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mercredi, janvier 06, 2016

Début des travaux préliminaires de l’enquête nationale sur les femmes autochtones

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Les Canadiens sont invités à s’exprimer dès maintenant grâce au sondage mis en ligne


6 janvier 2016 | Marie Vastel - Correspondante parlementaire à Ottawa | Canada
L’objectif du gouvernement fédéral est de recueillir les points de vue des survivantes, des proches des victimes et des intervenants de première ligne.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir
L’objectif du gouvernement fédéral est de recueillir les points de vue des survivantes, des proches des victimes et des intervenants de première ligne.

Le premier pan de l’enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées, annoncée en grande pompe cet automne par le gouvernement libéral, se met en branle. Ottawa consultera les proches des victimes et celles qui ont survécu à la violence commise à leur endroit, afin d’arrimer le mandat de son enquête pour qu’il réponde à leurs attentes. La première de ces préconsultations se tient justement ce mercredi, en Ontario.

Au fil des trois prochaines semaines, les ministres libérales Carolyn Bennett (Affaires autochtones) et Patty Hajdu (Condition féminine) tiendront huit rencontres avec ceux et celles qui ont été directement touchés par ce fléau. Les préconsultations du fédéral débutent ce mercredi à Thunder Bay, pour se diriger ensuite vers les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon, la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse, en passant par le Québec. Des rencontres sont prévues dans la vieille capitale et à Montréal, les 21 et 22 janvier. Les discussions guideront le gouvernement fédéral, le moment venu, afin de dresser les paramètres de l’enquête nationale promise par le premier ministre Justin Trudeau en campagne électorale.

Les libéraux n’ont pas encore précisé à quel moment la commission d’enquête entamera véritablement ses travaux. Le gouvernement veut d’abord prendre le temps de mener ces préconsultations et d’entendre tous ceux qui voudront s’exprimer, a-t-on indiqué mardi. D’autres dates de rencontres seront d’ailleurs ajoutées lorsqu’elles auront été confirmées, précise le site Internet du ministère des Affaires autochtones. L’objectif étant de parcourir le Canada en entier, on peut présumer que les ministres s’arrêteront également dans les Prairies, notamment au Manitoba, où la capitale, Winnipeg, est la ville qui compte la plus importante proportion de population autochtone au pays.

Ces consultations préliminaires ne devraient toutefois pas s’étirer. Car tant le gouvernement que les communautés autochtones souhaitent que l’enquête formelle se mette en branle le plus rapidement possible. « Il ne faut pas éterniser le processus [de préconsultations], parce que c’est un mandat de quatre ans », expliquait mardi le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard. « Il faut surtout s’assurer que le processus puisse trouver sa conclusion dans le cadre du mandat actuel du présent gouvernement. » Le précédent gouvernement conservateur a refusé pendant des années de tenir une enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Mi-décembre, au moment d’annoncer cette première ronde de préconsultations, la ministre Carolyn Bennett avait affirmé qu’elle espérait annoncer les dates du début de l’enquête au printemps.

Le chef Picard a salué la main tendue par les ministres fédérales aux communautés autochtones et aux familles des victimes. Ces premières consultations permettront selon lui de « préciser les attentes des familles ». Et il prédit par exemple que les proches de victimes disparues risquent de réclamer non seulement une étude de la situation, mais aussi qu’au terme de l’exercice les enquêtes sur la disparition de leurs proches soient relancées et que des poursuites ou des accusations s’ensuivent.

L’Assemblée des Premières Nations avait justement réclamé que les communautés autochtones et les familles de victimes participent à l’élaboration des paramètres de l’enquête nationale. « Après des années de déni et de tergiversations, j’espère que nous pourrons réaliser de véritables progrès afin d’obtenir justice pour les familles et instaurer un climat de sécurité pour tous nos peuples », avait réagi le chef national de l’APN, Perry Bellegarde, en décembre à la suite de l’annonce libérale.

Les Canadiens aussi sondés

Le fédéral tiendra en outre compte de l’avis des Canadiens, qui sont invités à se prononcer au moyen d’un sondage mis en ligne mardi sur le site du ministère des Affaires autochtones. Les répondants pourront partager leur opinion quant aux personnes qui devraient être entendues lors de l’enquête nationale, celles qui devraient la présider, les questions qui devraient y être abordées et l’échéancier qui devrait être fixé.

« Nous voulons entendre ce que les Canadiens ont à dire sur cet enjeu important », a fait valoir la ministre Bennett par voie de communiqué. « Nous devons connaître le point de vue de tous les Canadiens, et en particulier celui des survivantes, des membres des familles et des proches des victimes, des organisations autochtones ainsi que des provinces et territoires, afin de pouvoir définir la meilleure marche à suivre possible pour l’enquête. »