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jeudi, juillet 21, 2016

Un ex-v.-p. de Génivar radié pour 20 mois

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Publié le 20 juillet 2016 à 18h39 | Mis à jour le 20 juillet 2016 à 22h22
Éric Tremblay a été vice-président senior chez Genivar... (Photothèque Le Soleil)
PHOTOTHÈQUE LE SOLEIL
Éric Tremblay a été vice-président senior chez Genivar pour la région de l'Est-du-Québec.

ANNIE MORIN
Le Soleil
(Québec) Un autre ingénieur impliqué dans un système illégal de partage de contrats à Québec est radié temporairement de l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ). Éric Tremblay, vice-président de Genivar au moment des faits, ne pourra exercer la profession pendant 20 mois. Il peut se compter chanceux : une membre du conseil de discipline voulait lui imposer le double.
La décision partagée du Conseil de discipline, datée du 19 mai, a été rendue publique mercredi par l'Ordre des ingénieurs. C'est la troisième en lien avec les aveux de l'ingénieur Patrice Mathieu à la commission Charbonneau en septembre 2013. Celui-ci a expliqué comment huit firmes de génie réunies sous le couvert de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec se sont partagé les contrats de la Ville de Québec pour maintenir des prix avantageux, à la fin de la décennie 2000. 
En janvier, Jostran Lamontagne et Marcel Faucher, tous deux de BPR à Québec, ont été condamnés pour avoir «mis en place» et «participé» à un système de «partage de contrats» - expression préférée au terme «collusion» - leur permettant de contourner le processus d'appel d'offres de la Ville de Québec. Ils ont écopé de 18 mois de radiation. 
Éric Tremblay est puni plus sévèrement, car son dossier déontologique n'était pas vierge. En novembre 1992, il avait été trouvé coupable de «s'être engagé à verser à la municipalité de Fortierville et à la municipalité de Saint-Hubert un avantage dans le but d'obtenir un contrat d'ingénierie». Puis, en 2000, il avait reconnu sa culpabilité «pour s'être prêté en 1998 à des procédés malhonnêtes ou douteux dans le cadre d'une offre de service relative au projet d'aménagement d'un tronçon de l'autoroute 20 à Boucherville». 
«L'enquête et la preuve présentée ont révélé qu'il avait joué un rôle important en participant à l'élaboration du système de partage de contrats et en étant davantage consulté par la personne responsable du comité», peut-on aussi lire dans la décision. 
Reconnaissant l'importance d'une sanction dissuasive, deux membres du Conseil de discipline, dont le président Jean-Guy Légaré, ont opté pour 20 mois de radiation et le paiement par M. Tremblay des débours en lien avec sa condamnation, soit environ 2500 $. Ce dernier a démissionné de son poste de dirigeant de Genivar (aujourd'hui WSP) à l'été 2013. Il est maintenant à la retraite. 
Dissidence
Fait à remarquer, l'ingénieure Diane Germain a exprimé clairement son désaccord à propos de la sanction. «Malgré le fait qu'il avait déjà été reconnu coupable à trois chefs d'accusation portant sur des procédés malhonnêtes, M. Tremblay s'est joint non seulement à un comité participant à un système de partage de contrats, mais il y a joué un rôle actif. Par conséquent, à mon avis, M. Tremblay ne semble pas avoir appris ni acquis la compréhension et le respect des principes d'éthique», écrit-elle, soulignant le fait que l'ingénieur n'a pas témoigné ni exprimé de regrets pour ses gestes. 
Celle-ci aurait plutôt imposé 40 mois de radiation. «Cette sanction permettrait réellement d'envoyer un message clair et peut-être augmenterait la protection du public contre les malversations, entre autres dans le milieu des infrastructures. Je suis d'opinion que ce qui est très inquiétant dans cette série noire de systèmes de partage des contrats est le fait que plusieurs personnes étaient au courant de ce stratagème qui a perduré pendant des années et que personne n'ait parlé», justifie-t-elle. 
Mme Germain n'a pas réussi à convaincre ses collègues.

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