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mercredi, juillet 27, 2016

Clinton couronnée: fierté et émotion pour une investiture historique

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Publié le 26 juillet 2016 à 10h30 | Mis à jour le 27 juillet 2016 à 06h39
Intervenant en fin de soirée par vidéo depuis... (PHOTO REUTERS)
PHOTO REUTERS
ntervenant en fin de soirée par vidéo depuis New York, la candidate fraîchement désignée a salué les délégués.

RICHARD HÉTU
Collaboration spéciale
Agence France-Presse
Philadelphie
Quand la convention démocrate de Philadelphie a fait entrer Hillary Clinton dans l'histoire hier soir en officialisant par acclamation l'investiture de la première femme candidate d'un grand parti à la présidence des États-Unis, un mot est venu à l'esprit de Judith Lonnquist : « enfin ! »
Réagissez sur le blogue de Richard Hétu« J'ai 75 ans », a déclaré la native de Chicago avant le vote des délégués démocrates. « J'ai passé les 60 dernières années de ma vie à essayer d'envoyer une femme qualifiée à la Maison-Blanche. C'est le point culminant de l'oeuvre de ma vie. C'est donc très excitant », a ajouté cette avocate qui a milité pendant de nombreuses années au sein du National Women's Political Caucus, un organisme qui recrute et forme des candidates politiques.
Bien sûr, Hillary Clinton n'a pas encore franchi la porte du 1600 Pennsylvania Avenue à titre de présidente. Mais les propos de Judith Lonnquist témoignent de l'émotion qui s'est emparée de bon nombre de femmes présentes au Wells Fargo Center après que Bernie Sanders, au nom de l'unité, eut proposé de suspendre les règles de la convention afin de désigner Clinton par acclamation.
La proposition du sénateur du Vermont, qui intervenait après le vote de chaque État et territoire, a été acceptée. Et le Wells Fargo Center s'est mis à vibrer d'une émotion que Terry O'Neill avait évoquée plus tôt dans la journée.
« La grande question est de savoir combien de personnes pleureront », avait déclaré à La Presse la présidente de l'Organisation nationale des femmes (NOW), principale organisation féministe américaine. « Ce sera un moment très émouvant. »
Des partisans furieux de Bernie Sanders ont quitté... (REUTERS) - image 2.0
Des partisans furieux de Bernie Sanders ont quitté la salle de la convention après l'annonce de la désignation de Hillary Clinton comme candidate démocrate. 
REUTERS
Mais l'appel à l'unité n'a pas été entendu par plusieurs délégués de Sanders, qui ont quitté en bloc le Wells Fargo Center après l'investiture de Clinton. Certains d'entre eux ont occupé ou entouré le pavillon des médias situé à l'extérieur de l'amphithéâtre sportif.
N'empêche : tout au long de la journée, les mots « larmes », « exaltant », « fierté » sont revenus dans la bouche de plusieurs participantes à la convention démocrate rencontrées par La Presse. Sandra Daniels, une Afro-Américaine de Géorgie, fait partie d'un groupe de femmes qui ont été touchées de façon particulière par ce deuxième précédent politique au cours des trois dernières élections présidentielles américaines.
« Je ressens de la fierté, car nous avons enfin la chance de percer le plafond de verre ultime », a déclaré cette sténographe judiciaire, qui a célébré lundi son 62e anniversaire de naissance.
Et comment compare-t-elle cette fierté à celle qu'elle a éprouvée lors de la prestation de serment de Barack Obama en tant que premier président afro-américain ?
« Quand le président Obama est entré en fonction en 2009, je marchais en bombant un peu plus le torse et en relevant un peu plus la tête. Quand Hillary aura été officiellement investie, cette sensation sera encore plus grande », a-t-elle déclaré.
Mais toutes les participantes démocrates à la convention de Philadelphie n'ont pas vécu la même émotion et la même fierté, hier. Durant la course à l'investiture démocrate, une fracture s'est révélée entre les démocrates les plus jeunes et les plus âgées. Des partisanes de Bernie Sanders ont notamment préféré le sénateur à sa rivale, étant convaincues que l'élection d'une femme à la Maison-Blanche n'était qu'une question de temps.
Joan Lipkin, directrice de théâtre à New York, comprend cette réaction. Mais la déléguée de 62 ans ne la partage pas.
« Je suis heureuse que le monde ait changé pour les jeunes femmes », a-t-elle déclaré. « Elles ont plusieurs opportunités que je n'ai pas eues. Quand j'étais jeune, nous n'avions pas la liberté de choix [en matière d'avortement] ou la possibilité de nous joindre à des équipes sportives à l'université. Nous n'avions pas de mots pour parler de violence conjugale et de harcèlement sexuel. Le monde a beaucoup changé. Néanmoins, jusqu'à ce que ces jeunes femmes se frottent au monde, réalisent qu'elles sont moins bien payées que leurs collègues masculins, qu'elles ont moins d'occasions que ceux-ci, elles ne comprendront pas. »
Un autre mot revenait dans la bouche de plusieurs femmes rencontrées hier : « sexisme ». Un mot utilisé en réponse à la question concernant le manque de confiance d'une majorité des Américains à l'égard de Clinton.
« Pourquoi parlons-nous toujours du fait qu'Hillary n'est pas digne de confiance ? », a demandé Terry O'Neill, présidente de NOW. « Parce que, dans ce pays et franchement partout dans le monde, une femme est toujours affublée de cette étiquette quand elle sort de son rôle traditionnel, quand elle dit qu'elle veut acquérir le pouvoir pour l'utiliser intelligemment à des fins politiques. Je le dis sans détour, cette étiquette est une connerie [bullshit]. »

Les démocrates « plus progressistes que jamais »

(NIcolas Bérubé, Montréal) - Bernie Sanders a scandé que le programme politique adopté officiellement lundi soir par le Parti démocrate était « le plus progressiste jamais proposé par le parti ». En voici quelques éléments clés.
Université gratuite
L'un des éléments les plus remarquables de la plateforme démocrate est la promesse de rendre l'université publique gratuite pour certains étudiants. Selon le programme, les étudiants dont la famille gagne moins de 85 000 $US (112 000 $CAN) par année pourraient étudier gratuitement dans une université publique de leur État. Rafael Jacob, chercheur associé à l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM, rappelle que cet engagement, en apparence non controversé, est en fait très audacieux. « Au Canada, ça pourrait avoir l'air d'un engagement plutôt modéré. Aux États-Unis, ce n'est pas modéré, c'est très, très, très à gauche », dit-il.
i.t. Taxer les millionnaires
Reprenant le refrain de la campagne de Hillary Clinton, « plus forts ensemble », le programme démocrate dénonce, dès son préambule, le fait que « 1 % » de la population dispose d'une part disproportionnée de la richesse des États-Unis, une expression empruntée au mouvement Occupy Wall Street et martelée par Bernie Sanders tout au long de sa campagne. Les démocrates s'assureront aussi que « ceux qui sont au sommet contribuent à l'avenir de notre pays en mettant en place un impôt additionnel pour s'assurer que les millionnaires et milliardaires paient une part juste ».
Abolir la peine de mort
Le Parti démocrate promet d'abolir la peine de mort, une « forme cruelle et inhabituelle » de punition [...] qui n'a pas sa place aux États-Unis d'Amérique. » Cette position est controversée, puisque Hillary Clinton a déjà dit être pour la peine capitale. Qu'à cela ne tienne, c'est tout un changement pour le Parti démocrate, note Rafael Jacob. « Il y a encore une trentaine d'États américains sur 50 qui ont toujours la peine de mort, donc c'est une position audacieuse. Ça montre aussi à quel point le Parti démocrate a changé : en 1992, Bill Clinton avait suspendu sa campagne présidentielle pour retourner en Arkansas, où il était gouverneur, et superviser l'exécution controversée d'un condamné à mort. Aujourd'hui, pour la première fois de l'histoire, le parti s'engage à abolir la pratique. »
Salaire minimum à 15 $
Les troupes de Bernie Sanders sont parvenues à imposer leur proposition d'augmenter le salaire minimum fédéral jusqu'à 15 $, contre 7,25 $ actuellement, tandis qu'Hillary Clinton avait soutenu une hausse à 12 $. « Quiconque travaille à temps plein ne devrait pas élever sa famille dans la pauvreté », peut-on lire dans le programme. Le Congrès devra approuver cette hausse pour qu'elle puisse avoir lieu, et le secteur privé s'est déjà montré défavorable au projet. « Encore là, ce n'est pas une position banale, note Rafael Jacob. Dans certains États, le salaire minimum doublerait. C'est un engagement considérable. »
Changements climatiques
« Alors que Donald Trump a qualifié le changement climatique de "leurre", 2016 est en voie de battre encore des records de températures », écrivent les démocrates. Les changements climatiques sont une menace urgente et l'un des plus grands défis de notre époque ». L'expression « climate change » apparaît 22 fois dans le programme démocrate, soit deux fois de plus que les mots « terrorism » et « terrorist ».
Finalement, ce qu'il faut retenir, c'est que le Parti démocrate a beaucoup changé depuis 20 ans, analyse M. Jacob. « C'est un parti qui est plus urbain, plus à gauche, plus cosmopolite, qui fait encore plus de place aux minorités, dont le poids démographie a augmenté. Résultat : les démocrates scorent très fort dans les grandes villes, mais ils sont plus vulnérables dans les régions rurales. »
-Avec la collaboration de l'Agence France-Presse
Sur le Net : 
Lisez la plateforme politique 2016 du Parti démocrate (en anglais)

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