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lundi, novembre 07, 2016

La communauté hispanique se mobilise contre Trump

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Publié le 07 novembre 2016 à 00h00 | Mis à jour à 08h50
Une piñata à l'effigie de Donald Trump décore... (ARCHIVES AP)
ARCHIVES AP
Une piñata à l'effigie de Donald Trump décore un magasin de Las Vegas. Au Nevada, l'un des États clés de l'élection présidentielle de demain, le vote anticipé a vu une augmentation importante du vote latino, dont l'effet sur le résultat final pourrait être décisif.

RICHARD HÉTU
La Presse
Jon Ralston, observateur aguerri de la scène politique du Nevada, s'est amusé samedi, sur Twitter, à modifier la déclaration incendiaire sur les Mexicains par laquelle Donald Trump a entamé sa campagne présidentielle en juin 2015 : «Ils apportent de la drogue. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs. Et certains, j'imagine, m'empêcheront d'être président.»
Le même jour, Yvanna Cancela, directrice politique d'un important syndicat du Nevada, s'est servie du même réseau social pour ironiser aux dépens du candidat républicain à la présidence. «Tout indique que Trump aura son mur après tout. Un beau mur d'électeurs», a-t-elle écrit sous une photo montrant une longue file de personnes devant un bureau de vote de Las Vegas.
Ralston et Cancela réagissaient tous les deux au même phénomène : au Nevada, l'un des États clés de l'élection présidentielle de demain, le vote anticipé a vu une augmentation importante du vote latino, dont l'effet sur le résultat final pourrait être décisif. Augmentation relevée aussi dans d'autres États où les électeurs latinos sont nombreux, dont la Floride et l'Arizona.
Au Nevada, la participation massive des électeurs latinos du comté de Clark, qui comprend Las Vegas, a permis aux démocrates de prendre une avance de 73 000 bulletins de vote sur les républicains à la fin du vote anticipé. Ce nombre dépasse le total enregistré en 2012 quand Barack Obama a remporté cet État du Sud-Ouest avec une avance de 7 points de pourcentage.
Cette donnée a poussé Ralston à conclure que Trump aura besoin d'un «miracle» pour combler l'écart demain et vaincre Clinton au Nevada, un État qu'il peut difficilement se permettre de perdre, contrairement à sa rivale. Le candidat républicain a d'ailleurs laissé percer son irritation samedi soir en évoquant des irrégularités dans certains bureaux de vote du comté de Clark, dont les portes sont restées ouvertes vendredi jusqu'à 22 h pour permettre à tous ceux qui faisaient la queue de voter, plutôt que de fermer à 19h, comme prévu.
«C'est un système truqué. C'est un système truqué. Et nous allons le battre», a déclaré Trump lors d'un rassemblement à Reno, deuxième ville du Nevada.
La Floride, un État clé
Le magnat de l'immobilier peut encore moins se priver d'une victoire en Floride. Or, la participation des électeurs latinos de cet État a également été à la hausse durant la période du vote anticipé. Samedi, ceux-ci représentaient 14,1% des quelque 5,7 millions d'électeurs qui s'étaient déjà prévalus de leur droit de vote. En 2008, les électeurs latinos de Floride avaient déposé 9,6% des bulletins de vote lors de la période du vote anticipé.
Selon un sondage Univision publié la semaine dernière, Clinton jouit de l'appui de 60% des électeurs latinos de Floride, contre 30% pour Trump (l'écart est plus grand en faveur de la démocrate à l'échelle nationale). D'où cette déclaration de Daniel Smith, politologue de l'Université de Floride : «Si Clinton gagne la Floride, elle le devra à l'augmentation de la participation des latinos, pour autant que la tendance observée jusqu'à maintenant se maintienne [le jour du vote].»
À l'opposé du Nevada et de la Floride, l'Arizona est un objectif plus lointain pour les démocrates. Mais l'équipe de Clinton y a investi du temps et de l'argent pour mobiliser les électeurs latinos de cet État conservateur, dont plusieurs ont l'habitude de bouder l'isoloir. Résultat : le 1er novembre, le pourcentage de l'électorat latino ayant participé au vote anticipé avait doublé par rapport à la même période en 2012.
Et les électeurs blancs?
L'augmentation de la participation des électeurs latinos ne garantit pas à Clinton une victoire demain. Elle pourrait en fait être accompagnée d'une hausse aussi forte de la participation des électeurs blancs, qui tendent à favoriser Trump. Une telle hausse pourrait se manifester non seulement en Floride, mais également dans des États du Nord remportés par Obama en 2008 et en 2012. On pense notamment à l'Ohio et peut-être même à la Pennsylvanie ou au Michigan.
La hausse du vote latino ne serait pas, par ailleurs, le seul facteur crucial expliquant une victoire de Clinton. Le vote des femmes blanches ayant décroché un diplôme universitaire pourrait également s'avérer déterminant. En 2012, le candidat républicain Mitt Romney avait remporté ce groupe avec une avance de 6 points de pourcentage. Selon un sondage The Washington Post-ABC News publié hier, Clinton devance Trump de 16 points de pourcentage auprès du même groupe.
Mais la possibilité que Trump se bute à un mur latino est réelle. Et elle n'étonnerait pas le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham, qui a fait ce commentaire au New York Times, samedi : «L'histoire de cette élection sera peut-être la mobilisation du vote hispanique. Et [ces électeurs] se rendront aux urnes moins pour voter en faveur de quelqu'un que pour s'opposer à ce qu'ils considèrent comme du racisme. Trump mérite donc un trophée pour la participation des Hispaniques. Il les a mobilisés mieux qu'aucun démocrate n'aurait pu le faire.»

Trump et Clinton se battent jusqu'au bout

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Publié le 07 novembre 2016 à 06h28 | Mis à jour à 09h20
Hilary Clinton est à 44,9% des intentions de... (photo Brendan Smialowski, AFP)
PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, AFP
Hilary Clinton est à 44,9% des intentions de vote au niveau national contre 42,7% pour Donald Trump, selon la moyenne des plus récents sondages établis par Real Clear Politics (RCP).

BRIGITTE DUSSEAU
Agence France-Presse
Washington
Avec neuf réunions dont l'une prévue juste avant minuit, Donald Trump et Hillary Clinton mettent un point final lundi à une campagne présidentielle américaine âprement disputée et à l'issue incertaine : les sondages sont serrés, même s'ils donnent un léger avantage à la candidate démocrate.
Mme Clinton, 69 ans, qui espère devenir mardi la première femme présidente des États-Unis après 44 présidents, avait prévu lundi deux étapes en Pennsylvanie, une dans le Michigan, et une toute dernière réunion en Caroline du Nord juste avant minuit.
Pour sa réunion du soir en Pennsylvanie, elle sera rejointe par le président Barack Obama, sa femme Michelle, son mari Bill Clinton et leur fille Chelsea. Également attendus, Bruce Springsteen et Jon Bon Jovi.
Dimanche soir, dans sa dernière réunion de la journée à Manchester dans le New Hampshire, elle s'est présentée comme la candidate de la «réconciliation», après avoir passé des jours à attaquer son adversaire républicain, selon elle incapable de diriger le pays.
«Nous sommes arrivés à l'heure de vérité dans cette élection», a aussi déclaré Mme Clinton dans l'Ohio. «Nos valeurs fondamentales sont en jeu».
La démocrate, qui entend diriger dans la continuité du président Obama, a vu dimanche disparaître la menace de poursuites dans l'affaire de ses courriels. Le directeur du FBI James Comey a écrit qu'après l'examen de nouveaux courriels - dont il avait annoncé la découverte le 28 octobre, s'attirant de vives critiques si près de l'élection - il maintenait sa position de juillet selon laquelle il n'y avait pas matière à poursuivre Mme Clinton pour son utilisation d'un serveur privé quand elle était secrétaire d'État. Un soulagement, même tardif, pour sa campagne.
La moindre voix
Donald Trump, 70 ans, est lui attendu lundi en Floride, Caroline du Nord, Pennsylvanie, New Hampshire et Michigan, pour une dernière réunion prévue vers 23h. Les deux candidats ont le même objectif: grappiller la moindre voix, qui pourrait faire basculer à leur profit les États-clés où se jouera l'élection.
Les Américains, dont 82% se disaient dégoûtés dans un récent sondage, n'attendent eux plus que la fin de cette longue campagne entre deux candidats historiquement impopulaires (50% n'aiment pas Mme Clinton, 62% M. Trump) marquée par les insultes, les scandales et les révélations de caniveau.
Mme Clinton est à 44,9% des intentions de vote au niveau national contre 42,7% pour Trump, selon la moyenne des plus récents sondages établis par Real Clear Politics (RCP). En Floride, État-clé sans lequel Donald Trump ne devrait pas pouvoir l'emporter, Mme Clinton est à 47-46. Dans l'Ohio, Trump est à 46,3-43,5 pour Clinton, et en Caroline du Nord, il mène aussi à 47,3 contre 45,8.
Hillary Clinton a pour elle une longue expérience. Ancienne Première dame, ancienne sénatrice, ancienne secrétaire d'État, elle semblait inévitable. Mais beaucoup d'Américains ne l'aiment pas. Ils doutent de son honnêteté.
La bataille a été plus difficile que prévu face à Trump, populiste sans expérience politique mais que rien n'arrête, qui se présente comme l'outsider anti-establishment.
Il a capitalisé sur la colère et les frustrations de certains Américains inquiets de la mondialisation et des changements démographiques. Il a promis des solutions simples à tous les problèmes complexes. Il a menti, insulté les femmes, les Mexicains, les Noirs, les musulmans. Il a attaqué son adversaire sans relâche, surnommée «Hillary la fripouille».
«La colère n'est pas un plan», a-t-elle souligné dimanche soir.
«Elle est protégée par un système truqué», a martelé Trump après l'annonce du directeur du FBI. «Hillary Clinton est coupable, elle le sait, le FBI le sait, les gens le savent, et maintenant, c'est au peuple américain de rendre la justice dans les urnes».
Peu importe que le milliardaire n'ait apparemment pas payé d'impôts pendant des années. Ou ait agressé des femmes. Ses partisans n'ont pas lâché ce milliardaire de l'immobilier, célèbre pour sa fortune et pour avoir été l'animateur d'une émission de télé-réalité à succès, The Apprentice.
Il a au passage quasiment fait exploser un parti républicain, profondément divisé. Certains caciques l'ont répudié, d'autres voteront pour lui en se bouchant le nez. D'autant que Trump n'est pas toujours en phase avec le parti. Il est hostile notamment au libre-échange.
Les outrances et scandales de la campagne présidentielle de la première puissance mondiale ont fait sourire ou consterné, bien au-delà de ses frontières.
En Chine, la campagne a été un don du ciel pour la propagande du régime chinois, dont les médias ne se privent pas de dénoncer les travers du système démocratique.
En Russie, le président Vladimir Poutine s'en est récemment pris à l'«hystérie» des États-Unis qui ont accusé Moscou de vouloir influer sur la présidentielle au profit de Donald Trump.

Ça pue

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Publié le 07 novembre 2016 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
En réaction aux révélations selon lesquelles des journalistes... (PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL)
En réaction aux révélations selon lesquelles des journalistes québécois auraient été espionnés
 par des policiers, le gouvernement de Philippe Couillard
 a annoncé hier la création d'une commission d'enquête publique.
PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL
Des journalistes (et leurs sources) épiés par la police, parfois pendant des années, un ministre de la Sécurité publique qui viole les principes élémentaires de prudence et de gros bon sens en appelant le directeur de la Sûreté du Québec (SQ), des apparences de police politique et, pour clore cette glorieuse semaine, des collecteurs de fonds du Parti libéral (PLQ) qui s'en mettent plein les poches grâce à leurs relations privilégiées avec une société d'État et les fournisseurs de celle-ci. N'en jetez plus, la cour est pleine, et cet amas est franchement gênant pour le Québec.
Le climat actuel me rappelle une boutade de Jacques Parizeau, lancée en 2012, pour décrire le climat délétère sous le gouvernement libéral de Jean Charest : « Y fait chaud, ça pue, pis on est ben ! » Effectivement, ça ne sent pas bon ces jours-ci au Québec.
Chaque fois qu'on a l'impression qu'on a, peut-être, fait un pas ou deux en avant vers l'éthique, vers la transparence, bref, vers la démocratie, un nouvel événement, de nouvelles révélations nous ramènent, encore une fois, à la case départ.
Plus de deux ans après avoir pris le pouvoir, et malgré de grands efforts pour se dissocier de l'ère Charest, le gouvernement Couillard n'a pas réussi à rétablir la confiance des Québécois envers la classe politique. Et ce n'est certainement pas en cet automne lugubre politiquement que les choses vont commencer à s'améliorer.
Comme si la semaine n'avait pas été assez éprouvante, l'émission Enquête nous a appris, hier, que des organisateurs libéraux ont trempé dans une fraude présumée qui leur aurait rapporté près de 2 millions de dollars.

Les quatre protagonistes de cette sombre histoire, tous associés au PLQ (et tous donateurs à ce parti entre 2000 et 2012), auraient profité de leurs liens avec la Société immobilière du Québec pour négocier des baux (pour la location de locaux pour bureaux) beaucoup plus longs que d'habitude, tout en touchant une généreuse contrepartie. On retrouve, dans ce quatuor, deux « vedettes » de la commission Bastarache, deux importants collecteurs de fonds du PLQ, Franco Fava et Charles Rondeau.
Toujours les mêmes noms, encore des affaires louches. Comme quoi on peut changer de chef et adopter de nouvelles lois, il faut du temps pour nettoyer une vieille culture et les relents de pratiques de financement douteuses.
L'UPAC aurait terminé son enquête sur cette affaire, mais aucune accusation n'a été déposée à ce jour.
Et puis, ce n'est peut-être pas tout pour le PLQ. On a appris hier la parution, la semaine prochaine, d'un livre écrit par Lino Zambito, témoin-clé de la commission Charbonneau.
Tenaces, les vieilles odeurs.
UNE ENQUÊTE PUBLIQUE, OUI, MAIS QUELLE ENQUÊTE ?
On l'a constaté au fil des dernières années, le principal problème avec les commissions d'enquête publiques, c'est de préciser les contours de leur mandat. S'il est trop large, on s'éparpille et on dilue la matière ; trop étroit, on passe à côté et on frustre tout le monde en donnant l'impression de chercher à noyer le poisson.
Cela vaut aussi pour cette commission d'enquête (annoncée hier par le gouvernement Couillard) sur la surveillance des journalistes.
Il faut d'abord savoir ce qu'on cherche. Prenons la « surveillance des journalistes », par exemple. On peut bien aborder cette question sous l'angle de la protection des sources journalistiques, mais il faudra aussi, forcément, s'attarder aux méthodes d'enquêtes policières. Or la police, c'est bien connu, n'est jamais très enthousiaste ni pressée de parler publiquement de ses façons de faire. La police est habituée à poser des questions, pas à se retrouver de l'autre côté de la table. Attaquée, la police a une tendance naturelle à se refermer sur elle-même, à serrer les rangs. Elle baisse la tête et elle attend que ça passe, surtout si elle subit au même moment une enquête administrative.
Il y a aussi les inévitables joutes des partis politiques, plus préoccupés de faire mal paraître leurs adversaires que de faire la lumière complète sur les événements scrutés par une commission d'enquête.
Il faudra bien, aussi, aborder la question des liens entre le politique et la police et la façon dont les gouvernements nomment ou démettent les dirigeants des grands corps policiers. Pas seulement à la SQ, mais dans les grandes villes du Québec.
Je continue de m'étonner, d'ailleurs, de la timidité de Denis Coderre (ce n'est pas son genre !), qui semble bien mal à l'aise de réclamer des comptes au chef du SPVM.
Il est par ailleurs beaucoup question, à Québec et à Ottawa, d'une éventuelle loi sur la protection des sources. Là encore, on ne peut être contre la vertu, mais il ne faut pas tomber dans le syndrome de la « législatite aiguë ». Tout ne peut pas, tout le temps, se régler avec une loi.
Il est possible, cela dit, qu'une loi soit nécessaire pour protéger les sources journalistiques, mais les exemples français et belge nous démontrent les limites d'une telle initiative.
C'est une chose de garantir aux journalistes le droit de préserver le secret de leurs sources (ce qui est le cas en France et en Belgique), mais le véritable défi, en cette ère technologique, c'est de les prémunir contre des intrusions clandestines de la police ou des services de renseignement.

La CAQ voudrait se doter de son propre «article 1» nationaliste

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Publié le 06 novembre 2016 à 19h19 | Mis à jour le 06 novembre 2016 à 19h19
François Legault, chef de la CAQ.... (Archives La Presse)
François Legault, chef de la CAQ.
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La Presse Canadienne
La Coalition avenir Québec (CAQ) envisagera l'adoption de son propre «article 1», rapporte Radio-Canada, dimanche.
Un tel article préciserait la position de la CAQ en ce qui a trait à la place du Québec au sein du Canada, à l'image du Parti québécois qui y affirme sa vision souverainiste.
À sa fondation, la CAQ avait évité d'aborder la question constitutionnelle. Elle s'est ensuite mise à réclamer une plus grande autonomie pour la province, sans pour autant prôner son indépendance.
L'ébauche de l'«article 1» - dont a fait état Radio-Canada - établit comme objectif premier «d'assurer le développement et la prospérité de la nation québécoise à l'intérieur du Canada, tout en défendant avec fierté son autonomie, sa langue, ses valeurs et sa culture».
Cette proposition devrait d'abord être adoptée par les membres du parti avant de figurer à son programme politique.
Ils auront l'occasion d'en discuter lors du prochain congrès, qui aura lieu le week-end prochain, à Drummondville.

Espionnage des journalistes: Lucien Bouchard intervient dans le débat

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Publié le 07 novembre 2016 à 09h18 | Mis à jour à 09h18
Lucien Bouchard se dit toutefois confiant que les... (Archives La Presse)
Lucien Bouchard se dit toutefois confiant que les enquêtes en cours sauront
 combler les trous dans le filet de protection des sources et du rôle des journalistes.
ARCHIVES LA PRESSE
La Presse
L'ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, s'est invité dans le débat entourant la protection des sources journalistiques et émet de sérieuses réserves quant au travail des juges de paix lors d'une entrevue accordée à un journaliste du FM 93.
« Ce que j'en sais c'est ce que ça n'a pas de bon sens ce qui s'est passé, qu'il faut redresser le système », a martelé Me Bouchard, en faisant allusion aux gestes posés par la Sûreté du Québec et le Service de police de la Ville de Montréal.
Sans pour autant affirmer qu'il y a connivence entre les juges de paix, qui sont dans certains cas d'anciens procureurs de la Couronne, et les policiers, MeBouchard se questionne sur la facilité d'obtenir des mandats. « J'imagine qu'il y a des relations qui s'instaurent de façon plus facile et plus conviviale entre des gens qui ont travaillé longtemps ensemble. Est-ce que c'est le cas? Les enquêtes devront le démontrer. Ça ne devrait pas être si facile que ça, obtenir des mandats. »
Il se dit toutefois confiant que les enquêtes en cours sauront combler les trous dans le filet de protection des sources et du rôle des journalistes. « C'est certain qu'on ne laissera pas à un niveau comme celui-là la possibilité d'émettre des mandats qui vont faire intrusion dans la vie professionnelle des journalistes. Il y a des enquêtes en cours, il y aura des recommandations. Je ne doute pas que ça va se solder par un resserrement considérable et très strict de la protection de l'activité journalistique », a-t-il mentionné.

Ancien quartier général de Montréal: le PLQ poursuivi pour 12 millions

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Publié le 07 novembre 2016 à 07h29 | Mis à jour à 07h29
Le Parti libéral du Québec (PLQ) est désormais... (Photo Marco Campanozzi, Archives La Presse)
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Le Parti libéral du Québec (PLQ) est désormais poursuivi pour 12,2 millions par l'acheteur éconduit de son ancien quartier général de Montréal

Tommy Chouinard
TOMMY CHOUINARD
La Presse
(Québec) Le Parti libéral du Québec (PLQ) est désormais poursuivi pour 12,2 millions par l'acheteur éconduit de son ancien quartier général de Montréal.
« Le montant réclamé semble dépasser les capacités financières de notre parti et, par conséquent, les administrateurs pourraient être exposés à supporter personnellement les obligations financières du parti si ce dernier perdait la poursuite sur toute la ligne et n'arrivait pas à acquitter ses dettes », s'inquiète Jérôme Turcotte dans son rapport que La Presse a obtenu. Il était président de la commission politique du PLQ lorsqu'il l'a rédigé, en avril dernier.
Dans une poursuite intentée à la fin de 2014, une société à numéro appartenant à l'homme d'affaires David Owen réclamait 2 millions au PLQ pour avoir écarté, illégalement selon lui, son offre d'achat pour en accepter une autre. Or, il a déposé une requête amendée le 28 septembre 2015 portant la somme à 12,2 millions, faisant valoir des dommages liés à « la perte d'opportunité d'affaires ». Le tribunal a prolongé récemment la période de mise en état du dossier jusqu'à mars 2017.
Les membres de la direction du PLQ ont eu « la surprise » d'apprendre tardivement, en novembre 2015, que la réclamation avait augmenté, déplore M. Turcotte. Le PLQ aurait souscrit une police d'assurance pour donner une protection à ses administrateurs, mais ceux-ci n'en avaient toujours pas pris connaissance le printemps dernier, selon son document.
« Bien que le parti risque de sortir indemne de ce litige, il semble qu'il aurait dû être davantage proactif dans ses communications avec les administrateurs relativement à l'enjeu de l'exposition du parti et de ses administrateurs à un risque financier de cette taille en informant notamment les administrateurs de l'étendue de la couverture de leur police d'assurance. »
- Jérôme Turcotte, dans son rapport que La Presse a obtenu
« Cela devrait être corrigé prochainement suite à certaines demandes, mais le fait d'avoir à demander pour obtenir ce genre d'information devient à la longue irritant », ajoute M. Turcotte, lui-même avocat.
La Presse avait fait état du litige en mai 2015. Rappelons que le 20 octobre 2014, David Owen et la directrice générale du PLQ, Marie-Ève Ringuette, ont signé une entente par laquelle le parti s'engageait à céder son siège social de la rue Waverly pour la somme de 5,5 millions. Le PLQ avait la possibilité de se retirer du marché s'il recevait une meilleure proposition dans un délai de 10 jours. C'est ce qui s'est produit : le 29 octobre, le PLQ a fait parvenir un message à M. Owen, l'avisant qu'il avait reçu une offre de 7,4 millions de la part d'un autre acquéreur. Dans sa requête, le promoteur immobilier, bien en vue dans la métropole, affirme que cette nouvelle promesse d'achat n'est pas valide, dénonce des « machinations » et des « manoeuvres » qui l'ont empêché d'acquérir le bâtiment.
Le nouveau propriétaire est Lima Immobilier, dont le président est Pierre-Antoine Fernet. Ce dernier disait à La Presse en septembre 2015 que la transaction avec le PLQ s'est réalisée de façon tout à fait réglementaire de son côté. Il a finalement acheté le bâtiment pour 6,3 millions. Il projetait à l'époque de construire un complexe de bureaux destinés aux entreprises des nouvelles technologies.
- Avec la collaboration de Christiane Desjardins et Martin Croteau, La Presse

PLQ: un document interne «sonne l'alarme»

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EXCLUSIF
Publié le 07 novembre 2016 à 05h00 | Mis à jour à 08h54
Le premier ministre Philippe Couillard, à la tête... (ARCHIVES PC)
ARCHIVES PC
Le premier ministre Philippe Couillard, à la tête du PLQ depuis 2013, est aussi écorché par le rapport. Surtout pour ne pas avoir concrétisé des promesses visant le «renouveau du Parti libéral» et un rapprochement avec ses militants.

TOMMY CHOUINARD
La Presse
(Québec) Une « base militante en chute libre », des députés déconnectés des membres, un contrôle excessif du chef et de son entourage, un gouvernement qui fait fi des résolutions adoptées en congrès... Derrière la façade, le Parti libéral du Québec (PLQ) est mal en point à l'aube de son 150e anniversaire. Il est temps de « sonner l'alarme », soutient le président sortant de la commission politique nationale du parti dans un rapport-choc que La Presse a obtenu.
Au fil des 47 pages de ce document classé confidentiel, Jérôme Turcotte jette un éclairage cru sur les « dysfonctionnements » qu'il a pu constater au PLQ depuis le début de son implication active en 2008. Il a siégé au conseil exécutif, la plus haute instance du parti, de juin 2014 jusqu'à son départ de la présidence de la commission politique en septembre dernier.
Le rapport en forme de testament politique, intitulé Analyse des défis à relever pour relancer le militantisme au PLQ, est daté du 22 avril, mais il n'a été remis à la direction du parti qu'à la fin de l'été. Il est entre les mains d'au plus quelques dizaines de personnes.
À l'interne, l'insatisfaction grandit face au peu de considération que lui accorderait l'état-major. Le document est ainsi révélé au grand jour à l'approche du conseil général du PLQ, le week-end prochain à Laval.
Le directeur des communications du PLQ, Maxime Roy, reconnaît que « le parti a entendu les commentaires de certains militants » insatisfaits du suivi fait à l'égard du document, mais il assure que « la direction a accueilli [celui-ci] de façon très positive ». « Il y a des actions qui sont déjà prévues pour le début de 2017 pour aller davantage de l'avant avec ces réflexions-là », a-t-il ajouté lors d'un entretien avec La Presse, hier. 
La lecture du document confidentiel constitue une rare incursion dans la vie interne du PLQ. Et comme l'auteur en témoigne lui-même, ce n'est pas dans la tradition de la maison que de donner libre cours aux critiques. Une culture du silence règne. « La solidarité et l'unité font partie de l'ADN de notre organisation et cela peut parfois rendre le dialogue franc et sincère plus difficile. Cela dit, pour changer les choses, il faut parfois savoir nommer les travers qui nous affectent pour les corriger », écrit M. Turcotte, pour qui il a été « très difficile d'écrire ce texte ». Sa démarche se veut « constructive » et vise à redonner la parole aux militants, qui « délaissent » un parti devenu un véritable « éteignoir à l'engagement citoyen ». Le « déclin » du militantisme « constitue un risque majeur pour notre organisation », soutient l'avocat.
Selon le « diagnostic » de Jérôme Turcotte, le problème a débuté sous l'ère Charest, avec « la centralisation graduelle de la prise de décision et l'accent mis sur le financement ». Il s'est aggravé au fil des ans.
« Il est nécessaire de prendre conscience que notre parti a été au pouvoir de façon quasi continue depuis plus d'une décennie maintenant et qu'une certaine torpeur ainsi qu'un excès de confiance semblent s'être emparés de ce dernier alors que notre base militante est en chute libre. Il y a de quoi sonner l'alarme si nous voulons que notre parti demeure un réel parti de militants », affirme-t-il.
De multiples récriminations
« À l'heure actuelle, plusieurs militants, dont moi-même, ont le sentiment que le PLQ est de plus en plus en train de devenir une marque de commerce servant à faire élire une aile parlementaire qui a délaissé le militantisme et est de moins en moins un réel parti ancré dans une participation citoyenne active. »
Ses récriminations sont multiples : « la participation tiède de nombreux élus à nos événements militants, le choix presque systématique de candidats vedettes étrangers au militantisme dans des comtés prenables, l'absence de mécanismes d'investiture clairs, l'absence de réels mécanismes de suivi des résolutions et des engagements électoraux ». Des procédures prévues à la constitution du parti seraient escamotées, voire violées. « Cela est triste à dire, mais le respect de notre constitution et de notre règlement général semble, à bien des égards, une chose facultative », lâche-t-il.
« À défaut d'agir avec force, il est clair que la vulnérabilité de notre parti aux intempéries électorales n'ira qu'en croissant. Cela pourrait malheureusement avoir un impact significatif sur le développement à long terme de notre institution qui a près de 150 ans. » - Jérôme Turcotte, président sortant de la commission politique du PLQ dans un rapport interne
« Les résultats plus que décevants » aux chapitres du nombre de membres et du financement l'ont « poussé à écrire » le texte. À ceux qui « doutent toujours de la gravité de la situation qui justifie l'urgence d'agir », il présente des chiffres éloquents.
L'objectif de financement pour chaque circonscription, qui était jugé « atteignable et raisonnable », « n'a été rempli qu'à 50,8 % ». En date du 31 décembre 2015, le PLQ avait 37 020 membres en règle. La formation a perdu plus de 15 000 membres depuis l'automne 2014, une saignée de près de 30 %. « À ce rythme de diminution du membership, le PLQ se retrouverait sans aucun membre dans un peu plus de trois ans et demi », illustre Jérôme Turcotte. « Le militantisme est actuellement dans une situation critique au sein de notre parti. »
Des résolutions ignorées
Son document est truffé d'anecdotes embarrassantes, en particulier sur le sort réservé aux résolutions adoptées par les militants lors des congrès. Un ministre et des députés lui ont confirmé qu'elles sont ignorées par les élus et le gouvernement. 
« Cette faible prise en compte du travail militant m'attriste et me fait malheureusement douter de la pertinence de mon engagement. Cela m'a fait prendre conscience du peu d'impact qu'ont actuellement les militants du PLQ sur leurs élus. » - Jérôme Turcotte, président sortant de la commission politique du PLQ dans un rapport interne
D'autres exemples ? L'entourage de Philippe Couillard l'a forcé à écarter le thème de « l'amélioration de nos institutions démocratiques » en vue du congrès de 2015. « J'ai exprimé sans détour le fond de ma pensée », écrit M. Turcotte, rappelant que « la détermination d'un thème est de loin la décision la plus importante que peut prendre la Commission politique. [...] Cela n'a pas permis de faire pencher la balance en ma faveur. » 
Pour les deux autres thèmes retenus, l'équité intergénérationnelle et la relance économique, le cabinet de M. Couillard a promis de ne pas interférer « tant qu'il n'y avait pas de propositions vraiment déraisonnables ». Mais un ministre, furieux, est parvenu à faire retirer des « résolutions importantes ». Et sur le parquet, il a manoeuvré en douce pour « torpiller » les propositions soumises aux militants « pour lesquelles il avait des réserves ». Le PLQ n'a toutefois pas le monopole de ces pratiques.
Le premier ministre lui-même, à la tête du PLQ depuis 2013, est écorché. Surtout pour ne pas avoir concrétisé des promesses visant le « renouveau du Parti libéral » et un rapprochement avec ses militants.
« Je comprendrais qu'une personne qui ne s'attarde qu'aux chiffres des sondages d'opinion puisse trouver que mon diagnostic est plutôt catastrophiste compte tenu de la popularité actuelle de la marque de commerce libérale. [Or] notre base militante est dans un déclin prononcé et il est important de sortir de notre torpeur pour renverser la tendance. »
Jérôme Turcotte recommande une série de mesures pour que le PLQ recouvre une santé démocratique. Joint par La Presse hier, il a confirmé l'authenticité du document, qui avait reçu « un accueil positif » de la part des présidents de conseils régionaux du PLQ à la fin de l'été. « Pour le reste, je n'ai pas d'informations sur ce qui se passe depuis le dépôt du document et mon départ. Je ne serais pas surpris que les gens seraient désireux de faire en sorte que ce document ait des suites », a-t-il ajouté, précisant qu'il a quitté le parti « en très bons termes ».

Espionnage de Patrick Lagacé: le maire Coderre se défend

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Publié le 07 novembre 2016 à 07h08 | Mis à jour à 08h49
Le SPVM a eu accès aux relevés téléphoniques... (PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE)
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Le SPVM a eu accès aux relevés téléphoniques du chroniqueur Patrick Lagacé en décembre 2014. Le corps policier cherchait à découvrir l'origine d'une fuite en lien avec une présumée affaire de contravention impayée par le maire Denis Coderre.

La Presse
Le maire de Montréal, Denis Coderre, n'a pas exclu l'hypothèse que le chroniqueur vedette de La Presse, Patrick Lagacé, ait été espionné après avoir découvert que le premier magistrat de Montréal aurait possiblement eu un passe-droit pour une contravention de 444$ impayée, une information démentie par le maire sur les ondes du 98,5 fm, qui a confirmé s'être acquitté de la facture. Denis Coderre a également profité de la tribune pour admettre s'être plaint à l'ex-directeur du SPVM, Marc Parent.
Le maire a fait état d'autres histoires impliquant le SPVM, notamment une contravention pour excès de vitesse et des appels répétés pour pouvoir se prendre en photo avec le chanteur Corey Hart. C'est lorsque ces derniers éléments ont été rendus publics que le maire Coderre s'est plaint à M. Parent. «Est-ce qu'on peut commencer à fouiller dans les registres comme ça et commencer à envoyer ça à gauche et à droite?, a renchéri le maire. Ce n'était pas une demande d'enquête. C'était pour le citoyen Coderre, a expliqué le maire. J'ai demandé à Parent (NDLR l'ancien directeur du SPVM). Est-ce que c'est légal? Je me fais surveiller. Il y a une différence entre de l'ingérence politique et moi comme citoyen... On fouille dans mes registres... Je me fais checker, on va checker Lagacé. Ça peut vouloir dire ça», a mentionné le maire Coderre. 
Oubli de « payer ses plaques »
Dans La Presse de lundi, Patrick Lagacé mentionne avoir été informé, par des membres du SPVM, de la possibilité que le maire ne se soit pas acquitté des frais de ladite contravention. Celui qui allait devenir maire de Montréal fin 2013 a oublié de « payer ses plaques », sans doute comme des dizaines d'autres Québécois ce jour-là. C'est à la suite des vérifications du journaliste auprès de l'attachée de presse du maire, Catherine Maurice, que le SPVM aurait obtenu un mandat de surveillance de son téléphone. 
Enquête de l'inspecteur général
Dimanche, le maire de Montréal a annoncé que l'inspecteur général de la Ville de Montréal, Me Denis Gallant, siègera sur un comité qui se chargera d'enquêter sur les pratiques du SPVM. Les balises n'ont toutefois pas été précisées.

Lagacé espionné pour une fuite à l'hôtel de ville

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EXCLUSIF
Publié le 07 novembre 2016 à 06h29 | Mis à jour à 06h29
Patrick Lagacé... (Archives La Presse)
Patrick Lagacé
ARCHIVES LA PRESSE
PATRICK LAGACÉ
La Presse
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) m'avait donc déjà espionné en décembre 2014, dans une affaire distincte de celle de 2016, révélée la semaine dernière par La Presse. Et cette fois, l'histoire implique Denis Coderre.
Denis Coderre, alors député fédéral, a reçu en... (Photo La Presse) - image 1.0
Denis Coderre, alors député fédéral, a reçu en mars 2012 une contravention de 444 $ puisque l'immatriculation de son véhicule n'avait pas été payée.
PHOTO LA PRESSE
Dans le système informatique du SPVM qui consigne... (Photo La Presse) - image 1.1
Dans le système informatique du SPVM qui consigne les constats d'infraction, le code « inexistant » était associé au dossier 786 218 204, relié à la contravention reçue par Denis Coderre.
PHOTO LA PRESSE
Elle commence le 20 mars 2012, coin LaSalle et Desmarchais, dans l'arrondissement de Verdun. Il est 10 h du matin. Une policière remarque un Jeep Cherokee 2011 dont l'immatriculation n'a pas été payée. Elle l'intercepte.
Au volant, le député libéral fédéral de Bourassa, Denis Coderre. La policière lui colle une contravention de 444 $.
Jusqu'ici, rien à signaler. Celui qui allait devenir maire de Montréal fin 2013 a oublié de « payer ses plaques », sans doute comme des dizaines d'autres Québécois ce jour-là. Le constat porte le numéro 786 218 204.
Deux ans et demi plus tard, une rumeur court dans les rangs de la police de Montréal. Ce constat d'infraction, le maire Coderre ne l'aurait jamais payé. Pourquoi cette rumeur ? Parce que dans le système informatique du SPVM qui consigne les constats d'infraction, le dossier 786 218 204 se voit assigner un code que bien des policiers ne comprennent pas : « INEXISTANT ».
Autour de la machine à café, dans les différents immeubles du SPVM, ce code « INEXISTANT » est l'engrais de multiples spéculations en cet automne 2014. Ces spéculations viennent aux oreilles d'un journaliste. Moi.
Pourquoi me parle-t-on ? Parce qu'on n'a pas confiance dans le processus en place, au SPVM. On croit la direction trop proche du pouvoir politique, surtout depuis que Denis Coderre occupe la mairie. On croit impossible que le SPVM puisse même enquêter sur une affaire impliquant le maire. Vrai, faux ? C'est la perception.
J'écoute. Je lance des coups de sonde. Je ne sais trop quoi faire de ça. Puis, quelque part dans cet automne, je reçois copie du ticket. Et une photo de l'écran noir qui montre le cheminement du constat 786 218 204 dans le système.
Je vérifie discrètement. Les interprétations diffèrent. Il n'y a pas de consensus, chez ceux que je consulte. Je suis dubitatif, même si « Denis Coderre a fait annuler un de ses tickets de circulation, une fois élu » serait une sacrée bonne histoire. Mais souvent, les « bonnes histoires » ne le sont pas.
Le 17 décembre 2014, j'envoie un courriel à la nouvelle attachée de presse du maire, Catherine Maurice. Je lui demande si M. Coderre a payé ce constat de 444 $, oui ou non.
Les vacances de Noël arrivent. Est-ce avant, est-ce après, je ne m'en souviens pas, mais je me souviens de ceci : je fais mon lit sur cette histoire après avoir parlé à un gradé qui connaît bien ces codes. Et pour lui, c'est clair : M. Coderre l'a payé, son ticket. « INEXISTANT » ne signifie pas que le constat n'a pas été payé.
Je choisis de ne pas écrire là-dessus.
Dans ma tête, je classe cette histoire dans la catégorie « scoop qui se dégonfle, une fois les vérifications faites ».
Plusieurs mois plus tard, j'apprends qu'après mon courriel du 17 décembre à l'hôtel de ville, une enquête criminelle a été déclenchée par le SPVM pour savoir qui m'a parlé.
J'apprends qu'une poignée de policiers ont été rencontrés par les Affaires internes. Ils sont considérés comme des suspects d'un crime, celui d'abus de confiance. Je sais que les Affaires internes cherchent à savoir qui a parlé au journaliste.
Ce que je ne sais pas en 2015, c'est que pour savoir qui m'a parlé, l'enquêteur Normand Borduas - le même qui a traqué mes sources dans ce qu'il me gêne d'appeler « l'affaire Lagacé » révélée lundi dernier - obtient le droit d'ordonner à mon fournisseur cellulaire, Telus, de lui fournir mes relevés téléphoniques des deux semaines* avant le 17 décembre 2014. Le même coup que la SQ a fait à une poignée de reporters, dont Alain Gravel et Marie-Maude Denis d'Enquête, pour la période 2008 à 2013.
Quand, la semaine dernière, le SPVM a avoué avoir espionné (sans le nommer) un autre journaliste en décembre 2014, j'ai tout de suite soupçonné qu'il s'agissait de moi. Je me suis souvenu de ce courriel envoyé une semaine avant Noël à l'attachée de presse de M. Coderre.
Les dates concordaient. Interviewant le chef Philippe Pichet hier, mon collègue Yves Boisvert s'est fait confirmer qu'il s'agissait de moi.
Donc, il ne faut pas être Fabienne Larouche pour imaginer la suite : le bureau du maire Coderre, irrité, a appelé celui du chef de police. À l'époque, Marc Parent était le chef du SPVM. L'actuel chef, Philippe Pichet, était son chef de cabinet. Costa Labos était chef des Affaires internes. Et quelqu'un a décidé que c'était bien correct d'espionner un journaliste, en tout cas plus facile...
On va le dire et on va le répéter : en démocratie, ces intrusions de l'État dans les données téléphoniques des journalistes sont rarissimes et universellement condamnées. Aux États-Unis, quand le Department of Justice a fait le coup à 20 journalistes de l'Associated Press, l'affaire a fait scandale, en 2013. Il s'agissait, au moins, de reportages liés à une opération antiterroriste. Pas à une question sur le ticket d'un politicien...
Ce qui est formidable dans cette histoire, c'est qu'on a appliqué des moyens d'enquête criminelle à ce qui aurait manifestement pu être réglé dans un processus disciplinaire.
Mais si on prend la voie disciplinaire, on ne peut pas avoir de mandat judiciaire pour forcer Telus à donner à l'enquêteur Borduas les données téléphoniques d'un journaliste qui, au fil des ans, a considérablement offusqué les boss du SPVM...
Bien sûr, si on prend la voie criminelle, on a un prétexte extraordinaire pour aller espionner en douce les données téléphoniques d'un journaliste...
Bien sûr, si on prend la voie criminelle, on envoie aussi un signal bien clair aux troupes : parlez, et vous allez souffrir.
La beauté de l'affaire, ici, c'est que les policiers qui ont fait l'objet d'une enquête criminelle n'ont jamais été accusés. Je dis « la beauté de l'affaire » parce que jamais l'enquêteur Borduas ou son boss Labos n'auront à se justifier en cour : les policiers n'ont jamais été accusés ! Partie de pêche gratuite...
Être parano - et depuis une semaine je crois avoir gagné le droit de l'être -, je dirais que l'enquêteur Borduas n'a jamais eu l'intention d'accuser qui que ce soit dans cette affaire. Que cette supposée enquête criminelle n'avait pour but que de plaire au bureau du maire en plus de pouvoir fouiller à satiété dans mes relevés téléphoniques, question de savoir qui ose me parler, au SPVM.
Ce sont bien sûr des méthodes dignes de la police est-allemande, mais je doute que ceux qui, au SPVM, ordonnent l'espionnage de journalistes savent que le « démocratique » dans RDA était une sombre farce.
Je note aussi que parmi les gens qui ont dénoncé ces méthodes dans la classe politique, Denis Coderre est de ceux qui l'ont fait avec le plus de mollesse. En même temps, M. Coderre sait ce que son bureau exige du SPVM, en ce qui a trait au contrôle de l'info : il est bien mal placé, aujourd'hui, pour lui en vouloir d'avoir pris les grands moyens pour colmater les fuites...
Ce sera ma seule observation systémique : il y a trop de proximité entre le maire Coderre et « sa » police. Le bien public commande d'ériger un mur plus haut entre le SPVM et le bureau de notre maire hyperactif et contrôlant.
Notez les similitudes entre l'espionnage par la SQ de ces journalistes d'enquête (révélé la semaine passée) et mon espionnage par le SPVM, dans l'histoire du constat d'infraction du maire Coderre. Dans les deux cas, on sait que le politique a interpellé « sa » police.
Dans les deux cas, la police a décidé d'espionner des journalistes. On ne m'enlèvera pas de la tête que la pression politique peut pousser les flics à utiliser des méthodes clairement exagérées.
Mais c'est ce qui arrive quand la police couche avec le politique, et je le dis depuis des années : elle fait des conneries.
* Le SPVM a affirmé à Yves Boisvert n'avoir consulté que deux semaines de mes registres téléphoniques, en décembre 2014. Le SPVM a tellement menti et joué sur les mots depuis une semaine que je n'ai aucune raison de croire à une si courte période d'intrusion dans mes données. Je le croirai quand j'en aurai une preuve matérielle.
Le SPVM a eu accès aux relevés téléphoniques... (PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE) - image 2.0
Le SPVM a eu accès aux relevés téléphoniques du chroniqueur Patrick Lagacé en décembre 2014. Le corps policier cherchait à découvrir l'origine d'une fuite en lien avec une présumée affaire de contravention impayée par le maire Denis Coderre.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La réaction du cabinet du maire Coderre

« L'infraction qui a été alléguée dans ce dossier, commise vraisemblablement par des fonctionnaires, était une infraction grave, celle d'abus de confiance.
Nous venons d'apprendre aujourd'hui qu'il y a eu enquête dans ce dossier. Les policiers ont décidé de mener une enquête pour découvrir qui commettait de tels abus qui menacent notre société de droit.
Le maire trouve inacceptable que des méthodes aussi invasives furent utilisées auprès de journalistes. Ces méthodes semblent disproportionnées par rapport à la gravité objective de l'infraction alléguée.
Les consultations mises en place et la commission d'enquête permettront, dans un climat plus serein, de se donner au cours des prochains mois de nouvelles balises et de nouveaux critères quant aux méthodes d'enquêtes qui peuvent être utilisées lorsque cela touche des journalistes et les circonstances pouvant le permettre. »

L'EI recule face à la double offensive sur Raqqa et Mossoul

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Publié le 07 novembre 2016 à 06h43 | Mis à jour à 06h43
En Irak, l'offensive sur Mossoul est entrée dans... (photo REUTERS)
En Irak, l'offensive sur Mossoul est entrée dans sa quatrième semaine avec une nouvelle percée
 des forces irakiennes sur le front sud.
PHOTO REUTERS
DELIL SOULEIMAN AVEC AHMAD MOUSA
Agence France-Presse
AIN ISSA et Haman al-Alil
Les forces arabo-kurdes soutenues par les États-Unis avançaient lundi vers Raqqa, la «capitale» du groupe État islamique (EI) en Syrie, tandis que les djihadistes perdaient en Irak une ville clé au sud de Mossoul.
Comme en Irak, les djihadistes lancent des attaques éclair, souvent à l'aide de véhicules piégés, pour contrer l'avancée des combattants de l'opération «Colère de l'Euphrate» sur la route de Raqqa.
Dans cette région désertique et plate du nord de la Syrie, les forces ont «avancé de 12 km à partir de la localité de Suluk (80 km au nord de Raqqa) après de violents combats», a indiqué lundi à l'AFP la porte-parole de l'offensive, Jihan Cheikh Ahmad.
«Nous avons pu nous emparer d'armes» de l'EI «et nous avons tué un grand nombre de ses combattants», a-t-elle ajouté.
Des combattants avancent également depuis Aïn Issa, à 50 km au nord de Raqqa, où le combattant Chawakh Gharib est impatient de libérer sa ville natale des «oppresseurs» et des «infidèles de l'EI». «Le moral est au beau fixe», assure à l'AFP ce jeune homme de 25 ans.
«Colère de l'Euphrate» mobilise quelque 30 000 combattants, issus des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance anti-EI dominée par les Kurdes mais qui comprend aussi des Arabes et des Turkmènes.
«La majorité des combattants participant à l'offensive sont originaires de la province de Raqqa, et notamment de la ville», selon la porte-parole.
Ils bénéficient d'un soutien actif de la coalition internationale antidjihadistes dirigée par les États-Unis, qui a déployé plusieurs dizaines de conseillers sur le terrain.
Les avions américains, français ou britanniques jouent également un grand rôle pour éliminer les véhicules piégés suspects et les positions de l'EI.
«L'EI envoie des voitures piégées mais les avions de la coalition et nos armes antichar limitent leur efficacité», se félicite un responsable au sein du commandement de l'opération.
Prudence de Washington
Saluant dimanche le début de l'offensive sur Raqqa, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter avait souligné que, «comme à Mossoul», «la bataille ne sera pas facile et le travail qui se présente sera rude».
«La première phase sera d'isoler Raqqa» en coupant les principaux axes de communication avec l'extérieur, a expliqué le Centcom, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient.
Washington fait preuve de prudence sur les suites de l'opération en raison de son contexte géopolitique particulièrement sensible dans un pays plongé dans une guerre civile où interviennent de nombreuses puissances étrangères, dont la Russie et la Turquie.
Si Moscou reste en retrait, ce n'est pas le cas d'Ankara, qui veut s'impliquer dans la reprise de Raqqa, située à une centaine de kilomètres de la frontière turque.
Un porte-parole des FDS, Talal Sello, a affirmé dimanche que son groupe s'était mis d'accord avec les États-Unis sur le fait «qu'il n'y aura aucun rôle turc ou des rebelles qui leur sont alliés dans l'offensive» de Raqa.
Quelques heures plus tard, Washington affirmait cependant être en «contact étroit» avec Ankara.
Avancée au sud de Mossoul
En Irak, l'offensive sur Mossoul est entrée dans sa quatrième semaine avec une nouvelle percée des forces irakiennes sur le front sud.
La police fédérale, l'armée et les forces d'élite du ministère de l'Intérieur ont en effet pris lundi à l'EI le contrôle de la ville de Hamam al-Alil, dernière localité importante au sud de Mossoul, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Cette reconquête ouvre la voie aux forces irakiennes pour accentuer la pression vers la périphérie sud de Mossoul, où sont situés l'aéroport international et une vaste base militaire que l'armée avait désertée en juin 2014 lorsque l'EI s'était emparé de la deuxième ville du pays.
Au nord-est de Mossoul, les forces kurdes irakiennes, les peshmergas, ont lancé lundi un assaut sur Bachiqa, une ville située à proximité d'une base controversée où sont déployées des troupes turques, a indiqué un commandant.
Ankara insiste pour jouer un rôle dans l'offensive sur Mossoul, lancée le 17 octobre, et a mené des attaques à l'artillerie contre les djihadistes depuis la base de Bachiqa.
À l'intérieur de Mossoul, les forces irakiennes poursuivent leur progression dans les quartiers de l'est, où l'EI oppose une forte résistance.
«Jusqu'à sept quartiers sont désormais contrôlés par les forces du contre-terrorisme, qui les sécurisent en éliminant les dernières poches de terroristes», a précisé à l'AFP Sabah al-Noman, le porte-parole de ces forces.
Le nombre de civils déplacés depuis le début de l'offensive dépasse désormais 34 000, selon un nouveau bilan établi lundi par l'Office international des Migrations (OIM).