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Mise à jour le vendredi 24 avril 2015 à 6 h 54 HAE Bahador Zabihiyan Radio-Canada
Djamilatou Maiga souffre de leucémie, mais elle ne peut être soignée, car sa carte de la RAMQ n'est plus valide
Mise à jour le vendredi 24 avril 2015 à 6 h 54 HAE Bahador Zabihiyan Radio-Canada
Photo : Bahador Zabihiyan |
Exclusif - Une jeune femme atteinte de leucémie pourrait mourir bientôt, car sa carte d'assurance maladie a expiré et elle n'a pas les moyens de payer les centaines de milliers de dollars que coûterait la greffe de cellules souches dont elle a besoin.
Djamilatou Maiga a quitté le Mali il y a neuf ans pour s'installer au Canada. Après des études en Ontario, cette francophone a décidé de venir gagner sa vie à Montréal en janvier 2013 grâce à un permis de travail.
C'est quelques mois avant son installation dans la métropole qu'elle a appris qu'elle avait une leucémie.
« J'ai su que j'étais malade début février 2012. Début avril 2012, j'ai commencé à travailler, donc je ne me suis pas laissé faire », se souvient-elle.
Mais aujourd'hui, elle craint de mourir de la « leucémie myéloïde chronique » dont elle souffre. Les traitements qu'elle suit n'ont pas eu les effets escomptés. Elle a besoin d'une greffe de cellules souches d'urgence, mais sa carte d'assurance maladie a expiré en janvier, car sa demande d'immigration au Québec a été rejetée.
« Si je n'ai pas la greffe, mes chances sont minimes. C'est ma vie qui est en jeu »— Djamilatou Maiga, atteinte de leucémie
Selon elle, une greffe et le suivi que les médecins devront assurer après l'opération coûteraient des centaines de milliers de dollars. Sans carte de la Régie d'assurance maladie du Québec (RAMQ), elle n'a pas les moyens de payer les frais de sa poche. Pourtant, la greffe peut être effectuée : sa soeur a été identifiée comme une donneuse compatible.
« C'est assez dispendieux de faire une greffe et les hôpitaux n'ont tout simplement pas les moyens de la transplanter, à moins que ça soit approuvé par la RAMQ », explique son médecin, le Dr Pierre Laneuville, qui trouve la situation « aberrante ». Il travaille à l'Hôpital Royal Victoria, affilié au Centre universitaire de santé McGill.
Le ministre de la Santé, Gatean Barrette, est au courant de la situation. Son bureau nous assure qu'il se penche présentement sur ce dossier. La ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, connaît aussi le cas de Mme Maiga, mais son bureau n'a pas souhaité faire de commentaires.
Mme Maiga dit qu'elle ne peut se faire soigner dans son pays d'origine, car le système de santé y est défaillant.
Demande d'immigration incomplète
Avec de l'expérience de travail au Québec et un diplôme universitaire ontarien, la jeune fille pensait pouvoir obtenir un certificat de sélection québécois qui lui aurait permis d'immigrer ici, et de bénéficier de l'assurance maladie.
« J'ai fait pratiquement toutes mes études ici. Je travaille, je paie mes taxes comme tout le monde, je paie mes factures », dit-elle.
Sa demande a été rejetée par le ministère de l'Immigration du Québec en novembre 2014 notamment parce que les copies de certains documents soumis n'étaient pas certifiées conformes selon les règles de l'organisme, indique la lettre qu'elle a reçue.
Elle a alors contacté le ministère afin de savoir s'il existait une autre solution afin qu'elle puisse immigrer ici, sans avoir à déposer une nouvelle demande. Un fonctionnaire a analysé son dossier de nouveau, mais aucune solution n'a été trouvée pour l'instant, selon elle.
Mme Maiga estime que ses chances sont bonnes d'obtenir un statut d'immigrante si elle soumet une nouvelle demande avec l'aide d'un avocat. Mais le traitement de celle-ci prendrait trop de temps, selon ce que lui ont dit les fonctionnaires du ministère. « Ils peuvent le traiter en priorité, mais ça va prendre des mois, c'est ça qu'ils m'ont dit exactement », dit-elle.
Et dans son cas, le temps presse. Sans greffe, « elle va presque certainement mourir de cette leucémie, on ne sait pas exactement quand », dit le Dr Laneuville.
L'avocat de Mme Maiga estime qu'elle doit être soignée avec ou sans carte de la RAMQ.
« On la laisse mourir, on ne lui permet pas d'avoir accès à un système de santé qui puisse la guérir. »— Vincent Valaï, avocat de Djamilatou Maiga
À bout d'espoir, Mme Maiga lance un appel aux dons, via un site Internet qu'elle a créé avec l'aide d'un ami.
« Je dors pas, je pleure, je pleure », conclut-elle.