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mardi, mars 29, 2016

Faubourg Contrecoeur: le seul accusé qui a plaidé coupable minimise son rôle

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Publié le 29 mars 2016 à 00h00 | Mis à jour à 00h00
L'urbaniste Daniel Gauthier (à droite), qui a plaidé... (PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE)
L'urbaniste Daniel Gauthier (à droite), qui a plaidé coupable de fraude en février,
 a témoigné jeudi dernier lors des plaidoiries pour établir la peine qu'il devra purger.
PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le procès pour fraude de l'ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal Frank Zampino et de ses coaccusés dans le scandale immobilier Faubourg Contrecoeur s'étire tant et tellement que le tribunal planifie déjà une prolongation de ses travaux jusqu'en juin. Mais d'ici à ce que le calendrier soit révisé, des requêtes préliminaires sont débattues et le seul accusé à s'être reconnu coupable a tenté, la semaine dernière, de minimiser son rôle.
L'urbaniste Daniel Gauthier, qui a plaidé coupable de fraude en février, a témoigné jeudi dernier lors des plaidoiries pour établir la peine qu'il devra purger. Il a martelé que le responsable du projet était Martial Fillion, un des coaccusés, maintenant décédé.
Selon M. Gauthier, M. Fillion, qui était le grand patron de la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) - un organisme relevant de la Ville de Montréal -, était pressé de donner une vocation immobilière au site orphelin et contaminé du Faubourg Contrecoeur. Il a raconté que c'est à M. Fillion qu'il rendait des comptes quant à l'avancement de ses travaux de planification urbanistique.
Lorsque la SHDM a décidé de mener le projet comme si elle était une société privée pouvant choisir un entrepreneur et négocier de gré à gré avec celui-ci le développement de ce vaste terrain dans l'est de l'île, M. Gauthier n'y a rien vu de répréhensible. Tout cela se faisait dans un esprit entrepreneurial, a-t-il relaté.
Il ne s'est pas étonné non plus de voir les dirigeants de Construction F. Catania participer aux rencontres officielles, y compris celles où il était question de l'estimation des coûts. «Je n'ai pas senti que l'on faisait des choses irrégulières», a-t-il témoigné.

Par contre, il a eu une «réaction de stupéfaction» lorsque Martial Fillion lui a annoncé qu'il fallait faire un changement de cap et attribuer le projet immobilier de 1800 unités d'habitation selon un processus d'appel d'offres public. C'est à ce moment que Daniel Gauthier a reçu le mandat de M. Fillion d'élaborer l'appel de qualification suivi par l'appel d'offres public.
«Martial Fillion voulait avoir le même résultat que si le dossier avait continué de gré à gré», a affirmé M. Gauthier. Ce dernier a également répété que si les délais étaient très courts, c'est que M. Fillion privilégiait la «fast track».
C'est à cette étape que M. Gauthier a réalisé qu'il s'agissait d'une «manoeuvre», selon le vocable suggéré par son avocat Jean-Claude Hébert. «Ç'a été mon erreur. Depuis ce temps-là, je ne travaille pas», a-t-il souligné avant de dire qu'il avait été «naïf ou pas assez vigilant».
Le scandale a éclaté dans La Presse en octobre 2008. Deux mois plus tard, la Ville de Montréal mandatait la firme comptable Deloitte pour analyser la situation. Mais M. Gauthier avait fait le ménage de son dossier et jeté la plupart des documents. «En aucun cas, j'ai voulu détruire des preuves», a-t-il déclaré sous serment.
En contre-interrogatoire, M. Gauthier a tenté de minimiser encore sa part de responsabilité dans le scandale du Faubourg Contrecoeur. Il a dit avoir eu peu de contacts avec Catania. Or, le ministère public a déposé un résumé d'un registre téléphonique dans lequel on compte 40 appels entre MM. Gauthier et Catania, entre le 3 octobre et le 8 décembre 2006. Cette période correspond au lancement de l'appel de qualification qui conduira à l'attribution du contrat à Catania.
Le contre-interrogatoire de M. Gauthier se poursuivra le 18 mai prochain.

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