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samedi, octobre 08, 2016

Jean-François Lisée, le gagneur

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Le premier chantier du nouveau chef: ressouder le Parti québécois

8 octobre 2016 | Marco Bélair-Cirino à Lévis | Québec
Jean-François Lisée a remporté vendredi soir une victoire nette, échouant toutefois à rallier rallier une majorité de voix dès le premier tour.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
Jean-François Lisée a remporté vendredi soir une victoire nette, échouant toutefois à rallier rallier une majorité de voix dès le premier tour.
Les membres du PQ ont choisi de vivre leur « moment Lisée ». Ils se sont ralliés à la proposition-clé du député du Rosemont de « chasser les libéraux, de réussir l’indépendance, dans cet ordre » au terme d’une course à la direction mouvementée.

Le député-blogueur Jean-François Lisée a remporté une victoire nette vendredi soir.
 
M. Lisée a été élu au deuxième tour, après le dénombrement des « deuxièmes choix » des sympathisants de l’ex-orphelin politique Paul Saint-Pierre Plamondon. Il a obtenu 50,63 % des suffrages, comparativement à 31,7 % pour Alexandre Cloutier et 17,67 % pour Martine Ouellet. L’ex-conseiller politique de Jacques Parizeau, puis de Lucien Bouchard prend aujourd’hui le devant de la scène politique québécoise.
 
Le 9e chef du PQ a échoué à rallier une majorité de voix dès le premier tour, mais de peu (47,03 %). Il s’agit d’une première dans l’histoire du PQ.
 
Après l’annonce des résultats, M. Lisée s’est rapidement mis à la tâche de rallier les militants du PQ — y compris les 14 membres du caucus péquiste ayant fait partie du camp Cloutier.« Ce soir, c’est notre victoire à tous. C’est la victoire du Parti québécois, du parti d’Alexandre, de Martine, de Paul, de notre amie Véronique [Hivon] », a-t-il déclaré devant un parterre de quelque 600 militants rassemblés au Centre de congrès de Lévis vendredi soir.« Imaginez un instant l’énergie des organisations de Paul, d’Alexandre, de Martine et ma campagne combinées vers un objectif commun. Les jours du gouvernement Couillard sont comptés », a-t-il poursuivi, s’attirant des applaudissements nourris.


Se décrivant comme « le chef du rassemblement », M. Lisée s’est notamment engagé à mettre en oeuvre les huit chantiers de M. Cloutier ainsi que « les 50+1 réponses pour l’indépendance » de Mme Ouellet.
 
Plus tôt, le président du PQ, Raymond Archambault, avait mis en garde les aspirants-chefs contre les difficultés de diriger la formation politique. « Ce n’est pas comme diriger […] un autre parti politique. Ceux qui sont passés par là peuvent en témoigner », a-t-il averti, avec un clin d’oeil à l’ex-première ministre Pauline Marois, qui était assise au premier rang. « Nous sommes, comme dirait Gilles Vigneault, gens de parole et gens de causerie. Je n’en dirai pas plus », a-t-il ajouté.
 
Aux commandes du PQ, M. Lisée devra convaincre les membres du parti de consacrer sa promesse de tenir un référendum sur l’indépendance du Québec dans un second mandat (2022-2026) dans le programme du PQ, qui sera adopté au printemps 2017. En même temps, le 9e chef du PQ devra tenter de garder en vie le projet de convergence des indépendantistes éparpillés entre le Parti québécois, Québec solidaire et Option nationale, malgré l’absence d’un engagement ferme du PQ à foncer vers le pays du Québec. « Le projet indépendantiste est irréductible », a souligné M. Lisée vendredi soir.
 
L’homme de 58 ans a pris soin durant son discours de victoire de s’adresser aux électeurs des autres partis politiques. « Je vais d’abord m’adresser aux électeurs libéraux. Le quart d’entre vous l’avez avoué aux sondeurs. Vous êtes insatisfaits du gouvernement Couillard. Il n’y a pas de honte à avoir honte d’un gouvernement honteux. Des gouvernements libéraux, il y en a eu des exceptionnels, comme celui de Jean Lesage. Il y en a eu des moyens. Mais des mauvais comme celui qui gouverne en ce moment, on n’a jamais vécu ça, de notre vivant », a-t-il déclaré, le ton ferme. « Si vous souhaitez que le Parti libéral du Québec redevienne un grand parti, il n’y a qu’un remède : un long séjour dans l’opposition. Un changement de garde. Une longue cure de désintoxication éthique. »
 
M. Lisée a par la suite reproché à la Coalition avenir Québec d’être un parti « né vieux », tout comme « Benjamin Button ».
 
Ralliement
 
Martine Ouellet a promis tout au long de la semaine, et encore vendredi soir, qu’elle se« rallier[a] » au chef choisi par les membres, mais « ne renier[a] pas [ses] convictions », par exemple en cessant de militer pour la tenue d’un référendum dans un premier mandat. La candidate malheureuse s’était contentée devant les militants péquistes à remercier les 73 236 membres du PQ de « faire du Parti québécois le plus grand parti démocratique au Québec ». « Ça fait maintenant 30 ans, presque jour pour jour, que je milite au Parti québécois. Le Parti, c’est un peu comme ma deuxième famille. Le Parti québécois, c’est un parti que j’aime », a déclaré la députée de Vachon.
 
Rédemption
 
Cinq mois après avoir lancé sa campagne à la chefferie sur le trottoir de la rue Papineau à Montréal, entouré d’une poignée de journalistes, Jean-François Lisée a accédé au poste de chef de l’opposition officielle du Québec. Pour M. Lisée, c’est la rédemption, et ce, moins de deux ans après s’être mis à dos un grand nombre de péquistes en signalant les risques posés par la candidature de l’actionnaire de contrôle de Pierre Karl Péladeau, « une bombe à retardement », à la tête du PQ. Les membres du PQ ne lui en tiennent plus rigueur. Au premier tour, il a recueilli 47,03 % des voix, comparativement à 29,66 % pour Alexandre Cloutier, 16,46 % pour Martine Ouellet et 6,84 % pour Paul Saint-Pierre Plamondon.
 
Les membres du PQ ont encore une fois déçu les ambitions d’Alexandre Cloutier, qui briguait la chefferie du PQ pour la seconde fois en un an et demi. Le député de Lac-Saint-Jean encaissait vendredi soir la défaite. « Votre confiance, c’est le bien le plus précieux qu’un candidat dans une course au leadership puisse avoir. Je veux que vous sachiez que j’ai vraiment tout donné pour l’obtenir. Maintenant, peu importe le choix que vous avez fait, je veux juste que vous vous rappeliez une chose : je vous aime beaucoup », avait déclaré l’avocat de 39 ans quelques minutes avant l’annonce des résultats.
 
La machine électorale du « bleuet » avait pourtant démarré au quart de tour en mai dernier. M. Cloutier avait notamment obtenu l’appui des officiers du PQ, ce qui avait conforté toutefois l’idée qu’il était le candidat de l’establishment. M. Lisée a toutefois réussi à renverser la vapeur à coups de sorties et attaques calculées ou non calculées — comme un gazouillis controversé. M. Lisée avait diffusé, puis retiré un message sur son fil Twitter, dans lequel il montrait que les positions de son principal adversaire, Alexandre Cloutier, en matière de laïcité plaisaient au Collectif québécois contre l’islamophobie, dont le coordonnateur est Adil Charkaoui.
 
L’irruption du prédicateur controversé a eu un impact marginal dans les intentions de vote des membres-électeurs du PQ, selon M. Lisée. Le nouveau chef péquiste estime toutefois avoir remporté le débat identitaire. Les membres semblent en effet avoir adhéré à sa proposition de geler les seuils d’immigration, ainsi qu’à celle d’interdire et de décourager le port de signes religieux à certains employés de l’État. « Contrairement à la légende que certains veulent créer aujourd’hui, René Lévesque était le premier à critiquer les politiques d’immigration et leurs seuils. Il était le premier à défendre haut et fort l’identité québécoise qu’il appelait la "différence vitale" du Québec et notre responsabilité à la défendre et à la transmettre. Il fut, en son temps, accusé de tous les maux. Xénophobie, racisme, nazisme, il n’y avait pas de limite », a rappelé aux membres du PQ M. Lisée.
 
M. Cloutier a répété à la presse avoir « refusé de faire campagne pour plaire par calcul » au cours des cinq derniers mois. « J’ai refusé de prendre des raccourcis et de dire aux membres du Parti québécois ce qu’ils auraient peut-être préféré entendre. J’ai plutôt choisi de mettre mes convictions sur la table, de parler avec mon coeur, de parler vrai, sincère », a-t-il insisté, mettant le cap vers Saint-Gédéon, la « tête haute ».
Le 9e chef du Parti québécois
Originaire de Thetford Mines, Jean-François Lisée a oeuvré pour différents médias à compter de 1973. Le diplômé en communications de l’UQAM, auteur des essaisDans l’oeil de l’aigleLe tricheur et Le naufrageur, fait le saut en politique en 1994. Il fait partie de la garde rapprochée de Jacques Parizeau, puis de Lucien Bouchard.« Il a 10 idées par jour. Le problème, c’est de trouver la bonne ! » a dit son ex-patron, Jean Royer. Cofondateur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM), M. Lisée brigue les suffrages pour la première fois en 2012. Élu, il est nommé ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur par la première ministre Pauline Marois (2012-2014). L’homme politique se retire de la course à la succession de Pierre Karl Péladeau en janvier 2015. À l’âge de 58 ans, il devient le 9e chef du Parti québécois.
 
75 %
Le taux de participation a été plus important qu’en 2015 (73 %), mais plus faible qu’en 2005 (77 %).
Avec Dave Noël
Jean-François Lisée a remporté vendredi soir une victoire nette, échouant toutefois à rallier rallier une majorité de voix dès le premier tour.Paul Saint-Pierre Plamondon, Alexandre Cloutier et Martine Ouellet entourent celui qui présidera aux destinées du Parti québécois, Jean-François Lisée.

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