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samedi, septembre 05, 2015

La main sur le cœur, le doigt sur la gâchette

http://www.journaldemontreal.com/

Richard Martineau
  Concernant la crise des migrants...
Justin Trudeau et Stephen HarperStephen Harper dit qu’il faut régler le problème à la source. Combattre l’État islamique, sans ouvrir toutes grandes les portes du pays (10 000 réfugiés syriens pour les quatre prochaines années, pas un de plus).
Alors que Justin Trudeau dit le contraire: il faut accepter 25 000 réfugiés syriens tout de suite, mais il est hors de question de combattre l’État islamique.
Et s’il fallait faire les deux?
Combattre les fous de l’État islamique ET accueillir davantage de réfugiés?
LE MILITAIRE ET L’HUMANITAIRE
Mettons qu’il y a un incendie dans une tour d’habitation située à côté de chez vous.
Le feu est pris au sixième étage, des flammes hautes comme ça sortent des fenêtres.
Harper dit: «On appelle les pompiers, mais pas question d’accueillir les voisins qui ont perdu leur logement.»
Trudeau, lui, dit: «On va demander aux voisins de s’installer chez nous, ils coucheront dans le sous-sol, dans le salon et dans le grenier, mais on n’appelle pas les pompiers. La tour brûlera, c’est tout.»
Suis-je le seul à penser que ni l’une ni l’autre de ces solutions n’a de sens?
Trudeau refuse de combattre la source du problème. Harper refuse de se montrer généreux d’ici à ce que le problème soit réglé.
L’un est aveugle. L’autre, sourd.
L’un mise tout sur l’humanitaire. L’autre, tout sur le militaire.
Alors qu’il faut faire les deux.
Ça ne prend pas un génie pour s’en rendre compte, non?
LE GRAND DÉPLACEMENT
Nous sommes actuellement dans l’émotion. Normal: la photo du petit noyé est insoutenable.
Cela dit, on ne fait pas de politique avec de bons sentiments.
Actuellement, on compte 52,9 millions de réfugiés dans le monde. Du jamais vu depuis 60 ans.
On fait quoi, avec ces gens?
Et attendez, ce n’est pas fini: si les adeptes de la théorie du dérangement climatique ont raison (car il s’agit d’une théorie...), bientôt, des millions de personnes devront se déplacer à la suite d’inondations, de tempêtes ou de séismes.
Des millions de personnes quitteront leur pays pour fuir la guerre. Et des millions de personnes quitteront leur pays pour fuir le climat.
Et étant donné qu’ici, on n’a ni guerre ni séisme, ça va cogner à nos portes du matin au soir.
On va ouvrir chaque fois que quelqu’un cogne, ou on va se cacher derrière le divan, les mains sur les oreilles et la musique au max pour ne rien entendre?
GÉNÉREUX ET COURAGEUX
Une chose est sûre: tant que le Proche-Orient sera à feu et à sang (à cause de l’extrémisme religieux des uns et de la politique extérieure des autres), des milliers de réfugiés voudront quitter leur pays pour aller vivre ailleurs.
Actuellement, un million de réfugiés se massent aux portes de l’Europe. Les pays de ce continent (déjà fragiles économiquement) ne peuvent absorber tout ce monde.
Il faut faire notre part.
Le Canada est un grand pays. Et l’un des plus riches sur la planète.
Ne pourrait-on pas allier la doctrine de Trudeau à celle de Harper?
Nous montrer généreux dans notre accueil et courageux dans notre combat?