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mercredi, avril 22, 2015

AUSCHWITZ Oskar Gröning fournit des détails à glacer le sang

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22 avril 2015 11h04 | David Rising - Associated Press à Lunebourg | Europe
Oskar Gröning doit répondre de 300 000 chefs de complicité pour meurtre.
Photo: Julian Stratenschul Agence France-Presse

Oskar Gröning doit répondre de 300 000 chefs de complicité pour meurtre.

Un ancien sergent des SS nazis a fourni mercredi des détails à glacer le sang de la manière dont des trains bondés de Juifs arrivaient à Auschwitz, avant que les victimes ne soient dépouillées de leurs biens et, dans la majorité des cas, immédiatement conduites vers les chambres à gaz.

Oskar Gröning doit répondre de 300 000 chefs de complicité pour meurtre. Les accusations contre lui découlent d'une période, entre mai et juin 1944, pendant laquelle environ 300 000 des quelque 425 000 juifs de Hongrie qui ont été amenés à Auschwitz ont été exécutés dans les chambres à gaz nazies.

Pendant cette période, les trains arrivaient à Auschwitz à un rythme si effréné que deux devaient souvent patienter, les portes fermées, pendant que le premier était «traité», a expliqué Gröning au tribunal de la ville de Lunebourg.

Même s'il était plus fréquemment assigné à la section Auschwitz I, Gröning a confié avoir monté la garde à la rampe de Birkenau à trois reprises, dont un quart de travail frénétique de 24 heures. Les principales chambres à gaz se trouvaient à Birkenau.

«La capacité des chambres à gaz et des fours crématoires était très limitée. Quelqu'un a dit qu'on pouvait traiter 5000 personnes en 24 heures, mais je n'ai jamais vérifié ça. Je ne savais pas, a-t-il dit. Pour que tout se déroule de manière ordonnée nous attendions que le premier train ait été entièrement traité et fini.»

Les survivants d'Auschwitz ont décrit une arrivée chaotique pendant laquelle les gardes hurlaient, les chiens jappaient et les familles étaient séparées. L'homme de 93 ans maintient le contraire, déclarant que «c'était très ordonné et pas aussi difficile» sur la rampe de Birkenau.

«Le processus était le même à Auschwitz I. La seule différence était qu'il n'y avait pas de camions, a-t-il expliqué au deuxième jour de son procès. Ils marchaient tous – certains dans une direction, d'autres dans une autre [...] vers l'endroit où se trouvaient les fours crématoires et les chambres à gaz.»

Audiences jusqu'en juillet

Aucun plaidoyer n'est enregistré sous le système allemand et on ne sait pas combien de temps durera le procès, mais des audiences sont prévues jusqu'à la fin du mois de juillet. Gröning a reconnu mardi qu'il se considère «moralement coupable» mais qu'il reviendra au tribunal de décider de sa responsabilité criminelle. Il pourrait écoper de 15 ans de prison.

Eva Kor, 81 ans, compte parmi les Juifs qui sont arrivés à Auschwitz en 1944. Même si elle ne se souvient pas de Gröning personnellement, elle se dit incapable d'oublier la scène.

«Tout allait très vite. On criait, on pleurait, on était bousculés: même les chiens jappaient. Je n'avais jamais rien vécu d'aussi rapide et d'aussi dément de toute ma vie», a-t-elle dit à l'Associated Press avant de s'adresser au tribunal.

Ses deux soeurs aînées et ses parents ont été conduits directement aux chambres à gaz, pendant qu'elle et sa soeur jumelle de 10 ans ont été arrachées à leur mère pour être confiées au tristement célèbre docteur Josef Mengele.

«Je me souviens seulement de ses bras étirés en guise de désespoir, a raconté Mme Kor. Je n'ai même jamais pu lu dire au revoir.»

Environ 60 survivants de l'Holocauste, dont Mme Kor, ou leurs proches provenant du Canada, des États-Unis, d'Israël et d'ailleurs sont inscrits en tant que coplaignants, comme le permet le droit allemand.

L'avocat de plusieurs d'entre eux, Thomas Walther, a dit que ses clients et lui sont heureux que Gröning ait accepté de témoigner, mais qu'ils le soupçonnent de ne pas tout dire.

«Il y a un océan de vérité, mais plusieurs îles de mensonges», a-t-il dit.

Mme Kor a été la première plaignante à s'adresser au tribunal. Elle a demandé à Gröning ce qu'il sait de Mengele et de ses expériences médicales. Gröning n'a pas répondu, mais son avocat a ensuite dit qu'il répondra aux questions dans la mesure où il le peut. Il a toutefois dit croire que Gröning et Mengele ne se connaissaient pas.

Le procès de Gröning servira notamment à valider si toute personne ayant oeuvré dans un camp de la mort peut être considérée complice des atrocités qui y ont été commises.

Un attentat «évité» par le seul fait du hasard

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Le terme employé par le premier ministre Manuel Valls au sujet de l'attentat avorté traduit les circonstances étonnantes dans lesquelles les policiers sont parvenus à découvrir ce projet.

Les enquêteurs ont mené plusieurs perquisitions dans le quartier Vert-Bois à Saint-Dizier, en Haute-Marne, où des proches du suspect résident.Le ministre de l'Intérieur a annoncé, mercredi matin, un attentat «déjoué». Mais le premier ministre Manuel Valls n'a pas repris ce terme. À l'issue du Conseil des ministres, le chef du gouvernement a évoqué un attentat «évité», tout comme le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. La nuance n'est pas anodine: les enquêteurs n'auraient pas eu connaissance du projet terroriste de cet étudiant de 24 ans, arrêté dimanche à Paris, sans la blessure dont le jeune homme a souffert et qui a contrecarré ses plans.
Tout débute dimanche matin, avec un appel passé au Samu peu après 8 heures, sans que l'on sache si cet appel vient du jeune homme lui-même ou d'un témoin. L'étudiant en informatique de 24 ans se trouve alors sur un trottoir du XIIIe arrondissement, blessé par balle au niveau des jambes. La police est également prévenue, comme le veut la procédure lorsqu'il s'agit d'une blessure de ce type.
Sur place, l'homme affirme avoir été victime d'un règlement de comptes. Mais en remontant les traces de sang laissées par le blessé, les policiers retrouvent sa voiture. À l'intérieur, ils découvrent un véritable «arsenal», selon les mots du ministre de l'Intérieur: armes automatiques, armes de poing, gilets par-balles ou encore munitions y sont stockées.
Cette découverte déclenche une perquisition dans le logement du jeune homme, situé dans une résidence pour étudiants, dans le XIIIe arrondissement. «Une documentation fournie a également été découverte» et permet d'établir que l'homme a planifié un attentat, «vraisemblablement contre une ou deux églises», a expliqué le ministre. L'attaque semble avoir été minutieusement préparée: le suspect aurait chronométré le temps d'intervention des policiers, selon les premiers éléments de l'enquête.

Arrestation fortuite

À partir de là, les enquêteurs s'orientent vers la piste terroriste. Plusieurs perquisitions supplémentaires sont menées dans le quartier du Vert-Bois à Saint-Dizier, village de la Haute-Marne, où l'étudiant a résidé de 2009, date de son arrivée en France, à 2012. Mercredi, le quartier a été bouclé et sa compagne, qui y habite toujours, a été interpellée. Le lien entre le jeune homme etla mort d'Aurélie Châtelain, dont le corps a été retrouvé à Villejuif, a par ailleurs été établi. Le suspect pourrait s'être lui-même blessé en tentant de voler la voiture de la jeune femme. Les églises qu'ils visaient se trouvent également à Villejuif.
Sans l'intervention des secours, dimanche matin, l'opération n'aurait sans doute pas été anticipée. Le suspect était connu des services de police pour ses «velléités de départ en Syrie». Un voyage en Turquie d'une dizaine de jours, en 2015, lui a valu d'être entendu en garde-à-vue à son retour. Mais les vérifications effectuées à deux reprises dans son environnement, en 2014 et 2015, n'ont pas révélé «d'éléments susceptibles de justifier l'ouverture d'une enquête judiciaire», a précisé Bernard Cazeneuve. L'interpellation de ce suspect s'est faite, par conséquent, de manière fortuite.

Lecture interdite

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Lecture interdite

MISE à JOUR 

VENTE DU CIRQUE DU SOLEIL Faut-il profiter du moment présent ou s’inquiéter pour l’avenir?

Christian Dubé, de la Caisse de dépôt, et Pierre Karl Péladeau posent deux regards différents sur la transaction annoncée lundi


Pierre Karl Péladeau a dit craindre que le siège social du Cirque du Soleil puisse déménager d’ici quelques années. 
Photo: Graham Hughes La Presse canadienn

Pierre Karl Péladeau a dit craindre que le siège social du Cirque du Soleil puisse déménager d’ici quelques années. 

La Caisse de dépôt et placement du Québec croit qu’il faut se réjouir du nouvel élan qu’apporteront les nouveaux propriétaires du Cirque du Soleil plutôt que de se soucier de ce qui pourrait éventuellement lui advenir dans quelques années.

« Moi, je regarde aujourd’hui », a répondu mardi, à Montréal, le premier vice-président, Québec, de la Caisse, Christian Dubé, aux journalistes qui lui demandaient ce qu’il adviendrait des garanties obtenues quant à la préservation de son identité québécoise si le Cirque devait être revendu dans cinq ou six ans.

Ce que l’ancien député caquiste voit, c’est une firme d’investissement américaine sérieuse (TPG Capital avec 60 % des actions) qui connaît le secteur et qui a à coeur le développement du Cirque et une firme d’investissement chinoise (Fosun Capital Group avec 20 % des actions) qui a la capacité de lui ouvrir les portes d’un marché immense qu’il convoitait depuis des années, a-t-il expliqué en marge d’une conférence devant l’Association des MBA du Québec. Ce qu’il voit aussi, c’est que l’actuelle direction du Cirque restera en place, que la présidence du conseil d’administration sera assurée par un autre Québécois (Mitch Garber) et qu’on a promis de garder à Montréal son siège social ainsi que toutes les activités créatrices qui s’y rattachent.

« Dans les circonstances, c’est une bonne nouvelle », a résumé Christian Dubé. Plutôt que de se demanderce qui va arriver dans cinq ans ou dans sept ans, la Caisse de dépôt — qui aura 10 % des actions — préfère se réjouir du fait que Guy Laliberté ait choisi les « bons partenaires » pour aider son cirque à poursuivre sa croissance.

Pierre Karl Péladeau est inquiet

Un peu plus tôt, le député péquiste Pierre Karl Péladeau avait également départagé le court du moyen terme en disant craindre que le siège social du Cirque du Soleil puisse déménager d’ici quelques années. M. Péladeau s’est inquiété de la possibilité qu’une nouvelle transaction compromette les dispositions qui doivent garantir son maintien au Québec.

Lundi, le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a assuré que les nouveaux actionnaires de l’entreprise, à qui il a cédé le contrôle du fleuron québécois, s’étaient engagés à maintenir le siège à Montréal. M. Laliberté a toutefois précisé que la transaction, dont le montant n’a pas été révélé, ne contient aucune disposition écrite à cet effet.

Avant de se rendre à une réunion du caucus péquiste mardi, M. Péladeau, porte-parole de l’opposition en matière d’économie, a souligné que les deux principaux actionnaires du Cirque sont deux fonds d’investissement. Le député et candidat à la direction du Parti québécois a rappelé que ce type d’entreprise cherche des rendements rapides, ce qui laisse entrevoir une transaction à moyen terme.

« Je n’ai pas de connaissance des accords, je ne sais pas si ces accords vont survivre après une éventuelle autre transaction qui pourrait se produire, a-t-il dit. Mais la mission et la vocation d’un fonds d’investissement, c’est d’acheter et de revendre. Ce n’est pas comme un industriel qui est là à perpétuelle demeure pour faire en sorte d’engager cette activité. »

M. Péladeau a affirmé qu’en moyenne, les fonds d’investissement détiennent leur participation financière dans des entreprises pendant une période de « quatre à six ans, rarement beaucoup plus ».

Sans se prononcer sur la perspective qu’une restructuration cause de nouvelles pertes d’emploi au Cirque, M. Péladeau a déploré que le gouvernement n’ait pas joué un rôle plus actif pour tenter de constituer un groupe d’investisseurs québécois pour conserver la propriété ici.

« C’est certain que le centre décisionnel, lorsque vous faites face à une transaction de cette nature, a tendance à se déplacer, a-t-il dit. Lorsque vous contrôlez 80 % des actions, c’est normal aussi — puisque c’est votre argent qui est “au batte”, si vous me permettez l’expression — de vouloir faire en sorte de prendre les décisions pour rentabiliser l’entreprise. »

La chaîne de financement des entreprises québécoises sous la loupe

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22 avril 2015 |Éric Desrosiers | Actualités économiques
Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité de la FTQ
Photo: Michaël Monnier Le Devoir
Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité de la FTQ
La finance québécoise a résolu de faire le point sur ses propres pratiques afin de détecter et de corriger les carences de sa chaîne de financement des entreprises.
 
Déjà en cours, ce travail de cartographie de l’industrie peut compter sur la participation de près d’une vingtaine d’acteurs importants du secteur, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec, les fonds de travailleurs de la FTQ et de la CSN, Finance Montréal, le Mouvement Desjardins et plusieurs banques, de grands fonds privés de placement, Réseau Capital ainsi qu’Investissement Québec, les Bourses et la Fédération des chambres de commerce.
 
« Tout ce beau monde a accepté de mettre ses efforts en commun sans aucune hésitation »,s’est félicité mardi en entretien téléphonique au Devoir le président et chef de la direction du Fonds de solidarité de la FTQ, Gaétan Morin, qui préside l’initiative. « Je trouve cela fantastique. Cela démontre un grand degré de maturité de nos institutions au Québec. Parce qu’au final, nous sommes au service des entrepreneurs et du développement économique du Québec. C’est notre travail de nous assurer que notre chaîne de financement est continue, du démarrage des entreprises jusqu’à [leur inscription en Bourse]. »
 
À quoi bon, note-t-il, multiplier l’offre de financement à certaines étapes du développement des entreprises si c’est pour les laisser en plan au moment où elle passe à la suivante ?
 
Une stratégie à développer
 
Ce grand exercice d’auto-examen devrait déboucher sur des recommandations cet automne.
 
Gaétan Morin se garde bien de présumer des conclusions. Il rappelle seulement que des lacunes ont déjà été rapportées à l’étape de l’inscription en Bourse, à tel point que les entreprises québécoises y tirent de l’arrière par rapport aux entreprises canadiennes, qui y tirent elles-mêmes de l’arrière par rapport aux entreprises américaines.
 
Il semble également que de nombreuses PME aient du mal à trouver des investisseurs avant d’être prêtes à s’inscrire en Bourse, mais après avoir passé avec succès les étapes du démarrage et de la première ronde de financement, a suggéré prudemment mardi le premier vice-président, Québec, de la Caisse de dépôt et placement, Christian Dubé, lors d’une conférence à Montréal devant l’Association des MBA du Québec. « Ce que le Québec a bien fait depuis 10 ans […], c’est de créer une pépinière de compagnies de 50 employés et moins. Malheureusement, on est moins outillés en matière de fonds lorsque ces entreprises-là ont besoin de 10 ou 15 millions pour poursuivre leur croissance », a-t-il expliqué ensuite aux journalistes.
 
Une telle situation se révèle particulièrement préoccupante pour une économie québécoise dont les perspectives de croissance sont loin d’être brillantes à cause de sa population vieillissante et de ses gains de productivité anémiques. La meilleure chance pour le Québec de s’en sortir est d’aider ses entreprises à se lancer, beaucoup plus qu’elles ne le font déjà, à la conquête de marchés extérieurs en croissance, mais aussi de multiplier le nombre de celles qui seront capables de devenir les prochaines CGI, Cirque du Soleil, BRP ou Cascades.
 
« Alors là, on va se reculer un peu. On va prendre une photo de l’ensemble de la forêt, parce qu’il y a de beaux arbres, mais il faut avoir le bon écosystème financier pour continuer de les faire croître », dit Christian Dubé en parlant de l’exercice de réflexion en cours dans la finance québécoise. À terme, il ne devra toutefois pas seulement être question de repartager autrement le financement déjà disponible. « Il faudra plus de sous. »
 
La Caisse de dépôt entend bien continuer à apporter sa contribution d’ailleurs, elle dont un peu plus du quart des actifs (60 milliards sur un total de 226 milliards) sont investis au Québec.

Alain Gravel aura le micro matinal du 95,1 FM

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22 avril 2015 |Stéphane Baillargeon | Médias
Alain Gravel a travaillé à la radio pendant une dizaine d'années, notamment à CKAC, au début de sa carrière.
Ce n’est pas trop tôt, mais c’est tôt : le journaliste Alain Gravel est annoncé comme remplaçant de Marie-France Bazzo aux commandes de l’émission matinale de la première chaîne radio moins d’un mois après le départ fracassant de l’animatrice vedette.
 
M. Gravel entrera en fonction au micro de C’est pas trop tôt (qui changera peut-être d’appellation) à la fin de l’été, le 24 août. Il quittera l’animation de son émission Enquête à la télé.
 
« Ça peut jurer un peu de voir Alain Gravel, à l’air austère, parfois méchant, devenir morning mandit de lui-même le journaliste animateur, présenté aux médias mardi matin, dans la tour de Radio-Canada (RC). C’est une fonction pour laquelle j’ai un très grand respect, ayant travaillé pendant une dizaine d’années à la radio [notamment à CKAC]. Il n’y a que[quelques mots] pour décrire ce que je ressens : je suis très content, mais vraiment content. Je sors de ma zone de confort. J’ai l’impression de me lancer dans une nouvelle aventure. J’ai l’impression d’être ce matin comme un petit cul de vingt ans, quand j’ai commencé à faire de la radio à Québec, de me lancer dans une aventure sans filet et captivante. »

Jeunes/vieux
 
Parlons-en. Toute affirmation est en même temps une négation. En choisissant M. Gravel, nonobstant ses immenses et indéniables talents, RC rajoute un quinquagénaire à l’antenne. Par contraste, Joël Le Bigot avait 31 ans quand il a pris le micro de l’émission matinale en 1977. CBC Radio One vient de confier son émission phare Q au rappeur Shad, né en 1982.
 
La direction a-t-elle envisagé d’aller de ce côté régénérateur ? « L’âge n’est pas un facteur », répond au Devoir Patricia Pleszczynska, directrice générale d’ICI Radio-Canada Première. Elle cite l’exemple de Jean-Philippe Wauthier, trentenaire maintenant à la barre des émissions radiophoniques du retour à la maison du week-end. « Quand une personne se présente à nous pour l’animation, avec tout ce qu’il faut, qu’elle soit de 30 ans ou de 50 ans n’importe pas. L’âge n’est pas un facteur, ni d’être plus jeune, ni d’être plus vieux. »
 
La recrue Gravel n’a pas passé d’audition ni de test. « Mais nous avons eu plusieurs conversations avec beaucoup de personnes », dit la directrice. Impossible de savoir si Annie Desrochers, animatrice par intérim de C’est pas trop tôt, a été pressentie.
 
L’axe de l’information
 
Le choix du reporter d’enquête signale aussi une volonté évidente de poursuivre dans le virage axé sur l’information amorcé sous Marie-France Bazzo en 2013, après les quelque seize ans de micro de René Homier-Roy. Alain Gravel en est bien conscient tout en s’inscrivant dans une continuité. Il « respecte beaucoup » l’équipe en place. Il entend tout de même insuffler de lui-même dans la production phare.
 
« Évidemment, je suis journaliste avant tout. Si on m’a choisi, je pense que c’est pour livrer le message de l’importance d’avoir un journaliste en place. Mais si on m’a choisi, c’est aussi parce que mes patrons ont découvert que je pouvais être autre chose qu’un animateur dans un champ austère. J’aime le sport, la culture, le cinéma, la bouffe, le vin et j’ai trois enfants. »
 
Il n’est même pas certain que l’émission va changer de nom. En tout cas, son nouveau titulaire n’a aucune idée ou exigence à ce sujet. « Il y a une orientation plus nouvelle et là-dedans je vais trouver mon ton. »

Avant/après
 
Alain Gravel a lui-même fait part de son intérêt pour une réorientation de carrière à la direction. « Je commençais à penser à autre chose il y a deux ans. Ce n’est pas évident de quitter une émission comme Enquête ni de se mettre cette idée en tête. J’ai rencontré mes parents à l’info pour leur dire que j’étais prêt pour un nouveau défi. Quand on discutait, moi, dans ma tête, je me disais qu’à RC, s’il y avait une émission que je voulais faire, plus que les nouvelles, c’était celle du matin à la radio. Mais tout était ouvert et on discutait de façon molle. »
 
Son départ d’Enquête semble marquer la fin d’une époque faste et glorieuse pour l’émission qui a largement contribué à étaler les problèmes de corruptions dans l’industrie de la construction au Québec. La commission d’enquête dirigée par la juge Charbonneau remettra son rapport à la mi-novembre.
 
« Ce serait prétentieux de dire qu’une époque se referme, dit le reporter fouineur. Je ne pense pas que l’enquête journalistique va diminuer. Je pense que la direction a fermement l’intention de garder Enquête solide comme émission. Il y a moins de scandales de collusion. Il y a mille et un autres sujets sur lesquels on peut mener des enquêtes. »
 
En prenant les commandes matinales il y a deux ans, Marie-France Bazzo avait dit qu’elle se fixait comme objectif de « battre » Paul Arcand du 98,5 FM, roi des ondes matinales montréalaises avec un petit tiers des parts de marché. Quand un collègue lui a demandé combien de temps il se donnait pour y arriver à son tour, toute la salle a rigolé, Alain Gravel le premier.
 
« Je ne tomberai pas dans ce piège-là, a-t-il dit. Tout ce que je peux vous dire c’est que je veux avoir du plaisir et que ça marche. Je vais travailler fort pour que ça marche. »

Les policiers veulent gérer eux-mêmes leurs régimes de retraite

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22 avril 2015 | Jeanne Corriveau - Avec Robert Dutrisac | Villes et régions
Selon la FPMQ, certains policiers pourraient perdre jusqu’à 200 000 $ de revenus de retraite en raison de l’application de la loi 15.<br />
Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir
Selon la FPMQ, certains policiers pourraient perdre jusqu’à 200 000 $ de revenus de retraite en raison de l’application de la loi 15.
Les policiers entendent mener la bataille des régimes de retraite sur deux fronts. La Fédération des policiers municipaux du Québec (FPMQ) a déposé mardi une requête en Cour supérieure pour faire déclarer inconstitutionnelle la loi 15. Les policiers souhaitent aussi gérer eux-mêmes leurs régimes de retraite, une proposition aussitôt rejetée par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau.
 
Comme d’autres syndicats avant elle, la Fédération des policiers municipaux s’est adressée aux tribunaux pour contester la validité de la loi 15 qui impose notamment un partage à parts égales du coût des régimes de retraite et suspend l’indexation automatique des prestations des retraités.
 
Faite au nom de 28 fraternités ou associations de policiers, la requête vise le procureur général du Québec, le ministre du Travail, Sam Hamad, de même que 29 municipalités ou régies intermunicipales, dont Québec, Laval et Gatineau. La requête demande au tribunal de déclarer inconstitutionnelle, invalide et inopérante la loi 15 adoptée en décembre dernier par l’Assemblée nationale en invoquant la liberté d’association et le droit de négocier. La Fraternité des policiers de Montréal, qui compte plus de 4600 membres, déposera une requête distincte au cours des prochaines semaines.
 
La Fédération en veut au gouvernement d’avoir appliqué une solution unique pour tous les régimes de retraite des employés municipaux même si ceux des policiers sont en« excellente santé financière »« On a neuf régimes qui sont capitalisés à 100 %, mais on va les passer dans le tordeur comme s’ils étaient en difficulté », a déploré Paulin Aubé, vice-président à la direction de la FPMQ en soulignant que 17 régimes sont capitalisés à plus de 90 % et que ce taux atteint 85 % pour 25 autres. Selon la FPMQ, certains policiers pourraient perdre jusqu’à 200 000 $ de revenus de retraite en raison de l’application de la loi 15.
 
Accueil froid
 
Pour atténuer les impacts de la loi, les policiers suggèrent de gérer eux-mêmes leurs régimes de retraite. Ils assumeraient tous les risques et la contribution de municipalités serait désormais prévisible et stable, a fait valoir Paulin Aubé. Un tel régime serait plus souple dans son application. Trois régimes de ce type existent déjà au Québec et ils sont en bonne santé, soutient la FPMQ.
 
Jeudi, l’ensemble des fraternités se sont prononcées en faveur du rapatriement de leurs régimes de retraite, mais cette option devra être négociée avec chaque employeur et, si nécessaire, un arbitre pourrait devoir trancher. Cette opération pourrait prendre 15 à 20 ans, soutient l’avocat Guy Bélanger.
 
Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, a réservé un accueil glacial à cette proposition, estimant peu probable que des municipalités acceptent de payer 50 % de la facture sans avoir leur mot à dire dans la gestion du programme. « C’est un illogisme total avec le discours qu’ils [les syndicats] tenaient pour justifier le fait de ne pas contribuer au paiement du déficit actuariel. Ils disent maintenant : “On prend l’argent, on part avec, et ne vous inquiétez pas du reste. Quand ça ira mal, on viendra vous voir.” Ça n’a aucun sens », a-t-il dit.
 
De son côté, l’Union des municipalités du Québec se dit a priori en désaccord avec cette idée, craignant notamment que si une ville accepte une telle proposition, les règles d’arbitrage pourraient faire en sorte que d’autres municipalités soient touchées par cette mesure.

Seulement 9 % du budget entre les mains de ministres femmes

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22 avril 2015 |Isabelle Paré | Québec
<p><em>«</em><em>Il y a longtemps que les femmes ont détenu si peu d’influence au sein d’un gouvernement québécois</em><em>»</em>, déplore Julie Miville-Dechêne.</p>
Photo: Pedro Ruiz Archives Le Devoir
«Il y a longtemps que les femmes ont détenu si peu d’influence au sein d’un gouvernement québécois», déplore Julie Miville-Dechêne.
À quelques jours du 75e anniversaire de l’obtention du droit de vote des femmes, le Conseil du statut de la femme (CSF) déplore le recul observé dans la représentativité féminine au sein du gouvernement Couillard. Non seulement le premier ministre n’a pas respecté sa promesse électorale d’atteindre 40 % de femmes au sein du Conseil des ministres, mais une analyse fine révèle également que les ministres femmes actuellement en poste ne gèrent en fait que 9 % des dépenses du Québec.
 
« Il y a longtemps que les femmes ont détenu si peu d’influence au sein d’un gouvernement québécois », a déploré mardi la présidente du Conseil du statut de la femme, Julie Miville-Dechêne, dans une lettre adressée au premier ministre Philippe Couillard.
 
Le Conseil a profité de l’occasion offerte par le 75e anniversaire du droit de vote des femmes, le 25 avril prochain, pour rappeler que le présent gouvernement accuse un recul en terme de représentativité féminine à l’Assemblée nationale.
 
Moins nombreuses que sous le gouvernement péquiste de Pauline Marois et que sous le gouvernement Charest, les femmes élues à l’Assemblée nationale aux dernières élections ne comptent que pour 27,2 % des élus. Seulement 8 femmes sur 25 (32 %) siègent au Conseil des ministres, alors que sous le gouvernement libéral précédent, le Conseil des ministres était quasi paritaire en 2003 et 2008.
 
Sous le gouvernement Marois, 8 femmes sur 23 étaient ministres (8 sur 26 dans le gouvernement Bouchard en 1998), et des femmes ministres y ont hérité de portefeuilles majeurs, comme la santé et l’éducation. « Dans ce cas-ci, on voit qu’il y a recul en termes de pouvoir économique. On se rend compte que les femmes ministres ne gèrent en fait que 9 % des dépenses du Québec. Les gros ministères sont gérés par des hommes, alors qu’il y a eu des épisodes paritaires sous Charest », insiste Mme Miville-Dechêne.
 
Avec des femmes en place aux ministères de la Famille, de la Sécurité publique, de la Justice, de la Culture et des Communications, de l’Immigration, de la Diversité et de l’inclusion et du Tourisme, les femmes héritent dans le gouvernement Couillard d’une part ténue des dépenses totales de la province. Les poids lourds du ministère de la Santé, de l’Éducation et de l’Emploi et de la Solidarité sociale, détenus par des hommes, accaparent plus de 80 % du budget.
 
Sans dire que cet état de fait explique les récentes mesures adoptées par le gouvernement Couillard — dont les réformes de la santé et la révision des tarifs des garderies —, jugées peu favorables aux femmes, la présidente du Conseil du statut de la femme affirme que« dans les choix budgétaires actuels, ceux qu’on entend, ce sont des hommes ».
 
Le Conseil du statut de la femme a lui-même écopé lors du dernier budget de nouvelles compressions de 285 000 $ pour 2015-2016, a dû réduire son équipe de neuf employées sur 27 et fermé, non sans remous, quatre de ses bureaux régionaux.
 
Réactions
 
La ministre responsable de la Condition féminine, Stéphanie Vallée, a réagi aux critiques du CSF en disant que « la voix des femmes est entendue », aussi bien au Conseil des ministres qu’à l’Assemblée nationale. Le gouvernement Couillard peut compter sur des « femmes fortes » aux postes clés de vice-premier ministre, de ministre de la Justice et de ministre de la Sécurité publique, dit-elle. Le chef du PQ, Stéphane Bédard, a parlé quant à lui « d’un recul sur la condition féminine », alors que François Legault, chef de la Coalition avenir Québec, estime que la parité « est un idéal qu’on doit viser ».
 
L’expérience des femmes en politique diffère-t-elle de celle des hommes ? Sur ce point, la ministre Vallée a rétorqué « oui » du tac au tac, faisant référence au fait que sa vie amoureuse a été dévoilée le week-end dernier dans le quotidien Le Droit.

Avant les États-Unis, le pape François fera escale à Cuba

http://www.lepoint.fr/monde/

Le Point - Publié le 

Le souverain pontife, qui a joué un rôle important dans le rétablissement des relations entre Cuba et les États-Unis, se rendra sur l'île en septembre.

Le pape François lors de son discours devant les députés au Parlement européen (photo d'illustration).
Le pape François lors de son discours devant les députés au Parlement européen
(photo d'illustration).
 © Pol Emile / Sipa

Le pape fera étape à Cuba, à l'invitation des autorités et des évêques, avant de se rendre aux États-Unis en septembre prochain, a confirmé mercredi le Vatican. Il s'agit du premier déplacement dans ce pays du pape François, qui a joué un rôle important dans le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis. Le Vatican avait fait état d'une médiation personnelle du souverain pontife. 
"Je peux confirmer que le Saint-Père, ayant reçu et accepté l'invitation des autorités et des évêques de Cuba, a décidé d'accomplir une étape dans l'île avant d'arriver aux États-Unis pour le voyage qui a déjà été annoncé" du 22 au 27 septembre, a annoncé le porte-parole du Saint-Siège, le père jésuite Federico Lombardi, dans un communiqué.
Le 17 avril, cette visite du premier pape latino-américain de l'histoire avait été envisagée par le Vatican comme une "hypothèse" très solide, mais n'avait pas été confirmée.

Normalisation des relations

Benoît XVI s'était rendu à La Havane en 2012 et son prédécesseur, Jean-Paul II, en 1998.
Depuis longtemps, la diplomatie vaticane, avec le soutien actif des évêques cubains, travaille à la normalisation des relations avec les États-Unis et aussi à la démocratisation du régime.
Le pape argentin avait envoyé une lettre aux présidents cubain Raúl Castro et américain Barack Obama, et le Vatican avait reçu des délégations des deux pays en octobre.

La règle du premier tour

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21 avril 2015 |Michel David | Québec
Les principaux adversaires de Pierre Karl Péladeau dans la course à la chefferie du Parti québécois soutiennent que rien n’est encore joué et qu’un deuxième tour pourrait réserver des surprises.
 
Certes, rien n’est impossible et M. Péladeau a donné toutes les raisons de douter qu’il soit l’homme de la situation, mais la tenue d’un deuxième tour constituerait un précédent dans les annales politiques du Québec contemporain. Contrairement à ce qui s’est souvent produit au niveau fédéral, les principaux partis y ont toujours choisi leur chef au premier tour, que ce soit par l’intermédiaire de délégués ou au suffrage universel des membres.
 
Au PLQ, cela a été le cas de Georges-Émile Lapalme (1950), Jean Lesage (1958), Robert Bourassa (à deux reprises, 1970 et 1983), Claude Ryan (1978) et Philippe Couillard (2013), tandis que Daniel Johnson et Jean Charest ont été élus sans opposition. Au PQ, Pierre Marc Johnson (1985) et André Boisclair (2005) l’ont aussi emporté au premier tour, tandis que René Lévesque, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Bernard Landry et Pauline Marois n’ont pas eu d’opposants.
 
À l’Union nationale, Daniel Johnson a battu Jean-Jacques Bertrand au premier tour en 1961, mais ce dernier lui a succédé sans congrès en 1968. En 1959 et en 1960, Paul Sauvé et Antonio Barrette ont également été cooptés. La règle a failli connaître une première exception en 2009, quand les membres de l’ADQ ont dû choisir un successeur à Mario Dumont. Gilles Taillon l’a emporté par une seule voix.

Le dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir, effectué entre le 6 et le 9 avril, accordait 59 % des intentions de vote des électeurs péquistes à Pierre Karl Péladeau, loin devant Alexandre Cloutier (13 %), Bernard Drainville (9 %) et Martine Ouellet (4 %) ; 13 % étaient indécis.
 
Il est vrai que les électeurs péquistes ne reflètent pas nécessairement l’opinion des membres du PQ, qui auront seuls de droit de vote, de sorte que l’issue du scrutin pourrait être très différente. Les expériences passées ont toutefois démontré une remarquable concordance.
 
À la mi-octobre 2005, Léger Marketing avait crédité André Boisclair de 53 % des intentions de vote des électeurs péquistes, devant Pauline Marois (25 %) et Richard Legendre (13 %). Le 15 novembre suivant, il s’est avéré que 53 % des membres du PQ avaient bel et bien voté pour M. Boisclair, 30,5 % pour Mme Marois et 7,4 % pour M. Legendre.
 
Au début de février 2013, Léger Marketing accordait 43 % des intentions de vote des électeurs libéraux à Philippe Couillard, devant Raymond Bachand (17 %) et Pierre Moreau (8 %). À la mi-mars, les délégués au congrès du PLQ avaient voté encore plus massivement pour M. Couillard, élu avec 58,5 % des voix. La surprise avait été la deuxième place de M. Moreau qui, avec 22 %, avait relégué M. Bachand à la troisième (9,5 %).
 
De façon générale, les partis ont également choisi comme chef celui qui était le plus apprécié dans l’ensemble de la population, comme l’est présentement M. Péladeau. La grande exception a été la première élection de Robert Bourassa qui, en 1970, était relativement peu connu. Le plus populaire était plutôt l’ancien ministre de la Justice dans le gouvernementLesage, Claude Wagner, qui n’avait pourtant recueilli que 28,7 % des voix au congrès, contre 53,1 % en faveur de M. Bourassa, soutenu par l’establishment du parti.

Si l’écrasante majorité des électeurs péquistes (72 %) croient que Pierre Karl Péladeau est le plus susceptible de réaliser la souveraineté, on peut penser que c’est aussi l’avis des membres. Face à cet espoir, les défauts qu’on peut lui trouver ne font pas le poids. Pas plus que la consommation de cocaïne d’André Boisclair n’avait empêché les militants de voir en lui la fontaine de jouvence qui allait assurer la pérennité du PQ.
 
En réalité, l’objectif de la lutte de plus en plus dure pour la deuxième place qui oppose Alexandre Cloutier et Bernard Drainville n’est sans doute pas d’incarner l’alternative à PKP dans la perspective d’un deuxième tour, mais plutôt de se positionner pour la prochaine course. Devenir chef du PQ est la partie la plus facile pour lui, gagner la prochaine élection sera une autre paire de manches, sans parler du référendum.
 
Au PQ, ils sont plusieurs à croire qu’il n’y arrivera pas et qu’il préférera retourner à ses affaires plutôt que de poireauter pendant quatre ans dans l’opposition. Dans trois ans et demi, le poste de chef pourrait donc être à nouveau vacant. Il suffit d’être patient. Après tout, Bernard Landry et Pauline Marois ont dû patienter 16 et 22 ans après leur première tentative.

Dramatique pour la démocratie

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22 avril 2015 |Francine Pelletier | Québec
Mieux vaut vous habituer tout de suite aux hausses de tarifs de garderies, d’électricité, aux coupes dans les CHSLD, à l’abolition d’organismes régionaux, aux pharmaciens moins bien payés, aux minières libérées de l’obligation de fournir des renseignements sur leurs activités. Toutes ces questions, et bien d’autres, sont désormais coulées dans le béton depuis l’adoption du projet de loi 28, peu avant minuit, lundi dernier. Bien que l’opposition à cette loi fourre-tout était quasi unanime — non seulement de la part des partis adversaires, mais également de la majorité des gens reçus en commission parlementaire — le gouvernement a décidé de couper court aux débats. « Rigueur budgétaire » oblige.
 
Il n’y a pas que les étudiants qui ont des cache-faces, finalement. Le gouvernement à Ottawa, qui en a fait sa spécialité, semble avoir transmis le goût de l’opacité au gouvernement à Québec. Réagissant au recours au bâillon, le deuxième en trois mois, et surtout au salmigondis indigeste imposé, la députée de Québec solidaire, Manon Massé, qualifiait la manoeuvre de « dramatique pour la démocratie ».
 
La « harperisation » est bel et bien dans l’air. Seulement, elle n’affecte pas uniquement le gouvernement Couillard. Depuis les jeux de passe-passe entourant la charte des valeurs (soi-disant) québécoises, le Parti québécois accuse lui aussi son propre déficit démocratique. Le style bouche cousue de Pierre Karl Péladeau, comme exemple plus récent, vient immédiatement en tête. Et que dire des huées de militants péquistes au moment de questionner le candidat en tête, le même PKP, au sujet de conflits d’intérêts ? Suis-je la seule que ça dérange ? Visiblement, la majorité des militants (59 %, selon les derniers sondages) sont prêts à lui faire un chèque en blanc à cause de son beau galbe souverainiste et son passé d’homme d’affaires important. Au plus fort la poche. Ça n’augure rien de bon pour la transparence et l’imputabilité d’un éventuel gouvernement péquiste. Je trouve aussi malaisé que les trois autres élus dans la course, Martine Ouellet, Bernard Drainville et Alexandre Cloutier, aient cessé de talonner M. Péladeau au sujet de Québecor, de peur de perdre des plumes auprès des militants. La censure appelle la censure.
 
Les nouveaux barbares, dont se plaignait dans ces pages l’écrivain Jean Larose, n’ont pas seulement perdu le goût de la langue, « le français de la liberté », ils ont également perdu un certain sens de la démocratie. C’est d’ailleurs bien commode d’avoir des étudiants cagoulés par les temps qui courent ; ils sont les parfaits boucs émissaires pour ce qui est d’épingler les entorses démocratiques sur le dos de gens qui nous dérangent. De la même façon que la hantise des femmes voilées — du temps de la charte, mais encore aujourd’hui — nous empêche d’évaluer la véritable égalité hommes-femmes, nous conforte constamment dans nos choix, les dérapages étudiants à l’UQAM nous confortent dans l’idée que c’est eux le problème. L’écran de fumée créé par les radicaux nous empêche de nous regarder dans le miroir pour ce qui est de la transparence et l’imputabilité des élus.
 
Quand on en arrive à justifier le recours aux policiers à l’intérieur des murs d’une université comme un geste somme toute normal, sans atteinte à l’idéal universitaire ni répercussions sur la « libre circulation des idées », on ne peut qu’en conclure que la démocratie a vu de meilleurs jours. L’université aussi.
 
La situation est complexe, bien sûr, et rien ne peut excuser les agressions gratuites de la part de certains étudiants. Le manque de règles claires encadrant les manifestations étudiantes — en l’absence d’un leadership fort, notamment — attise en plus le panier de crabes. Mais de là à prétendre que les dérapages sont entièrement du côté étudiant, pas du tout du côté de ceux qui détiennent le gros bout du bâton, c’est de ressasser un douloureux déjà vu, l’arrogance du gouvernement Charest d’il y a trois ans. Comme dit Gérald Larose, aujourd’hui professeur à l’UQAM : « Ça ne se peut pas que la judiciarisation, la répression et les tribunaux [fassent] la paix à l’UQAM ». Il suppliait du même souffle le recteur Proulx d’ouvrir « une table pour dialoguer ».
 
C’était le 9 avril. Le dialogue, si je ne m’abuse, se fait toujours attendre. Si l’idéal démocratique est à parfaire du côté étudiant, il l’est tout autant chez ceux qui ont la prétention de gouverner.

BUDGET OLIVER Mission accomplie, vraiment?

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22 avril 2015 | Hélène Buzzetti - Correspondante parlementaire à Ottawa | Actualités économiques
Le gouvernement conservateur a présenté mardi son dixième budget.
Photo: Justin Tang
La Presse canadienne
Le gouvernement conservateur a présenté mardi son dixième budget.
C’est avec la fierté du devoir accompli que le ministre des Finances, Joe Oliver, a déposé son premier budget mardi, un opus rédigé à l’encre noire. Ce retour à l’équilibre budgétaire est cependant rendu possible en rognant les coussins de sécurité auxquels s’était abonné Ottawa depuis plusieurs années. Et si le budget signé Joe Oliver est parsemé de promesses de dépenses qui ne doivent se réaliser que dans plusieurs années, il a l’avantage, à l’aube d’une campagne électorale, de lier financièrement les mains des autres partis politiques.
 
Ainsi, comme le promettait depuis des semaines déjà le gouvernement conservateur, le budget 2015-2016 sera équilibré. Le surplus anticipé s’élève à 1,4 milliard de dollars, mais il est le fruit d’un changement dans les prévisions d’Ottawa. Le ministère des Finances fait en effet passer la réserve pour éventualités de 3 à 1 milliard de dollars. Si ce coussin avait été maintenu à son niveau historique, alors le budget afficherait encore un léger déficit de 600 millions.
 
Les fonctionnaires ont justifié ce changement de calcul par le fait que les revenus d’Ottawa ont déjà été revus à la baisse à cause des mauvaises perspectives économiques et qu’un double malheur est peu probable. Le ministre Oliver, lui, a laissé entendre que le prix du pétrole était la seule source d’incertitude financière pour le gouvernement. Comme il avait atteint un prix plancher, les risques étaient minimes, a-t-il dit.
 
« On a eu une chute du prix du pétrole de 50-55 % », a dit M. Oliver en conférence de presse. « Ça a réduit le risque d’une autre chute du pétrole. Je ne prédis pas le prix, mais il y a plus de stabilité, et c’est une raison pour laquelle on pouvait réduire la réserve pour les imprévus, pour l’éventualité. Aussi, quand on a un surplus, on a une plus grande protection. » Pendant le règne de son prédécesseur libéral Paul Martin, le coussin annuel était de 3 milliards de dollars malgré les surplus anticipés.
 
Des dépenses… pour plus tard
 
M. Oliver s’est fait demander si l’équilibre budgétaire n’était pas davantage le résultat d’entrées d’argent ponctuelles non récurrentes, comme la vente de ses actions restantes dans GM (un apport net de 1 milliard cette année) ou le surplus de la caisse d’assurance-emploi (1,8 milliard), plutôt qu’un savoir-faire conservateur particulier. M. Oliver a balayé ces considérations du revers de la main. « Ce qui compte, c’est que les revenus seront supérieurs aux dépenses et c’est pour cela qu’il y a un surplus. » Les revenus fédéraux pour 2015-2016 s’élèvent à 290,3 milliards, et les dépenses, à 288,9 milliards.
 
Ce premier budget signé Joe Oliver a surtout la particularité de promettre une multitude de dépenses qui ne surviendront pas avant plusieurs années. Sécurité, recherche scientifique, infrastructures, défense, réduction d’impôt pour les petites entreprises : tout arrive en 2016, 2017, voire en 2019. Même les 210 millions prévus pour célébrer le 150e anniversaire de la fondation du Canada en 2017 (sous forme d’amélioration des infrastructures) sont étalés… sur les quatre prochaines années !
 
Faut-il y lire une façon de limiter la capacité d’action d’un éventuel gouvernement libéral ou néodémocrate ? M. Oliver l’a reconnu à mots couverts. « Il y a des choses qu’on veut faire qui sont tellement importantes qu’on veut les légiférer. […] On veut que ça continue », a-t-il répondu.
 
Même la sécurité, qui est pourtant un dada conservateur, n’échappe pas à la logique du« promettre aujourd’hui, décaisser plus tard ». Et des promesses en matière de lutte au terrorisme et de défense, le budget 2015 en contient beaucoup. Le ministère de la Défense nationale se voit promettre une indexation automatique de son budget annuel de 3 % (plutôt que 2 %) à partir de 2017, et ce, sur 10 ans. Au fil de la décennie, cela représentera des investissements militaires supplémentaires de 11,8 milliards.
 
Pour faire suite aux diverses critiques entendues pendant l’étude du projet de loi antiterroriste C-51, le gouvernement accorde un total de 293 millions supplémentaires à la Gendarmerie royale du Canada, au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et à l’Agence des services frontaliers pour qu’ils s’acquittent plus facilement de leurs nouvelles responsabilités. L’investissement, là encore, n’est que de 18 millions cette année, le gros de l’enveloppe survenant entre 2018 et 2020. Le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) voit son budget bonifié de 2 millions par année.
 
L’autre important volet de ce budget est la promesse d’investir dans le transport en commun dans les grandes villes du Canada. Le chiffre de 1 milliard qui avait fait l’objet d’une fuite orchestrée dans les médias s’avère trompeur. En fait, les fonds ne commenceront à affluer que dans deux ans, et encore, à raison de 250 millions la première année et 500 millions la deuxième. Ce n’est qu’en 2019, soit au prochain rendez-vous électoral, que ce sommet d’un milliard sera atteint !
 
La science payante
 
La science n’est pas oubliée dans ce budget 2015. Ottawa accorde ainsi aux conseils subventionnaires (sciences naturelles et génie, sciences humaines, santé) 46 millions de plus par année, encore là à compter de 2016-2017 seulement. La très grande majorité des fonds octroyés devra servir à établir des collaborations entre les chercheurs et les entreprises privées. Le gouvernement conservateur poursuit donc le virage qu’il avait entamé en faveur de la science appliquée plutôt que de la recherche fondamentale. D’ailleurs, une somme 119,2 millions sur deux ans est prévue pour le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) afin qu’il poursuive cette transition vers les besoins de l’industrie amorcée en 2012.
 
Peu de nouveautés et des promesses tablettées
 
Le budget Oliver contient peu de nouveautés, et pour cause. Les plus importantes dépenses qui ont lieu cette année sont celles destinées aux familles (bonification des prestations mensuelles pour enfants et fractionnement du revenu) qui avaient été annoncées en octobre dernier par Stephen Harper. Notons quand même que le congé de compassion qu’une personne peut prendre (par l’entremise du programme d’assurance-emploi) pour s’occuper d’un proche en fin de vie passe de six semaines à six mois. Le budget donne aussi un répit aux retraités en réduisant le rythme auquel ils doivent décaisser leurs épargnes.
 
Quant aux deux promesses faites par les conservateurs en 2011 et qui étaient conditionnelles au retour à l’équilibre budgétaire, l’une d’elles sera réalisée, l’autre abandonnée. Ainsi, Ottawa fait passer à 10 000 $ le maximum annuel qu’un contribuable peut verser à un Compte d’épargne libre d’impôt (CELI), malgré les mises en garde du directeur parlementaire du budget, qui estime que cette mesure ne profitera qu’aux plus riches. Cependant, le gouvernement renonce à sa promesse d’instaurer un crédit d’impôt de 500 $ pour les activités physiques des adultes (comme il en existe pour les activités des enfants). Le gouvernement crée plutôt un groupe de travail sur la question. Le ministre Oliver a reconnu que ce projet était tabletté.
 
Pétrole absent
 
Notons enfin que si le budget a été déposé tardivement cette année au motif que le ministre Joe Oliver voulait bien comprendre l’impact sur les finances publiques de la chute des prix du pétrole, cette question occupe une part très marginale du budget. Il a fallu interroger les fonctionnaires pour apprendre qu’Ottawa s’attend à perdre 3,6 milliards en revenus à cause de l’or noir déprécié, ce chiffre n’étant écrit nulle part dans le document de près de 600 pages.
 
Enfin, le déficit prévu pour l’année qui vient de se terminer sera, lui, de 2 milliards, ce qui devrait porter la dette du Canada à 614 milliards. Elle était de 481,5 milliards quand les conservateurs de Stephen Harper ont pris le pouvoir en 2006.

Un budget qui néglige la classe moyenne, dénonce l’opposition
Les partis d’opposition étaient mécontents du budget Oliver, mardi. Autant le chef du NPD, Thomas Mulcair, que celui du Parti libéral, Justin Trudeau, estiment que ce budget n’accorde pas assez d’attention à la classe moyenne.

« Ce budget est décevant parce qu’il ne prend pas acte des inégalités croissantes dans notre société », a dit M. Mulcair. Justin Trudeau parle d’un budget qui « aide ceux qui n’en ont pas besoin ». Les deux chefs ont promis, s’ils sont élus, d’abolir le fractionnement du revenu, cette mesure permettant à deux parents de répartir entre eux — sur papier — leurs revenus pour abaisser leur taux d’imposition. Elle coûtera 1,9 milliard de dollars par an au Trésor public et, selon l’analyse du directeur parlementaire du budget, profitera à seulement 15 % des ménages. Les plus riches d’entre eux pourront économiser 2000 $ par an.

M. Trudeau a pour sa part, et c’est une nouveauté, promis d’annuler la hausse à 10 000 $ du plafond annuel de contributions aux CELI. Contrairement aux REER, ce véhicule permet d’accumuler des intérêts à l’abri du fisc. « Il y a très peu de familles de la classe moyenne qui disposent, à la fin de l’année, de 10 000 $ à investir. Cela aidera de manière disproportionnée les Canadiens qui n’en ont pas besoin », a expliqué M. Trudeau.

Par ailleurs, M. Trudeau a garanti qu’il maintiendra l’équilibre budgétaire s’il est élu tandis que M. Mulcair s’est montré plus vague à ce sujet, répétant que les gouvernements néodémocrates provinciaux avaient le meilleur bilan à cet égard. « C’est encore une priorité pour nous », s’est-il contenté de répondre.