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samedi, janvier 16, 2016

Tsaï Ing-wen, pro-indépendance, élue à la présidence de Taïwan

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Tsaï Ing-wen, à la tête du Parti démocratique progressiste (DPP), est la favorite.
Tsaï Ing-wen, à la tête du Parti démocratique progressiste (DPP), est la favorite. 
Photo :  Olivia Harris / Reuters

La chef de file de l'opposition taïwanaise favorable à l'indépendance de l'île vis-à-vis de la Chine, Tsaï Ing-wen, a été élue samedi à la présidence au terme d'un scrutin suivi de très près à Pékin.
Dans son discours de victoire, la candidate du Parti démocratique progressiste (DPP) a salué la « démocratie profondément enracinée » dans la société taïwanaise et annoncé qu'elle défendrait la souveraineté taïwanaise.
Le Kuomintang, parti nationaliste au pouvoir depuis la sécession de l'île en 1949 et dont est issu le président sortant Ma Ying-jeou, qui ne pouvait pas briguer un nouveau mandat, avait prévenu les électeurs que la question de la stabilité était le principal enjeu du scrutin.
Son candidat, Eric Chu, a reconnu sa défaite. « Eric Chu a déçu tout le monde. Nous avons perdu. C'est la défaite des nationalistes », a-t-il déclaré, entouré de ses partisans le visage fermé. Il a également annoncé sa démission en tant que président du parti nationaliste.
Le premier ministre taïwanais, Mao Chi-kuo, a lui aussi démissionné dans la foulée.
Devant le siège du DPP, les partisans de Tsaï Ing-wen pleuraient eux, mais de joie.
« Le peuple taïwanais méprise le parti qui est trop proche de la Chine », a déclaré Jeff Chang, 35 ans. Pour Anita Lin, 37 ans, « l'avenir de Taïwan n'est pas en Chine. Il est dans le monde. »
Un poste particulièrement dangereux 
La nouvelle présidente accède à un poste particulièrement dangereux, avec la Chine et ses centaines de missiles pointés sur l'île.
Elle va devoir équilibrer les intérêts de l'hyper puissance chinoise, qui est également le premier partenaire commercial de Taïwan, et de l'allié américain avec le désir d'autonomie des habitants de l'île au régime démocratique.
Pékin, qui a suivi le scrutin de très près et a multiplié ces derniers mois les mises en garde contre toute velléité de déclaration d'indépendance de Taïwan, n'a pas réagi dans l'immédiat.
Depuis l'élection de 2008 qui a vu la victoire du pro-chinois Ma Ying-jeou, les relations entre Taïwan et la Chine s'étaient réchauffées. En témoignent les nombreux accords commerciaux conclus entre Taïpei et Pékin et la rencontre historique de Ma et Xi Jinping en novembre.
Mais si les relations avec Pékin se sont améliorées ces dernières années, cela n'a pas empêché l'économie de l'île d'entrer en récession l'an dernier.
La popularité du DPP s'est envolée après les manifestations de 2014 contre les accords commerciaux signés par le président Ma avec la Chine, dont nombre de Taïwanais redoutent l'influence et les ambitions. Des centaines d'étudiants avaient occupé le Parlement taïwanais pendant des semaines.
Tsaï Ing-wen sait qu'elle a le vent de l'Histoire contre elle. Ni Ma, ni ses prédécesseurs n'ont jamais réussi à mettre sur pied une réconciliation durable avec la Chine, qui considère Taïwan comme une simple province rebelle à reprendre par la force si nécessaire.
Au milieu des années 1970, des tirs étaient encore échangés entre les deux parties.