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dimanche, septembre 27, 2015

Catalogne : vers une rupture avec l’Espagne? Les séparatistes catalans visent la majorité aux élections

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Mise à jour le dimanche 27 septembre 2015 à 6 h 30 HAE
Un drapeau catalan à Barcelone
Un drapeau catalan à Barcelone  Photo :  Andrea Comas / Reuters

Les partis séparatistes visent dimanche la majorité des sièges au parlement catalan afin d'engager la région espagnole sur la voie de l'indépendance, même si le gouvernement de Madrid s'y oppose.
Près de 5,5 millions d'électeurs catalans ont commencé à voter pour élire les 135 membres du parlement régional pour les quatre prochaines années et pour donner à cette élection une allure de référendum, les principales formations sécessionnistes ont créé une plateforme commune « Junts pel Si » (ensemble pour le oui) dont la seule ambition est de séparer la Catalogne de l'Espagne.
Selon les enquêtes d'opinion « Junts Pel Si » et le petit parti de gauche CUP pourraient manquer la majorité absolue de 50 % des voix mais obtenir une majorité de sièges au Parlement.
À Barcelone, où les trois-quarts des électeurs catalans sont attendus, l'ambiance était plutôt décontractée dimanche matin après une campagne électorale très tendue.
Le gouvernement régional a dit s'attendre à une forte hausse de la participation par rapport au précédent scrutin, les votes par correspondance ayant déjà bondi de 56%.
« Nous voulons décider de notre avenir et nous voulons être écoutés », a déclaré Montse Casamitjana, une institutrice barcelonaise, en se rendant au bureau de vote pour ce qu'elle qualifie de « moment de vérité » pour la Catalogne.
Les premiers résultats sont attendus à 20 h (18 h GMT).
L'indépendance formelle de la Catalogne reste toutefois bien théorique dans l'esprit de nombreux Catalans, montrent les études d'opinion. Seuls 20 % des électeurs pensent que le mouvement séparatiste obtiendra gain de cause, selon un sondage publié par le quotidien barcelonais La Vanguardia.
Une autre étude, publiée par le Centre d'Estudis d'Opinio, un institut appuyé par le gouvernement régional, montre que le sujet n'est que la quatrième préoccupation des Catalans, derrière le chômage, le mécontentement politique et la situation économique.
Réforme fiscale
Après un pic en 2013, la fièvre indépendantiste est quelque peu retombée et l'absence d'une majorité de sièges porterait un coup dur au mouvement.
Le résultat du vote pourrait également peser sur les prochaines élections législatives générales, programmées en décembre.
Les principaux partis nationaux cherchent tous à engranger des voix dans la deuxième province la plus peuplée du pays et se disent prêts à discuter de réformes pour offrir à la Catalogne un régime fiscal plus favorable et augmenter les dépenses d'infrastructures en faveur de la région.
Le résultat des élections générales de décembre pourrait également se traduire par une révision constitutionnelle reconnaissant à la Catalogne le statut de nation au sein du royaume espagnol.
Ces discours tempérés montrent qu'en dépit des déclarations des responsables politiques, les électeurs catalans pensent que l'aspiration indépendantiste est davantage un instrument destiné à obtenir davantage de concessions de la part du pouvoir central qu'un objectif à atteindre à tout prix.
Le chef de l'exécutif catalan, Artur Mas, a déclaré cette semaine que la sécession reste un but, en dépit de l'opposition farouche du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui propose plutôt un dialogue économique et politique approfondi avec la région.
Pour les séparatistes, la Catalogne, qui pèse un cinquième du PIB espagnol et attire des millions de touristes chaque année, serait plus compétitive si elle devenait indépendante.
Ses recettes fiscales, dont une partie est redistribuée par Madrid vers des régions plus pauvres par le pouvoir central, augmenteraient de 12 milliards d'euros en cas de sécession, disent les indépendantistes.
Mais selon l'ancien ministre des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo, près de 700 000 emplois seraient détruits en cas d'indépendance et le taux de chômage s'envolerait pour atteindre 37 %.