique ou ont été arrêtés par l’Unité permanente anticorruption (UPAC)... Bref, on y présentait le Québec comme une province corrompue de par sa propre culture politique.
Et si le Québec avait plutôt de la compagnie dans ce même domaine au Canada anglais?
Car si le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument, il en va aussi souvent du pouvoir de l’argent lorsqu’il rencontre l’argent du pouvoir.
Vous l’aurez donc deviné. On parle ici de financement politique, d’octroi de contrats publics, de copinage, de retours d’ascenseurs, de corruption, de collusion, etc. Ou du mandat de la commission Charbonneau, mais sans frontières...
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Cachez cette corruption que je ne saurais voir...
Alors que sous Jean Charest, les ministres étaient transformés en machines vulnérables obligées de collecter un minimum de 100 000$ par année pour le PLQ, hors Québec, on trempe dans un excès encore plus troublant... s’il en faut...
Ce matin, le Toronto Star fait état d’une soirée prestigieuse de levée de fonds qui aura lieu ce mercredi pour le Parti libéral ontarien. Objectif : amasser 3 millions de dollars en une seule soirée.
Les tables dites «tables de la victoire» - les baptiser «money tables» eût été trop gênant -, coûtent la rondelette somme de 18 000$ aux très généreux donateurs qui y seront présents.
À côté de ça, les partis politiques québécois dont les dons sont maintenant plafonnés à 100$ par individu passeraient pour de véritable Séraphins...
Et ce n’est pas tout. Toujours selon le Toronto Star, les ministres libéraux seraient même tenus à une cible «secrète» annuelle de levée de fonds pouvant aller jusqu’à 500 000$ chacun, dépendant du ministère.
Bref, l’art de rendre un gouvernement particulièrement vulnérable aux retours d’ascenseurs en reconnaissance pour autant de «générosité» venant du milieu des affaires et des grands syndicats.
Car soit dit en passant, contrairement entre autres au Québec et au fédéral, l’Ontario permet encore les contributions politiques venant de compagnies privées ou de syndicats. Et ce, jusqu’à un plafond s’approchant de 10 000$ par année, par contribution. Un plafond qui, selon le quotidien torontois, peut même être monté de plusieurs étages selon les circonstances...
Le Toronto Star rappelle aussi qu’AUCUNE limite n’est imposée aux contributions politiques pour les courses à la chefferie.
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Quand le pouvoir de l'argent rencontre l'argent du pouvoir
On sait pourtant que dans toute démocratie, le milieu des affaires n’est pas intéressé à contribuer aux partis politiques par «amour» de la vie démocratique ou par charité du coeur, mais plutôt, comme plusieurs témoins l’ont dit crûment à la Commission Charbonneau, pour le «développement» de leurs propres «affaires» avec l’État.
Or, un État n’est pas un «donneur d’ouvrage» comme les autres. Il gère l’argent de ses citoyens et normalement, il est supposé le faire pour protéger le bien public et l'intérêt commun, non pas pour «faire de la business» avec le secteur privé ou quelque autre groupe d’intérêt privé.
Pourquoi? Parce que lorsque le pouvoir de l’argent rencontre l’argent du pouvoir, le copinage, le favoritisme, le détournement de fonds publics, la corruption et la collusion ne sont jamais très loin.
Le Toronto Star cite d’ailleurs Dwight Duncan, ex-ministre libéral des Finances de l’Ontario, pour qui ces mêmes cibles de financement politique l’avaient rendu «malade».
Sa propre «cible» de levée de fonds était de 1 million de dollars par mandatau pouvoir... On comprend que ça peut donner quelques nausées soutenues.
Libéral et ex-Procureur général, John Gerretsen , comme Duncan, condamne ce qu’ils appellent tous les deux le «système» de levée de fonds qui domine à Queen’s Park.
Également cité, le constat de M. Gerretsen est aussi vrai que brutal:
«Je détestais tout le côté financement politique. Lorsqu’un sujet important est soulevé et que vous avez été financé par des lobbyistes au nom de telle ou telle industrie, c’est sûr que vous serez influencé par ça... c’est la nature humaine.»
Bref, s’«acheter» un accès privilégié à une ou un ministre ou à une ou un premier ministre «achète» beaucoup plus encore qu’une simple conversation amicale...
Inévitablement, le but recherché par des intérêts privés est de faire fructifier LEURS intérêts. Et de le faire soit par l’obtention privilégiée de contrats publics. Soit par copinage en favorisant la nomination d’«amis» généreux à des postes grassement rémunérés par les fonds publics.
Ou soit encore – et c’est là, l’aspect le plus insidieux et dangereux du pouvoir de l’argent en politique -, en exerçant une influence directe ou indirecte sur les politiques publiques elles-mêmes.
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Pendant ce temps-là, en Colombie-Britannique...
Et comme par hasard, ce même matin, à la une cette fois du Globe and Mail, on trouve un autre récit troublant de financement politique.
Celui-là venant de la Colombie-Britannique et portant sur la redoutable machine à ramasser l’argent qu’est devenu le Parti libéral de la première ministre Christy Clark. Une autre histoire d’accès privilégié aux dirigeants politiques de la province en échange de très généreuses contributions politiques. Le même article fait également état de pratiques légales elles aussi, mais douteuses de financement politique en Alberta.
Comme quoi, hors Québec, le Canada serait peut-être dû pour quelques commissions provinciales d’enquête sur le lien entre le financement des partis politiques et l’octroi de contrats publics.
Et qui sait? Peut-être même que la juge France Charbonneau pourrait guider certains gouvernements provinciaux hors Québec dans leur réflexion à cet effet.
Si le Canada se munissait aussi de sa propre Unité permanente anticorruption (UPAC), j’ai comme l’impression que le MacLeans commencerait à manquer de journalistes pour couvrir l’ensemble de l’œuvre à l’extérieur de ce pauvre Québec pourtant tellement plus corrompu à ses yeux que toutes les autres provinces du pays...
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