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Publié le 05 octobre 2015 à 08h26 | Mis à jour à 08h49
Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 150 Palestiniens ont été blessés en 48 heures, touchés par des balles réelles ou des projectiles caoutchoutés de l'armée israélienne.
Publié le 05 octobre 2015 à 08h26 | Mis à jour à 08h49
PHOTO MOHAMAD TOROKMAN, REUTERS |
Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 150 Palestiniens ont été blessés en 48 heures, touchés par des balles réelles ou des projectiles caoutchoutés de l'armée israélienne.
Agence France-Presse
RAMALLAH, JÉRUSALEM
RAMALLAH, JÉRUSALEM
Un jeune adolescent palestinien a été tué lundi lors de heurts avec l'armée israélienne dans le camp de réfugiés d'Aïda à Bethléem, en Cisjordanie occupée, ont indiqué la police et le Croissant-Rouge palestiniens à l'AFP.
Abdel Rahmane Abdallah, 13 ans, a été mortellement touché au torse par des balles au cours d'affrontements à la mi-journée, ont-ils dit. Il est le deuxième jeune Palestinien à avoir été tué par des soldats israéliens en 24 heures en Cisjordanie.
Dimanche soir, Houzeifa Othmane Souleimane, 18 ans, est mort après avoir été touché par des tirs de l'armée israélienne lors de heurts à Tulkarem, dans le nord-ouest de la Cisjordanie.
Palestiniens et Israéliens se sont engouffrés depuis quelques jours dans un nouveau cycle de violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël. Quatre Israéliens ont été tués depuis jeudi soir dans deux attentats.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, plus de 150 Palestiniens ont été blessés en 48 heures, touchés par des balles réelles ou des projectiles caoutchoutés de l'armée israélienne.
Frappe israélienne sur Gaza après un tir de roquette
Israël a lancé, tôt lundi, une frappe aérienne sur la bande de Gaza en réponse à un tir de roquette sur le sud du territoire israélien, a annoncé l'armée dans un communiqué.
«L'armée de l'air israélienne a visé un site terroriste du Hamas dans le nord de la bande de Gaza», a indiqué l'armée.
La roquette tirée depuis la bande de Gaza est tombée dimanche soir sur un terrain désert dans le sud d'Israël sans faire de victime, avait auparavant annoncé l'armée.
Le 30 septembre, en réponse à un tir de roquette contre la ville d'Ashdod intercepté par le système antimissiles Dôme de fer, l'armée israélienne avait mené des attaques aériennes dans la bande de Gaza contre quatre camps d'entraînement des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, qui étaient vides au moment de l'attaque aérienne.
Des salafistes se disant liés à l'organisation djihadiste État islamique (EI) ont revendiqué les récents tirs de roquettes, mais Israël tient le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, pour responsable de ces incidents.
Un manifestant palestinien utilise un lance-pierre lors d'un affrontement avec des soldats israéliens à Ramallah, le 5 octobre.
PHOTO NASSER SHIYOUKHI, AP
Un Palestinien relance en direction des soldats israéliens une grenade lacrymogène tirée vers les protestataires par les militaires, à Ramallah, le 5 octobre.
PHOTO NASSER SHIYOUKHI, AP
Nétanyahou va durcir la répression
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a promis de renforcer encore la répression pour prévenir un embrasement en Cisjordanie, en proie aux violences, et à Jérusalem, où la Vieille ville restait interdite aux Palestiniens lundi.
Depuis samedi, jeunes Palestiniens et soldats et policiers israéliens s'affrontent dans de nombreuses localités de Cisjordanie et certains quartiers de Jérusalem-Est, dans des scènes qui rappellent les intifadas de 1987 et 2000.
Les premiers jettent pierres et cocktails Molotov, les seconds répondent désormais de plus en plus systématiquement par des tirs à balles réelles en Cisjordanie occupée.
Côté israélien, quatre personnes ont été tuées depuis jeudi, deux criblées de balles en Cisjordanie, et deux autres dans une attaque au couteau dans la Vieille ville de Jérusalem.
En plus du jeune Palestinien tué lundi, un autre est mort dimanche soir après avoir été touché à Tulkarem, dans le nord-ouest de la Cisjordanie. Les funérailles de Houzeifa Othmane Souleimane, 18 ans, prévues à la mi-journée dans son village risquent de donner lieu à un nouvel accès de fièvre.
Une cinquantaine d'élèves portant encore leur sac de classe sont allés lundi après l'école défier les soldats israéliens à coups de pierres au point de passage de Bet El, près de Ramallah, a constaté un journaliste de l'AFP. Des heurts ont aussi été observés à Jalazoun.
Accélération des démolitions
M. Nétanyahou a prévenu dimanche soir qu'Israël menait «un combat jusqu'à la mort contre le terrorisme palestinien». Il a ordonné d'accélérer les démolitions de maisons appartenant aux auteurs d'attentats ou à leur famille. La mesure a déjà été employée à maintes reprises avec l'objectif de donner à réfléchir à ceux qui veulent perpétrer des attaques.
Elle est pour les Palestiniens une des manifestations insupportables de l'occupation et est décriée par les défenseurs des droits de l'homme comme relevant du châtiment collectif.
L'une des premières maisons visées pourrait être celle de Mohannad Halabi, le Palestinien de 19 ans qui a tué un rabbin et un soldat samedi soir dans la Vieille ville avant d'être abattu. Dans la nuit, des dizaines de jeunes ont brûlé des pneus pour barrer les routes menant à son village près de Ramallah. Pour la deuxième nuit de suite, les soldats israéliens ont positionné leurs blindés au pied de la maison, laissant envisager sa destruction. L'armée a tiré à balles réelles pour disperser les jeteurs de pierre, ont constaté des journalistes de l'AFP.
M. Nétanyahou est soumis à la pression de certains membres de son gouvernement, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, qui critiquent désormais ouvertement son action et vont jusqu'à réclamer l'annonce d'une nouvelle colonie pour donner la leçon aux Palestiniens.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a dénoncé dans la nuit «l'escalade» à laquelle se livrait Israël, qui a selon lui intérêt aux violences.
Israël a déjà pris une disposition exceptionnelle et peut-être inédite en interdisant pendant deux jours, dimanche et lundi, l'accès de la Vieille ville à l'immense majorité des quelque 300 000 Palestiniens de Jérusalem-Est (partie de Jérusalem occupée en 1967 et annexée par Israël) qui n'y vivent pas.
«Un jour important»
La partie orientale de la Vieille ville était lundi largement vidée de la population. Les groupes de touristes parcouraient avec une facilité inattendue les ruelles séculaires dans lesquelles se dressaient des barrages filtrants de la police.
Même la porte des Lions, seul accès autorisé à l'esplanade des Mosquées qui surplombe la Vieille ville, se signalait par son calme. Quelques musulmanes comme Esraa Hajajra, 19 ans, y étaient fidèles au rendez-vous pour défendre l'esplanade, troisième lieu saint de l'islam, contre ce qu'elles perçoivent comme les tentatives des Israéliens d'en prendre le contrôle. «C'est notre mosquée, mais ils veulent nous la prendre pour y prier», dit-elle.
L'esplanade, qui est aussi le site le plus sacré des juifs, enflamme des passions déjà vives.
Les juifs «sont inquiets», témoigne Shilo Marom, un juif de 25 ans sur le chemin qui le mène au mur des Lamentations, en contrebas de l'esplanade. Des dizaines de juifs y prient avec ferveur et dansent au pied du mur pour célébrer le dernier jour de Souccot, grande fête juive.
«C'est un jour important», ajoute Shilo Marom, selon lequel ce ne sont pas les attentats qui vont dissuader les gens de se rendre dans la Vieille ville. «Au contraire, ils vont y aller plus nombreux pour faire passer le message».
- Avec Laurent Lozano