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samedi, novembre 14, 2015

Trudeau donne à ses ministres le mandat « d'amener un vent de changement » à Ottawa

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 Mise à jour le vendredi 13 novembre 2015 à 17 h 04 HNE  Radio-Canada avec La Presse Canadienne
Le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa
Le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa  Photo :  PC/Adrian Wyld

Le bureau du premier ministre Justin Trudeau a rendu publiques vendredi les lettres de mandat adressées à ses ministres, dans lesquelles sont énumérés les dossiers auxquels ils doivent accorder leur priorité.
Dans les documents qui d'habitude restent confidentiels, M. Trudeau insiste sur l'importance d'« amener un vent de changement » à Ottawa en sortant « le gouvernement de l'ombre pour que celui-ci soit réellement au service de la population ».
En ce sens, il les exhorte à demeurer à l'écoute des Canadiens, mais également à travailler en collaboration avec les députés des partis d'opposition et les journalistes, « des professionnels qui, en posant des questions pertinentes, contribuent grandement au processus démocratique ».
Il est aussi « essentiel » d'améliorer les relations avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, mais également celles avec les peuples autochtones, afin que celles-ci soient fondées « sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat », écrit M. Trudeau.
Il souligne que le gouvernement devra « réaliser tous [les] engagements » contenus dans la plateforme libérale au cours du mandat de quatre ans que les Canadiens ont confié au Parti libéral du Canada (PLC) le 19 octobre.
La lutte contre les changements climatiques
Aussi dans le dossier complexe de l'environnement et des changements climatiques est-il mentionné dans les lettres de mandat de nombre de ministres : il y a Catherine McKenna, responsable à proprement parler de ce dossier, mais aussi Jim Carr aux Ressources naturelles, Stéphane Dion aux Affaires étrangères, Chrystia Freeland au Commerce international. Dans le même ordre d'idées, Mme McKenna devra fixer des cibles nationales de réduction des gaz à effet de serre et assurer le financement destiné aux provinces pour leur atteinte.
« Je m'attends à ce que vous participiez au rétablissement de la réputation du Canada dans le domaine de la gouvernance environnementale. »— Le premier ministre Justin Trudeau à la ministre de l'Environnement et des changements climatiques, Catherine McKenna

Faire revenir les avions de chasse canadiens
Le premier ministre Justin Trudeau a donné au nouveau ministre de la Défense  Harjit Sajjan sa feuille de route pour l'avenir immédiat, avec comme première mission le rappel des avions de chasse canadiens en Irak et en Syrie.
Les libéraux avaient promis en campagne électorale de mettre un terme aux bombardements des chasseurs canadiens contre le groupe armé État islamique (EI) en Irak et en Syrie, et de mettre plutôt l'accent sur la mission d'entraînement des forces de sécurité dans cette région.
Quel avenir pour les F-35?
Cette lettre du 6 novembre est aussi d'un certain intérêt pour ce qu'on n'y retrouve pas.
Ainsi, on apprend que le ministre Harjit Sajjan devra travailler de concert avec sa collègue des Travaux publics et de l'Approvisionnement, Judy Foote, afin de favoriser une concurrence « ouverte et transparente » pour le remplacement des chasseurs CF-18, mais la lettre n'évoque pas du tout la promesse électorale de M. Trudeau de renoncer aux F-35 dans ce dossier.
La missive ne fait non plus aucune référence au rapport du lieutenant-général à la retraite Andrew Leslie, aujourd'hui député libéral, visant à réformer le ministère de la Défense nationale, là aussi une promesse des libéraux. M. Leslie recommandait notamment d'alléger la bureaucratie au sein du ministère et d'augmenter par ailleurs les capacités opérationnelles militaires.
La contribution du Canada aux missions de maintien de la paix
Par contre, le premier ministre Trudeau est plus clair quant au rôle que le Canada devra jouer à nouveau au sein de missions de maintien de la paix chapeautées par les Nations unies.
Le gouvernement canadien est maintenant disposé à offrir, « au cas par cas, des capacités spécialisées - équipes médicales mobiles, soutien d'ingénierie, aéronefs pour le transport de matériel et de personnel ».
Le ministre Sajjan, lieutenant-colonel à la retraite, devra aussi coordonner avec son collègue des Affaires étrangères, Stéphane Dion, le soutien à apporter aux Nations unies pour « réagir plus rapidement aux conflits qui éclatent ou s'intensifient, et offrir rapidement aux initiatives internationales du personnel bien entraîné, tels des commandants de mission, des officiers d'état-major et des services au siège ».
Au cours de sa carrière militaire de plus de 25 ans, M. Sajjan a été déployé trois fois en Afghanistan et une fois en Bosnie-Herzégovine. Il avait auparavant été policier à Vancouver.
Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a pour sa part reçu le mandat d'« améliorer les relations avec les États-Unis » et de « renforcer la coopération trilatérale nord-américaine avec les États-Unis et le Mexique ».
Il est également clair, selon le contenu de sa lettre de mandat, qu'il sera appelé à travailler en étroite collaboration avec sa collègue à l'Environnement, Catherine McKenna.
De bonnes nouvelles pour les vétérans
Justin Trudeau ordonne par ailleurs de rouvrir les bureaux des services offerts aux vétérans qui avaient été fermés, en y ajoutant du personnel. En janvier 2014 des milliers d'anciens combattants, soutenus par des citoyens, avaient manifesté pour protester contre ces fermetures, en vain.
Le premier ministre confie aussi au ministre Kent Hehr le mandat d'implanter entièrement les recommandations du vérificateur général relativement aux soins qui doivent être apportés aux vétérans en matière de santé mentale.
Le ministre Kent Hehr s'est vu aussi donner le mandat d'instaurer deux nouveaux centres « d'excellence », où l'on va soigner les vétérans qui souffrent notamment de chocs post-traumatiques.
Du côté du ministère des Finances
Le ministre des Finances, Bill Morneau, se voit mandaté pour travailler avec la ministre du Revenu national afin de permettre aux organismes de bienfaisance de travailler « sans avoir à subir de harcèlement politique, et de moderniser les règles régissant les organismes de bienfaisance et les organismes à but non lucratif ». 
« Cela comprendra la clarification des règles régissant les ''activités politiques'' », dit encore la lettre envoyée à Bill Morneau.
En septembre dernier, l'Institut Broadbent, un groupe de réflexion progressiste, avait douté des procédés d'enquête de l'Agence du revenu du Canada (ARC) sur les organismes de bienfaisance. Plus tôt en avril, des organismes de charité à Winnipeg s'étaient sentis menacés par l'Agence du revenu du Canada (ARC). Par exemple, le directeur de campagne manitobain du Wilderness Committe, Eric Reder, avait dit que les organismes caritatifs refusaient de parler ouvertement des enjeux de peur de perdre leur droit de recueillir des fonds par l'entremise des dons déductibles d'impôt.
M. Morneau est aussi chargé de rétablir le crédit d'impôt pour contribution à un fonds de travailleurs.
Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, devra de son côté concevoir « l'Allocation canadienne aux enfants », bonifier de 10 % le Supplément de revenu garanti (SRG) pour les aînés et revenir à l'âge de 65 ans pour l'admissibilité de la retraite.
Il est intéressant de noter que la ministre du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, devra veiller à ce que « l'importante priorité de développement du Canada en matière de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants soit orientée en fonction de preuves et de résultats plutôt qu'en fonction de considérations idéologiques, notamment en éliminant des lacunes liées aux droits et aux soins de santé des femmes relativement à la reproduction ».
À cet égard on se rappellera que sous le gouvernement de Stephen Harper, les soins financés par Ottawa aux femmes à l'étranger n'incluaient pas l'avortement.