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lundi, mai 18, 2015

PKP : La grande séduction

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Lise Ravary
Les péquistes vivent dans une bulle depuis les dernières élections. Même si le poing levé pour le pays par Pierre Karl Péladeau est en partie responsable de la défaite de MmeMarois, la majorité des membres du Parti québécois n’ont jamais cessé de le voir comme le sauveur qui pourra enfin les mener au pays rêvé.
Mais le temps file, les têtes grises virent au blanc. L’idée même du nationalisme est étrangère à une bonne partie des 18-35 ans. Seul un personnage plus grand que nature peut labourer la terre promise. Un personnage mythique au nom d’or, une célébrité populaire comme Pierre Karl Péladeau. On ne peut que le féliciter de sa victoire.
Mais attention! ce n’est pas gagné pour la souveraineté: 57,5% des 80% des 71 020 membres du PQ qui ont voté pour PKP ne représentent que 32 715 personnes. Nous sommes huit millions au Québec, dont 6,7 millions peuvent voter.
Au-delà de l’unité
De ces 6,7 millions, 41%, ou 2,7 millions, appuient la souveraineté. Ce qui laisse quatre millions de Québécois qui ne savent pas, ne comprennent pas ou ne veulent pas.
Dont la majorité des membres des Premières Nations, des anglophones, des immigrants et des plus jeunes.
Il importe certes pour PKP de ramener tous les souverainistes au bercail, mais, bientôt, il lui importera encore plus de séduire les nationalistes hésitants que d’obtenir l’approbation de Québec solidaire et des 400 membres des Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre) de Marc Laviolette, autoproclamé représentant de la gauche péquiste dubitative.
Voyons donc! Advenant un référendum, pensez-vous que les péquistes de la gauche vont voter Non?
Changement de cible
Pour gagner son pari, PKP doit maintenant essayer de nous faire changer d’idée, nous, les fédéralistes mous, les égarés de la souveraineté, les nationalistes tranquilles. Sans nous, la majorité de 50 plus 1 demeurera hors d’atteinte, même pour un sauveur.
Plusieurs parmi nous penchent un peu plus à droite. Quand nous entendons PKP conspuer les néolibéraux (alors qu’aucun parti ne prône cette philosophie), vouloir stopper les transactions d’entreprise québécoises, investir encore plus de capital de risque public, soutenir l’éolien et protéger le modèle québécois, nous sommes inquiets.
Le peu de substance de sa pensée sur l’éducation nous inquiète aussi. Dire qu’il faut mettre l’élève au centre et valori­ser les enseignants ne suffit pas. C’est le socle de notre société.
Par contre, lorsqu’il prône l’égalité des chances – et non l’égalitarisme –, l’entrepreneuriat, la rigueur fiscale et l’imputabilité des acteurs sociaux, cela nous rassure.
Et les autres
Enfin, tout en se définissant fièrement comme francophones, plusieurs d’entre nous ont un pied dans la communauté anglophone. Nous sommes sensibles à sa réalité. Vendredi, nous étions heureux de l’entendre lui parler dans sa langue.
Par contre, crier «en français» dans un show rock tard le soir nous ramène à l’époque d’un nationalisme victimaire qui n’est pas compatible avec la modernité dont il se réclame.
M.Péladeau, le temps viendra bientôt de faire les yeux doux à des gens qui ne pensent pas comme vous. Tous ne succomberont pas, mais vous ne pourrez pas faire l’économie de cette grande séduc­tion.