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mardi, mars 22, 2016

Les dangers de l’amnésie

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MISE à JOUR 
Depuis quelque temps, dès qu’il est question d’immigration, de langue, de laïcité et d’identité québécoise en général, on entend plus la CAQ que le PQ.
La CAQ n’a pas caché qu’elle prenait un virage réso­lument nationaliste, mais à l’intérieur du Canada. Cependant, comment expliquer la nouvelle discrétion du PQ?
Des militants me donnent deux raisons.
Double erreur
La première serait que le PQ est sorti traumatisé de l’épisode de la charte des valeurs, qu’il rendrait en partie responsable de sa défaite électorale.
Bouillie pour les chats! Les chiffres disponibles sont clairs: l’idée d’une charte et l’essentiel de son contenu étaient soutenus par une majorité d’électeurs francophones.
Les Québécois, qui ne sont pas des idiots, comprenaient toutefois que le sujet était délicat et ne se prêtait pas à de la petite politicaillerie.
Si le PQ ne se réapproprie pas la question identitaire, il va le payer cher.
Quand ils ont vu que le PQ voulait transformer la charte en enjeu électoral pour se faire réélire, ils ont décroché. Ajoutez à cela le flou référendaire et les carottes étaient cuites.
La deuxième raison de cette nouvelle timidité du PQ serait, me dit-on, l’espoir de faire des percées auprès des «communautés culturelles».
On croit rêver! Des gens comme Bernard Landry ont passé plus de 30 ans de leur vie à expliquer inlassablement le projet souverainiste aux néo-Québécois. Les résultats furent modestissimes.
J’aimerais qu’on m’explique ce qu’on va leur dire de nouveau ou, sinon, sur quoi on se base pour croire que le même discours aurait des résul­tats différents.
Au milieu des années 2000, le PQ, diri­gé alors par André Boisclair, ne voulait plus toucher à la question identitaire. Il se voulait «moderne», «branché», «civique».
C’est donc l’ADQ de Mario Dumont qui, sans se laisser intimider par la nomenklatura médiatique, a enfourché la défense de l’identité québécoise.
Résultat: aux élections de 2007, l’ADQ est devenue l’opposition officielle et le PQ a fait le pire score de son histoire jusque-là. L’a-t-on oublié?
Pourquoi ?
Curieusement, le PQ actuel se veut, si j’ai bien compris, plus résolument souverainiste qu’à aucun moment depuis les années de Jacques Parizeau.
Très bien. Alors s’il délaisse la question identitaire, quelles sont les nouvelles raisons fortes du projet souverainiste?
La souveraineté pour une prospérité économique accrue? On peut le documenter et le plaider, mais le mieux que le PQ pourra obtenir sera de rassurer. Je reçois encore des courriels sur les pensions de vieillesse...
La souveraineté pour construire un Québec de gauche? C’est le meilleur discours pour envoyer un tas de nationalistes dans les bras de la CAQ.
La souveraineté pour construire un Québec vert? Trois jeunes députés du PQ, surnommés «les trois mousquetaires», avaient proposé cela il y a une dizaine d’années. On n’a jamais vu, nulle part, un peuple faire l’indépendance pour cela.
La souveraineté pour éliminer les dédoublements administratifs? Très emballant, n’est-ce pas?
Que cela plaise ou pas, on revient toujours à la case de départ: la justification fondamentale du projet souverainiste, c’est la protection d’une identité québécoise qui, sans être figée, nous distingue des autres.
Si le PQ ne se réapproprie pas cette question, il va le payer cher.

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