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mercredi, février 03, 2016

Elle met fin à huit années de violence conjugale

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Après avoir frôlé la mort au cours d’une agression de son ex, une femme a porté plainte


George Beauregard-Zoitakis était en liberté avant que la juge Louise Leduc n’ordonne sa détention sur-le-champ.

VALÉRIE GONTHIER
MISE à JOUR 
George Beauregard-Zoitakis était en liberté avant que la juge Louise Leduc n’ordonne sa détention sur-le-champ.  L’ultime raclée qui a bien failli être fatale pour une jeune femme l’a poussée à dénoncer son ex, mettant ainsi fin à huit années infernales de violence conjugale.
«Il y a eu de la violence dès la première journée de notre relation. Je travaille maintenant chaque jour à essayer de me sortir de ces années de cauchemar», a témoigné avec aplomb l’ancienne conjointe de George Beauregard-Zoitakis, hier au palais de justice de Longueuil.
Il était de retour devant la cour afin d’entendre ce que les avocats suggéraient pour sa peine. L’homme de 27 ans a plaidé coupable en mai dernier à des accusations de voies de fait, menaces et séquestration.
Le dernier épisode de violence, le 13 octobre 2013, aurait pu être mortel pour la jeune femme, qu’on ne peut identifier. Tôt ce matin-là, elle reçoit un appel des policiers, l’avisant qu’elle doit venir chercher son véhicule, emprunté la veille par le jeune homme. Il est trop ivre pour conduire.
La femme refuse de ramener son ex: chaque fois qu’elle a vécu de la violence, il était intoxiqué.
Sauvée par une voisine
De retour chez elle, elle s’empresse d’avertir son père par téléphone qu’elle s’en vient chez lui.
Elle redoute que son ex débarque chez elle. Avant même qu’elle ait le temps de partir, l’homme défonce la porte d’entrée, s’élance sur elle, l’empoigne à la gorge et la frappe au visage. Il la cogne ensuite à répétition à la tête, jusqu’à ce qu’elle perde connaissance.
Lorsqu’elle revient à elle, George Beauregard-Zoitakis la traîne à l’extérieur par les cheveux.
Une voisine alertée par les cris tente de venir en aide à la jeune femme, à qui l’agresseur assène une vingtaine de coups de poing au ventre. Il retourne dans la maison en tirant son ex par les cheveux.
Lorsque l’homme l’étrangle à nouveau, elle est persuadée qu’elle va mourir, témoigne-t-elle. Elle est sauvée par sa voisine, qui tente de nouveau d’intervenir.
«Si tu appelles la police, tu ne dormiras plus jamais en paix. Je vais te brûler, toi et ma femme, que ce soit dans un mois, un an ou cinq ans, je vais le faire», crie Beauregard-Zoitakis à sa voisine.
Peur de dénoncer
Les policiers sont arrivés peu après. Sur le coup, la victime a refusé de porter plainte, craignant des répercussions. Elle s’est décidée un mois plus tard.
«J’ai souvent porté plainte contre lui, mais je les avais toujours retirées. J’avais peur de lui, de ses menaces si je le dénonçais», a-t-elle résumé en cour hier.
Fait rare: l’avocat de l’accusé, Me Romy Elayoubi, a annoncé ne plus vouloir le représenter, malgré l’avancée du dossier, en raison de leurs «divergences d’opinions».
La juge Louise Leduc a malgré tout ordonné la détention immédiate du jeune homme d’ici le prononcé de la sentence.

CE QU’ILS ONT DIT

«Il aura fallu qu’une voisine me sauve pour me faire réaliser mes huit ans de violence.»
«J’ai essayé de retourner au travail [après l’attaque], mais je n’étais vraiment pas bien. J’ai subi six chirurgies au dos, j’ai dû me déplacer pendant plusieurs mois en chaise roulante.»
«Quand j’ai lu le rapport présentenciel [préparé par un agent de probation pour aider le juge à décider quelle peine imposer], j’ai ressenti un soulagement. Ça dit qu’il est possessif, violent, qu’il ne pense qu’à lui. Enfin, quelqu’un a vu qu’il était un manipulateur.»
«Mes parents ont essayé à plusieurs reprises de me sortir de là. Mais il [Beauregard-Zoitakis] réussissait chaque fois à me ramener à lui... c’était de l’amour ou de la manipulation? Je ne sais pas.»
– L’ex-conjointe de l’accusé
«On a constaté une certaine nonchalance de la part de l’accusé face à ce dossier. Son rapport présentenciel est le plus sombre que j’ai vu.»
– Me Nancy Potvin, procureure de la Couronne
«En lisant le rapport présentenciel, je me demande ce que monsieur fait encore en liberté. Il a plaidé coupable à des accusations d’une importante gravité à l’égard d’une femme qui heureusement est toujours en vie. Elle mérite une attention particulière.»
– La juge Louise Leduc

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