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dimanche, février 21, 2016

Le Bloc québécois, un parti qui ne s'appartient plus

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Mise à jour le samedi 20 février 2016 à 18 h 10 HNE
Gilles Duceppe et Mario Beaulieu
Gilles Duceppe et Mario Beaulieu  Photo :  PC/Ryan Remiorz

Le Bloc québécois se trouve - encore une fois! - à la croisée des chemins. Il doit décider ce qu'il fera du présent mandat où il a fait élire 10 députés et comment il justifiera - encore une fois! - la place de députés souverainistes à la Chambre des communes.
Une analyse de Michel C. AugerTwitterCourriel animateur de Midi Info
Sauf que, cette fois, ce sera un peu plus compliqué. Pour la première fois de son quart de siècle d'histoire, le Bloc québécois devra composer avec un gouvernement majoritaire qui a obtenu la majorité des sièges du Québec à la Chambre des communes.
Avec un caucus de 10 députés, il n'est plus un parti reconnu. Huit de ces députés ont été élus dans la division d'une lutte à trois et avec de bien minces majorités. À Ottawa, le Bloc a des droits de parole limités, autant en Chambre que dans les comités parlementaires et ne peut compter sur les fonds fédéraux pour avoir un service de recherche. Il est difficile de briller ou même de se faire remarquer dans un tel contexte.
De même, pour la première fois, le Bloc ne pourra pratiquement plus compter sur les fonds fédéraux pour financer la vie du parti puisque la nouvelle loi sur le financement politique fait en sorte que l'essentiel de ses fonds devra provenir de dons des électeurs. Il faudra aller chercher chaque dollar.
Course à la direction
Et, comme si ce n'était pas assez, le Bloc n'a pas de chef et la campagne à la direction -maintenant prévue pour 2017 - risque de diviser le parti en deux camps qui s'affrontent.
Comme lors de la course à la direction de 2014, il y a les membres du Bloc qui pensent que leur parti doit conserver sa position « traditionnelle » d'être le défenseur des intérêts du Québec à Ottawa. Et il y a ceux qui croient que le Bloc doit, d'abord et avant tout, promouvoir l'idée de la souveraineté du Québec.
C'est sur cette plateforme que Mario Beaulieu avait été élu chef du Bloc en 2014, ce qui avait causé énormément de départs et de divisions dans le parti et, à terme, le retour de Gilles Duceppe à la tête du parti à temps pour les élections de 2015.
Dans le contexte actuel, c'est une autre campagne porteuse de divisions dont le Bloc ne peut se payer le luxe.
L'avenir se jouera à Québec
C'est ce qui fait que, plus que jamais, l'avenir d'un parti souverainiste à Ottawa se jouera à Québec.
La prochaine élection au Québec aura lieu à l'automne 2018, un an avant l'élection fédérale. Et les résultats du Parti québécois (PQ) détermineront largement si le Bloc restera pertinent.
Si le PQ gagne - et encore plus s'il s'est fait élire sous la promesse de tenir un nouveau référendum sur la souveraineté -, le Bloc redeviendrait, comme au temps de Lucien Bouchard, le parti qui prépare le référendum en faisant la lutte au gouvernement fédéral directement à la Chambre des communes.
Mais si le PQ ne réussit pas à former le gouvernement et se retrouve pour un autre quatre ans dans l'opposition, il y a fort à parier que beaucoup de souverainistes commenceront ou recommenceront à dire que la souveraineté se fera à Québec et pas ailleurs.
Certains recommenceront sans doute à dire, comme Pierre Karl Péladeau jadis, que le Bloc « ne sert qu'à justifier le fédéralisme ».
Et le PQ - qui a déjà des difficultés de financement - ne voudra sans doute plus partager les dons avec son cousin fédéral.
Le Bloc est devenu un parti qui ne s'appartient plus et qui devra sa survie à des événements sur lesquels il n'aura aucun contrôle.